Articles taggés avec ‘forêt’

Le Visage du Bagne : chapitre 16 Les Évasions


lundi 2 octobre 2023 par JMD

Pour la plupart de ces hommes – la presque totalité –, dont la Guyane sera le tombeau, il y a en eux une lueur qui ne s’éteindra qu’avec la vie : l’espérance. Même dans les pires conjonctures, ils espéreront toujours et quand-même. Le mirage de l’évasion ne cesse de les attirer ; cette pensée ne cesse de les hanter.

Les forçats, pour désigner cette chose précieuse et inestimable entres toutes – la liberté – emploient une métaphore touchante dans sa concision : la Belle.

Pour eux, « la belle » c’est de partir au loin vers l’Inconnu, n’importe où ; c’est de respirer un autre air sous d’autres cieux – ne plus entendre la cloche, ne plus voir de casques.

C’est aussi l’espoir tenace, en leur cœur, de revoir un jour la maman et de l’étreindre en versant de douces larmes…

Fuir le Bagne, ses tourments, ses bassesses et ses servitudes, le fuir à tout prix – le reste n’importe ! Lorsque les projets sont mûris, il s’agit de les concrétiser en des préparatifs appropriés, avant que de les mettre à exécution.

Cela demande du temps.

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Le Visage du Bagne : chapitre 13 Les Incorrigibles


vendredi 29 septembre 2023 par JMD

À une vingtaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, sur les bords d’une crique[1], se trouvaient deux groupes de baraquements en bois. Le premier, était le camp libre, le second (entouré de palissades) était le camp disciplinaire des Incorrigibles de Charvein.

Il était formé de plusieurs cases, dont les murs étaient constitués de poteaux à travers lesquels on pouvait voir ce qui se passait et entendre ce qui se disait à l’intérieur.

C’est là où l’on envoyait tous ceux qui avaient encouru plus de trois mois de cachot dans un même trimestre, ainsi que les évadés punis disciplinairement ou acquittés par le Tribunal Maritime spécial.

Charvein ! Ce mot résonnait lugubrement aux oreilles de ceux qui ne connaissait la chose que par ouï-dire. Il était l’évocation d’un cauchemar pour les autres qui savaient…

En principe, il fallait six mois de bonne conduite en ces lieux, pour en être déclassé, mais ce minimum de séjour obligatoire était, en fait,  largement dépassé.

Les « Incos », ainsi qu’ils étaient dénommés par abréviation, étaient soumis à des travaux extrêmement pénibles. Complètement nus, de la tête jusqu’aux pieds – à part une sorte de léger caleçon […] au-dessus des genoux et appelé là-bas trousse-c… – ils partaient avant le jour pour rejoindre l’abattis, situé à plusieurs kilomètres. Avec un quart de café dans le ventre, ils devaient abattre de l’ouvrage jusqu’à onze heures.

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Mes tombeaux 22


samedi 6 août 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1295,

lundi 23 février 1948, p. 2

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XXI

Du fond de la plus noire détresse luisait, au cœur des condamnés, un espoir : la Belle

Le plus marquant de tous les bourreaux qui se succédèrent à la Guyane, fut certainement le dénommé Hespel, dit Chacal. Il avait passé par tous les degrés de la filière : Maison de correction, Maison Centrale, Bataillons d’Afrique, Travaux forcés, Détention perpétuelle à titre militaire. Gracié de cette dernière peine, il était venu s’échouer au Bagne.

C’était un drôle. Il allait visiter régulièrement ses clients éventuels, leur apportait des douceurs et du tabac. Lire le reste de cet article »

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Comme des lapins


dimanche 23 février 2020 par JMD

En juin 1895, le Tribunal Maritime Spécial de Saint-Laurent-du-Maroni acquitte les transportés Lepiez, Foret, Hincelin, Bonacorsi, Bérard et Flamens et condamne deux autres prévenus à la peine capitale. Mais Bernard Mamert meurt avant l’exécution de sa peine le 11 octobre tandis que Jean-Baptiste Girier voit sa condamnation commuée en cinq années de réclusion en février 1896. L’innocent ne survit pas à plus de trente deux mois de ce régime. Les huit bagnards étaient accusés d’avoir peu ou prou participé quelques mois plus tôt à la tentative de soulèvement de l’île Saint Joseph qui fit grand bruit à l’époque et qui, depuis, marque l’histoire des bagnes guyanais d’une empreinte sanglante. Seize morts dont deux chaouchs, lardés de coups de couteau et deux porte-clés. Une répression d’une extrême violence qui révèle que la peur des anarchistes s’est largement véhiculée à plus de 7 000 km de la métropole. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 6


samedi 25 juin 2016 par JMD

La Belle : aquarelle de bagnardLe chapitre 6 du livre du Docteur Rousseau aborde logiquement le thème de l’évasion après l’analyse plus que critique des processus de normation faisant du bagnard un rouage interchangeable parce que périssable. Eradiquer toute velléité d’opposition, briser les énergies, le bagne est un monde violent et totalitaire qui n’offre aucune perspective de régénération. L’ogre carcéral se nourrit de l’infortune du condamné qui n’a d’autres alternatives pour s’y soustraire que de crever ou d’embrasser la chimérique Belle. 95% des évasions échouent, nous dit en 1930, Dieudonné, forçat anarchiste, ancien membre de la bande à Bonnot, lui-même évadé en 1926[1]. Pourtant, l’infime petit nombre de réussites suffisent à entretenir le mythe, à relever l’espoir du détenu prêt à braver une faune hostile, une végétation particulièrement inhospitalière, une mer houleuse et infestée de requins. Si Louis Rousseau insiste sur les obstacles qui mettent en échec le fuyard, ce n’est que pour mieux stigmatiser « de remarquables exemples d’énergie ». Loin de condamner l’acte, il donne de nombreux exemples d’évasion, utopie libératrice confinant à l’obsession. Les motivations de l’évadé répondent à la souffrance endurée et mettent en relief une espèce « d’instinct de conservation ». Mais, ici, pas de narration dramatique et prodigieuse, à la manière d’un Gaston Leroux ou d’un Henry Charrière[2]. Le médecin a choisi d’exposer un phénomène largement plus complexe qu’il n’y parait et qui fait « partie du système pénitentiaire ». Lire le reste de cet article »

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Lot of Landes and Loire Atlantique


samedi 2 janvier 2016 par JMD

Luminothérapie ? Un gros blues hivernal vous étreint amis Jacoblogueurs et les grèves à la SNCF n’y sont pour rien. Normal. On est dans l’hémisphère Nord et, dans l’hémisphère Nord, vos jours sont plus courts que vos nuits à cette période de fins d’agapes. Un besoin d’évasion vers des cieux nettement plus ensoleillés alors que vos dents du fond baignent encore dans le foie gras, les huîtres chaudes et autres ripailles festives d’inspiration judéo-crétines, alors que l’impérieux devoir salarié vous invite à reprendre ce collier qui gratte le cou et sape le moral ? Une bonne dose d’honnête crème anti-UV, de malicieux mais néanmoins honnêtes gamins, un livre tout aussi honnête sur qui vous savez qui n’est pas qui vous savez, et voilà nos honnêtes reporters en honnête culotte courte et en chasse d’honnêtes clichés pour le Jacoboquizz de décembre dernier. Honnête quoi ! Lire le reste de cet article »

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Notre ami sylvestre


mercredi 1 juin 2011 par JMD

Sylvestre est notre ami. Garanti sans bonnet péruvien, il a délaissé l’ancestrale schlitte vosgienne pour le poétique bruit de la machine. Il hume aussi bien les odeurs de métal et de diésel que ceux, insondables, de la forêt où qu’on entend le coucou brailler. On savait le grand fauve d’Amazone chanteur, le Dôlois amateur de cancoillotte, on ne peut plus ignorer désormais le bûcheron philosophe à ses heures perdues remisant de facto Charles Ingalls au rayon des stéréotypes surannés mais largement usités par les néo-ruraux en mal de sensations fortes. Le bon vieux tracteur est son fidèle compagnon quand il ne tranche pas du bois, lorsqu’il ne tronçonne pas à qui mieux mieux. Le bon vieux tracteur ramène le bois. L’habitacle est son espace. Et, quand il ne reconnait plus Bergson sur son Massey Ferguson 8240, il s’adonne à de plaisantes et instructives, à d’honnêtes et pédagogiques (comme un radar) lectures. Le bûcheron est revenu de la forêt. Gniark ! Gniark ! Lire le reste de cet article »

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L’honnête et la tronçonneuse


jeudi 18 février 2010 par JMD

Les bûcherons sont entrés dans la forêt

Les bûcherons sont de plus en plus laids

Avec leurs barbes de quatre mètres

Et leurs haches qui fendent les chênes

Et dans les arbres détruits ils dansent

A grands coups de tronçonneuse

Ils atrophient la nature pieuse

Bûcherons, Bérurier Noir Lire le reste de cet article »

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