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Le Visage du Bagne : chapitre 13 Les Incorrigibles


vendredi 29 septembre 2023 par JMD

À une vingtaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, sur les bords d’une crique[1], se trouvaient deux groupes de baraquements en bois. Le premier, était le camp libre, le second (entouré de palissades) était le camp disciplinaire des Incorrigibles de Charvein.

Il était formé de plusieurs cases, dont les murs étaient constitués de poteaux à travers lesquels on pouvait voir ce qui se passait et entendre ce qui se disait à l’intérieur.

C’est là où l’on envoyait tous ceux qui avaient encouru plus de trois mois de cachot dans un même trimestre, ainsi que les évadés punis disciplinairement ou acquittés par le Tribunal Maritime spécial.

Charvein ! Ce mot résonnait lugubrement aux oreilles de ceux qui ne connaissait la chose que par ouï-dire. Il était l’évocation d’un cauchemar pour les autres qui savaient…

En principe, il fallait six mois de bonne conduite en ces lieux, pour en être déclassé, mais ce minimum de séjour obligatoire était, en fait,  largement dépassé.

Les « Incos », ainsi qu’ils étaient dénommés par abréviation, étaient soumis à des travaux extrêmement pénibles. Complètement nus, de la tête jusqu’aux pieds – à part une sorte de léger caleçon […] au-dessus des genoux et appelé là-bas trousse-c… – ils partaient avant le jour pour rejoindre l’abattis, situé à plusieurs kilomètres. Avec un quart de café dans le ventre, ils devaient abattre de l’ouvrage jusqu’à onze heures.

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Mes tombeaux 20


samedi 30 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1293,

vendredi 20 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XIX

La visite incognito (?) du Procureur général bouleversait les habitudes du bagne

« C’est bien vous le « nègre » ? demanda le Président – « Oui, Monsieur le Maréchal » – « Eh bien ! mon garçon, je vous félicite de l’être doublement. Ça vous revenait de droit. Continuez ! »

L’élève Liontel continua. Pour le moment, il était Procureur Général. Dès qu’il reçut la lettre de Charvein, il ne fit qu’un bond pour réquisitionner un vapeur à destination de Saint-Laurent. Comme un de ces vapeurs devait partir dans la soirée, il décida de le prendre sans retard, en emmenant son secrétaire particulier.

Il arrivait le lendemain à Saint-Laurent-du-Maroni. Le Directeur l’attendait. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 19


mercredi 27 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1292,

jeudi 19 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XVIII

Au camp de CHARVEIN, ou l’odieux rejoint l’étrange, deux gardiens jouèrent une vie à la belote

Lorsque ces damnés du Bagne regagnaient leurs cantonnements, c’était pour eux un immense soulagement.

Pourtant, ils y trouvaient encore la menace de la férule toujours présente. Les cases, construite, sur pilotis, étaient agencées d’une telle façon que les surveillants pouvaient se rendre compte de ce qui s’y passait à chaque instant.

II ne fallait parler qu’à voix basse, sinon c’était le « mitard ». En revenant du travail, les hommes revêtaient leurs effets d’habilement qu’ils conservaient durant la nuit. Le soir, on ne leur apportait la soupe qu’une fois accomplie l’opération du ferrage. Souvent, quelqu’un se trouvait indisposé ; il se soulageait dans la boite de conserve qui servait de tinette à chacun (sans couvercle). Ses voisins qui mangeaient, en prenaient plus avec les narines qu’avec une pelle… Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 5


samedi 28 mai 2016 par JMD

Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »

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