Le bagne et ses joyeusetés

Charles la poucave


samedi 19 mars 2016 par JMD

Le 12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17, 21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier, situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits, il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait. Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite « sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt. Lire le reste de cet article »

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Victor et Barrabas


samedi 27 février 2016 par JMD

Jacob 1903Victor Petit (1879-1919) figure en place au rayon anonyme du panthéon des oubliés de la fortune et de la félicité. Son biographe, Alain Dalotel, évoque « une vie de malheur » pour dresser le portrait du pas-de-chance Petit : orphelin, il a 10 ans lorsque ses parents se suicident pour éviter une vie de misère ; ils laissent une fratrie de quatre enfants. Engagé volontaire dans le corps expéditionnaires français de Chine à l’occasion de la guerre des Boxers, il déserte deux fois et se fait arrêter. Condamnation à 20 ans de travaux forcés. Victor Petit débarque en Guyane le 8 janvier 1903. Il porte le matricule 32308. Après de multiples tentatives d’évasion, la Belle finit par lui sourire le 11 octobre 1911. Commence un long périple qui le conduit du Venezuela à Haïti, de Haïti à la France, en passant par les USA et le Canada. Il retrouve le sol hexagonal en 1915 mais vit en région parisienne dans la clandestinité. L’ancien bagnard consigne ses mémoires ; elles sont interrompues le 20 octobre 1919 par une mort aussi mystérieuse que brutale. Retrouvés par ses arrière-petit-neveux, les souvenirs de Victor Petit ont été publiés pour la première fois en 1996 aux éditions La Fabrique de l’Histoire. Véritable mine de renseignements sur les effets soi-disant positifs de la colonisation française en Chine et en Guyane, l’ouvrage de Victor Petit évoque un grand nombre de faits, mentionne une multitude de lieux. On croise aussi la route d’une foule de personnages. Victor Petit a connu un honnête cambrioleur condamné au bagne à perpétuité le 22 mars 1905. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au Bagne chapitre 2


samedi 20 février 2016 par JMD

Mourir au bagne ? D’accord mais de mort lente, le ventre vide, mal logé et mal habillé, semble nous dire le docteur Louis Rousseau. Le propos de l’Oncle dans un Médecin au bagne vise en effet à démontrer que l’espérance de vie en Guyane ne dépasse guère les cinq années à l’arrivée du forçat. Ici, on meurt et la mort violente, le meurtre, l’exécution capitale, le suicide ou l’accident, pour fréquents qu’ils soient, n’entrent finalement que de manière dérisoire dans un décompte macabre qui, durant la transportation d’Alexandre Jacob, fait passer de vie à trépas, tous les ans, environ 10% de la population carcérale guyanaise. Au fil des pages de son réquisitoire, Rousseau démonte alors les mécanismes d’une machine à broyer le vaincu de guerre sociale. Lire le reste de cet article »

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39 kilogrammes avec les chaussettes !


samedi 28 novembre 2015 par JMD

Instinct de survie ? Si l’affaire Capeletti et le meurtre du forçat Vinci par le surveillant Bonal impriment encore leur marque à la correspondance du matricule 34777 pour l’année 1911, force est de constater que pour le premier semestre de cette année les passages devant le Tribunal Maritime Spécial et donc les envois à Saint Laurent du Maroni ne figurent pas au centre de ses préoccupations. L’enfermé, le réclusionnaire Jacob est au plus mal. Il multiplie les problèmes de santé et les envois médicamenteux de Marie, sa mère, ne parviennent pas à le soulager du scorbut, des diarrhées sanguinolentes ou encore des névralgies faciales. Effet délétère du milieu mais aussi conséquence d’une ration alimentaire insuffisante et de très basse qualité ou encore détournement des paquets reçus par les agents de la Tentiaire, l’homme puni affiche de fait une affolante et squelettique maigreur : ces derniers jours, j’avais perdu du poids mais au pesage d’aujourd’hui – constate-t-il avec une superbe ironie le 2 février – j’ai regagné deux kilos. Il est vrai que j’avais mes chaussettes … Je pèse 39 kilogrammes. J’en pesai 65 il y a un an ! Mais il est écrit que le système éliminatoire ne peut avoir raison du forçat récalcitrant … et de son active génitrice qui multiplie les démarches administratives et les appels à l’aide pour soutenir son rejeton enchristé. Jacob tient bon malgré tout et envisage même une énième Belle. Ses lettres le révèlent. Si Julien, malgré une brouille apparente avec Joseph et un début de dépression, côtoie Auguste,  c’est bien que Barrabas, par l’entremise de Tante ou de Bonne Voisine, entend fausser compagnie à Elisabeth au grand dam d’Octave. Lire le reste de cet article »

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Monsieur le Ministre …


samedi 24 octobre 2015 par JMD

Les lettres qu’Alexandre Jacob adresse à sa mère sont riches de renseignement sur la vie des forçats. Mais le matricule 34777 destine aussi ses courriers à l’Administration Pénitentiaire et au Ministre des colonies. Cette maîtrise de l’écrit confère un atout non négligeable dans la lutte qu’il mène contre l’oppression et l’autorité pénitentiaire. C’est un « intellectuel » aux yeux des surveillants militaires nous dit le docteur Rousseau dans Un médecin au bagne (éditions Fleury, 1930, p.265), c’est-à-dire un forçat qui discute bien, raisonne juste, se plaint quand il a un motif de se plaindre. C’est un homme chez qui l’énergie morale domine les appétits et qui s’accommode mal des mœurs et usages du milieu. Et, de haut en bas de la hiérarchie pénitentiaire, on déteste à avoir à se justifier lorsque l’homme puni émet une réclamation, surtout si la doléance est écrite dans un français impeccable, surtout si le fond et la forme paraissent juridiquement irréprochables. L’ardeur épistolaire de Jacob est crainte et le redresseur de tort qu’il est, sait fort bien que ses missives aboutissent le plus souvent à une punition pour dénonciation calomnieuse. De ce point, il semble s’en moquer éperdument. N’a-t-il pas écrit à Jean Maitron en 1948 dans ses Souvenirs rassis d’un demi-siècle : J’ai cessé cette lutte[1] du fait de mon arrestation mais je l’ai reprise au bagne sous une autre forme et par d’autres moyens ? Lire le reste de cet article »

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Léon la discrétion


samedi 3 octobre 2015 par JMD

Alors que vont s’ouvrir les 18e Rendez-Vous de l’Histoire de Blois sur le thème des empires, le Jacoblog rappelle qu’au mois d’avril dernier est sorti aux éditions Libertalia un document totalement inédit sur les colonies pénitentiaires françaises. Des hommes et des bagnes rassemble les deux carnets de notes et les photographies du docteur Léon Collin. Direction la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Rappelons alors que depuis la création officielle du bagne en 1854 jusqu’au dernier convoi de condamnés en 1938, ils furent plus de 100000 à venir s’échouer en terre de grande punition. Il y a plus d’un an, les historiens Michel Pierre et Jean-Lucien Sanchez relevaient dans le n°64 des Collections de L’Histoire (juillet-septembre 2014) l’aspect exceptionnel de ce « rare » témoignage qui est un des seuls à révéler l’échec des camps à la française sur deux espaces particuliers : la Guyane et la Nouvelle Calédonie. Lire le reste de cet article »

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Premier semestre 1910 aux îles du Salut


samedi 26 septembre 2015 par JMD

Le 25 décembre 1908, avertis par le forçat Ferranti, Alexandre Jacob et Joseph Ferrand surprennent le bagnard Capeletti en train d’essayer de les empoisonner avec du datura mis dans leur plat de lentilles. Ils le tuent. Le 5 octobre 1909, le Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni condamne les deux hommes à cinq années de réclusion. Sur le vapeur qui les ramène aux îles du Salut, le surveillant Bonal assassine le forçat Vinci d’un coup de revolver tiré à bout portant. Ferrand tente alors de s’évader en se jetant à l’eau mais il est vite rattrapé. A leur retour, les deux hommes déposent une plainte pour relater le crime dont ils ont été témoin. Le 13 mai 1910, le TMS confirme en appel la condamnation de Jacob et Ferrand qui avait été cassé le 3 décembre 1909. La peine de réclusion est ramenée à deux ans. Jacob ne doit donc sortir des cachots de Saint Joseph qu’en 1912. Si les lettres qu’il adresse à sa mère sont manquantes pour les années 1906 à 1909, celles du premier semestre 1910, largement codées, nous permettent de retrouver les conséquences de l’affaire Capeletti et de l’affaire Vinci. Jacob croupit au fond de sa cellule. Il est malade mais il tient bon. Il lit, s’inquiète de la crue de la Seine, se moque de l’idée de sa mère de venir le rejoindre en Guyane et, surtout, il prépare activement sa défense devant le TMS. Il demande l’activation les réseaux de soutien car Barrabas, alias Julien, alias Jacob, tient toujours à fausser compagnie à ses geôliers. L’affaire Madelon avorte en mai 1910. L’Administration Pénitentiaire a mis la main sur deux boites de sardines étrangement lourdes. Elles contenaient deux revolvers. Les boites étaient adressées au forçat libéré Fau, nom de code Madelon. Jacob ne sera jamais inquiété pour cet envoi délictueux. Ce n’est que partie remise pour le matricule 34777, un des plus mauvais sujets du bagne parait-il. Lire le reste de cet article »

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Dix questions … à Libertalia


dimanche 26 avril 2015 par JMD

Huit ans. Huit ans que le drapeau rouge et noir de la flibuste livresque flotte au vent de l’édition indépendante. Huit ans et quelque soixante-dix bouquins de derrière les fagots de l’alternative culture libertaire, antiautoritaire et anticarcérale. Car publier un livre n’est ni une chose aisée, ni même une entreprise neutre. Il faut souquer, aimer le texte, tirer des bords, corriger le texte, ça gîte sec aussi parfois, souvent niveau finance mais les 40e rugissants en valent le coup, et c’est toujours une aventure de pirates où l’on va à l’abordage du lecteur. Dis-moi ce que tu publies et je te dirai qui tu es … et tu nous diras qui tu es plutôt. Libertalia est une maison d’édition qui nous montre que l’engagement c’est la vie et qui, en huit années d’un dur, laborieux, artisanal mais aussi jouissif labeur a su distiller dans son catalogue un fameux arsenal dialectique de critique sociale. La crique du capitaine mais sans capitaine, ni dieu, ni maître. Lire le reste de cet article »

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Sale bagnard !


samedi 25 avril 2015 par JMD

L’institution totalitaire est par essence bureaucratique. De fait, le bagnard 34777 sait pertinemment que sa lettre, en date du 2 mars 1907 et  adressée au ministre des colonies, se soldera par une sanction,  bien que les faits que je viens de relater soient l’expression de la plus exacte des vérités. Ce sera à mon avis la seule solution donnée à ma lettre. Parce qu’elle est obligée de se justifier, l’Administration Pénitentiaire déteste le forçat qui sait lire et écrire parfaitement. Celui-là peut revendiquer et sa missive donne lieu souvent lieu à une enquête en bonne et due forme. Six jours plus tard, le commandant Lhuerre adresse au directeur de l’AP un rapport dédouanant le surveillant Colombani qui était dénoncé et révélant un bagnard qui se saisit de quelques incidents de peu de gravité ou de négligence (…) pour exagérer ou dénaturer les faits à sa fantaisie et faire des effets de style . La commission disciplinaire des îles du Salut inflige, peu de temps après, huit jours de cellule à Alexandre Jacob pour dénonciation calmnieuse. Lire le reste de cet article »

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Le bagne de Jacques Dhur


samedi 18 avril 2015 par JMD

Avant Albert Londres, il y eut Jacques Dhur, né Félix le Héno à Vannes le 25 février 1865. Ses articles sur Biribi ou sur le bagne de Nouvelle Calédonie firent sensation au début du XXe siècle. Tout en reconnaissant, la force des campagnes du journaliste pour ramener notamment du Caillou le pharmacien innocent Danval et d’autres encore, l’hebdomadaire Les Hommes du Jour révèle, dans son numéro 132 en date du 30 juillet 1910, un homme à la recherche du scoop et de la notoriété, variant au gré de ses ambitions en fonction d’une opinion publique savamment manipulée par les médias. L’époque, il convient de le souligner, est particulièrement névrosée par un présumé sentiment d’insécurité. Dhur n’hésite alors pas à renier les horreurs qu’il a pourtant et au préalable décrite avec brio : Lire le reste de cet article »

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Le bagne de Jean Galmot


samedi 11 avril 2015 par JMD

Le corps social se purge par le droit pénal. Pour Jean Galmot, le bagne ne peut souffrir de critiques tant son existence va de soi. Parce que la société a l’impérieux devoir de se protéger, le criminel doit expier à des milliers de kilomètres la métropole. L’ancien journaliste au Petit Niçois est venu tenter sa chance en Guyane en 1906. Il  y exploite la propriété forestière de son beau-père. La fortune semble même lui sourire non pas avec l’or mais avec la gomme de balata. De retour en France, il donne  l’Illustration un reportage édifiant en deux parties (les 4 et 11 janvier 1908) sur l’institution pénitentiaire coloniale. Le lecteur peut ainsi voir ce que sont devenu ceux qui les ont tenus en haleine dans la chronique judiciaire des grands médias de l’époque. Jean Galmot a approché certaines figures du bagne et, à travers les vies de pénitence de Manda, de Bassot, de Brière, du bourreau Chaumette ou encore des anarchistes Meunier et Jacob, il nous donne une vision qui, si elle ne brille guère par son originalité, n’en demeure pas moins révélatrice de la construction d’une image stéréotypée du bagne. L’auteur s’est même longuement entretenu avec le faussaire Gallay qui lui a donné ses mémoires de fagot. Pour l’aventurier périgourdin (Galmot est né à Monpazier le 2 juin 1879), qui entend trancher le débat sur le bagne – ce qui au demeurant prouve que les critiques ne sont pas nées à la suite des écrits d’Albert Londres en 1923 – il n’a vu outre atlantique ni un enfer ni un paradis carcéral. Le bagne serait alors un purgatoire que tente d’organiser une administration pénitentiaire pour le moins honorable car on se rend difficilement compte de l’énergie qu’il faut dépenser pour tenir en respect cette effroyable population. L’intérêt de ce long papier tient alors finalement plus dans les clichés photographiques qui l’accompagnent, redonnant un peu de vie à ces lieux de mort éloignés et oubliés. Lire le reste de cet article »

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Les Bagnes de Maurice Garçon


samedi 4 avril 2015 par JMD

Le 4 janvier 1968, André François Poncet dresse un portrait pour le moins dithyrambique de l’immortel pourtant trépassé six jours plus tôt. Maurice Garçon, Homme de lettres et ancienne vedette du barreau de Paris était né à Lille le 25 novembre 1889. Devenu avocat en 1911, il a acquis bâti sa notoriété sur une extraordinaire éloquence lors de procès retentissants, défendant entre autres Louise Landy, René Hardy, Georges Arnaud ou encore Jean Jacques Pauvert. L’homme était-il aussi attaché aux valeurs humanistes et aussi prompt à dénoncer les injustices que semble le prétendre le directeur de l’Académie Française  prononçant son éloge funèbre ? Lire le reste de cet article »

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Dix questions à … Franck Sénateur


mercredi 4 mars 2015 par JMD

ll est des signatures qui comptent, il est des noms qui reviennent fréquemment lorsque l’on cherche  approfondir ses connaissances sur un sujet précis. Le bagne, la Guyane, le Caillou aussi, les hommes et les femmes punis par exemple ? C’est peu dire que Franck Sénateur maitrise une parfaite connaissance de l’histoire carcérale française. Cet enseignant a d’ailleurs créé en 1999 Fatalitas, Association pour l’Histoire et l’Etude des Etablissements Pénitentiaires de Métropole et d’Outre-Mer. On ne compte plus ses participations à de nombreuses expositions pour le musée national des prisons à Fontainebleau, pour le musée de la Préfecture de Police à Paris, à Saint Martin de Ré, à La Seyne sur Mer ou encore à Saint Laurent du Maroni. Conseiller historique sur plusieurs films  dont Les amants du bagne de Thierry Binisti en 2004 où Antoine de Caunes campe le personnage d’Albert Londres, il est l’auteur entre autres de Martinière, le transport des forçats en 2008 et de Planète évadés en 2012. Franck Sénateur avait donc toute sa place dans les colonnes du Jacoblog et c’est un historien pointu qui a bien voulu répondre ici à nos dix questions sur les camps français de déportation, de relégation et de transportation. Lire le reste de cet article »

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Dernier convoi


samedi 27 décembre 2014 par JMD

Le décret-loi d’Edouard Daladier du 17 juin 1938 est clair. Seule la transportation est abolie. Le 22 novembre de cette année, 610 relégués, parqués à Saint Martin de Ré, quittent la France. L’ambiance est électrique, l’Administration Pénitentiaire est sur les nerfs. L’évènement attire les familles des hommes punis mais aussi de nombreux journalistes venus de Paris ou encore des Etats Unis. Ils posent des questions, s’entretiennent avec des pères, des mères, des femmes de condamnés ; interrogent des surveillants. Ils cherchent à en savoir plus sur l’émeute qui a éclaté depuis le 19. Charles Péan, dans Conquêtes en terre de bagne, se souvient du départ de ce dernier convoi. Du fait de la guerre qui éclate peu de temps après, il n’y en aura  plus d’autres. L’officier de l’Armée du Salut évoque une véritable « folie furieuse »[1] s’emparant des relégués détenus dans la citadelle de Vauban. On la retrouve encore dans le livre de Pierre Desclaux. Le journaliste, auteur en 1946 de Dix ans avec les bandits, travaille à l’époque pour Police Magazine et c’est peu dire que sa vision de l’évènement tranche particulièrement non seulement avec celle de Péan mais surtout avec celle de ses confrères dont il « déplore les exagérations » et qui, depuis les écrits de Londres, n’hésitent pas à critiquer vertement la vieille barbarie pénitentiaire. Loin de s’apitoyer, il considère finalement que ce ne sont alors que des criminels que l’on envoie expier loin de la métropole. Lire le reste de cet article »

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Bagne et bagnards


samedi 29 novembre 2014 par JMD

Pierre Desclaux (1885-1961) a utilisé de nombreux pseudonymes (Pierre Barbance, Jean Frick, Georges Jardin, Tommy, Sylvio Pelliculo, etc.) pour exercer ses talents d’écrivain et de journaliste. Il nous montre à voir le monde édifiant du crime dans ses Dix ans avec les bandits. Le livre est publié aux éditions toulousaines du Hublot en 1946. L’auteur semble connaitre son sujet. Et pour cause ! Après avoir collaboré à de nombreuses feuilles, dont Le Figaro et Gil Blas, et avoir été scénariste des Pieds Nickelés de 1921 à 1924, il dirige la revue Mon Ciné au début des années 1930 avant de devenir rédacteur en chef de Police Magazine à la fin de cette décennie. Il signe d’ailleurs en décembre 1938 deux articles consacrés aux relégués et au dépôt pénitentiaire de Saint Martin de Ré. En toute logique, le monde du bagne apparait dans les chapitre II et III de son ouvrage. Lire le reste de cet article »

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