Articles taggés avec ‘Saint Martin de Ré’

Le Visage du Bagne : chapitre 2 La traversée


lundi 18 septembre 2023 par JMD

Le train nous déversa presqu’au port. Une foule de curieux, de parents et d’amis nous y attendaient. Des paroles s’échangeaient de part et d’autre, des mouchoirs s’agitaient, des paquets de tabac et de cigarettes voltigeaient par-dessus le service d’ordre – et aussi de petits paquets où il y avait de l’argent.

Des larmes coulaient sur plus d’un visage. Il y avait là des mères qui voyaient leurs enfants partir et qui regardaient de tout leurs yeux le fruit de leurs entrailles – et un pressentiment leur disait que c’était pour la dernière fois… Les gendarmes, le service d’ordre, étaient compréhensifs et ne s’opposaient pas à ces ultimes communions d’âmes. De grands chalands amarrés à des remorqueurs nous attendaient et l’on nous y entassa. Au large, le transport de l’Etat « Loire » nous attendait sans pression. Au fur et à mesure que les chalands accostaient à son bord, ils déchargeaient leur cargaison humaine. Nous étions reçus un par un à la coupée, palpés et fouillés. La plupart des paquets de tabac et de cigarettes que nous avions récoltés, passèrent dans les mains des surveillants du Bagne, qui opéraient la fouille. Ces surveillants étant arrivés en fin de congé, rejoignaient la Guyane en servant d’escorte au convoi.

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Mes tombeaux 5


mercredi 8 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1278,

mardi 3 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

V

Les 600 transportés du bateau – bagne chantaient dans les « cages » et vivaient dans l’espoir de « la belle »

Et des pleurs coulaient sur les visages.

Une, mère s’imprégnait une dernière fois du visage de son fils qu’elle ne reverrait plus jamais. Des frères et des sœurs s’adressaient d’ultimes adieux. En ces moments tragiques d’une douloureuse acuité, les âmes ulcérées se révélaient pantelantes. Lire le reste de cet article »

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Un Médecin au bagne chapitre 11


samedi 28 janvier 2017 par JMD

Rénovation pénitentiaire ? Parce qu’il est le dernier maillon d’une longue chaîne répressive qui a pour but l’éloignement, l’éviction ou plutôt l’élimination du criminel, le bagne ne pouvait aboutir qu’à un échec patent. Et si, dès sa création en 1854, il a su résister aux nombreuses critiques, c’est bien qu’il correspond parfaitement aux principes de préservation sociale et d’exemplarité qui fondent le système pénal français. Louis Rousseau s’attache alors à montrer dans le dernier chapitre de son ouvrage une organisation d’ensemble régie par la loi du talion. Le délinquant doit alors souffrir et faire repentance. Lire le reste de cet article »

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Charles la poucave


samedi 19 mars 2016 par JMD

Le 12 novembre 1902, Armand Chelle, commissaire aux délégations judiciaires de Cayenne se rend à la prison de la ville pour y entendre le forçat matricule 31011 qu’il a arrêté deux jours plus tôt. Celui-ci a tenté de s’évader. Loin de s’enfermer dans un mur de silence et d’opposition à l’Administration Pénitentiaire, le fagot s’avère plutôt loquace au grand étonnement du policier qui réitère ses visites les 17, 21 et 22 de ce mois et une dernière fois le 9 décembre. De toute évidence, l’idée d’un envoi au camp de la Montagne d’Argent effraie le bagnard au plus haut point. Ouvert dès 1852, le chantier forestier, situé sur la commune d’Ouanary, est évacué douze ans plus tard, les hommes punis y tombent comme des mouches : plus de 60% de mortalité enregistrée par exemple pour la seule année 1856 ! Réoccupé partiellement en 1886, on y envoie désormais les incorrigibles, les réfractaires, ceux qui ont tenté d’embrasser la Belle. Alors, le matricule 31011 se met immédiatement à table ; il justifie son « absence illégale » par les mauvais traitements que lui ont infligé ses codétenus mais surtout, révèle par sa délictueuse expérience l’existence d’une Internationale Anarchiste de la Cambriole. Il énonce des faits, il signale des lieux, il donne des noms. Il est coutumier du fait. Quatre mois plus tard, le 22 avril 1903 au petit matin, l’agent Pruvost est tué à Pont Rémy, dans la Somme, par Félix Bour alors qu’il tenté d’arrêter avec son collègue Anquier trois cambrioleurs signalés la veille au soir à Abbeville. Le même jour Alexandre Jacob est arrêté à Airaisne non loin de là. L’instruction en vue du procès de la bande dite « sinistre » commence et, pour le juge Hatté, les révélations guyanaises du forçat 31011 ne manquent pas d’intérêt. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 1


samedi 16 janvier 2016 par JMD

Un médecin au bagne, Louis Rouseau, ed. Fleury, 1930Le chapitre I du livre du docteur Louis Rousseau aborde l’histoire de la transportation et l’étude des différents textes de lois qui régissent le bagne. L’apport d’Alexandre Jacob apparait primordial, du fait d’une connaissance encyclopédique en matière de criminologie, acquise tout au long de sa détention. Dix-sept pages sont ainsi consacrées aux décrets du 18 septembre 1925 qui clôturent ce chapitre. Ces décrets n’induisent que quelques adoucissements alors que l’on aurait pu croire à la suite d’une forte campagne médiatique à une réforme totale de l’institution bagne. Louis Rousseau note pourtant quelques suppressions comme celle de la règle du silence absolu pendant les heures de repos, celle de la mise aux fers (ou boucle) ou celle de la punition du cachot. Le médecin relève aussi la mise à disposition d’un hamac pour toutes les classes de forçats ainsi que la réintroduction du travail salarié. Mais l’emploi de ce pécule est déterminé par décret du gouverneur de la Guyane. Les forçats libérés et astreints à résidence ne doivent plus désormais répondre qu’à un seul appel annuel. Ils ne sont plus en outre cantonnés à Saint Jean du Maroni. En prenant par exemple l’aggravation effective de la peine de réclusion prononcée par le TMS (Tribunal Maritime Spécial), le médecin s’interroge en fin de compte sur l’efficacité réelle de ces décrets : « Mais s’agit-il de conquêtes bien définitives ? Nous verrons combien il est difficile d’extirper de la pratique pénitentiaire les vieilles habitudes de répression ». Il est alors écrit que le législateur a enfanté et conforté un broyeur de vies punies. C’est cette machine que dessine Jacob pour illustrer le propos de son ami, médecin au bagne. Lire le reste de cet article »

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Dernier convoi


samedi 27 décembre 2014 par JMD

Le décret-loi d’Edouard Daladier du 17 juin 1938 est clair. Seule la transportation est abolie. Le 22 novembre de cette année, 610 relégués, parqués à Saint Martin de Ré, quittent la France. L’ambiance est électrique, l’Administration Pénitentiaire est sur les nerfs. L’évènement attire les familles des hommes punis mais aussi de nombreux journalistes venus de Paris ou encore des Etats Unis. Ils posent des questions, s’entretiennent avec des pères, des mères, des femmes de condamnés ; interrogent des surveillants. Ils cherchent à en savoir plus sur l’émeute qui a éclaté depuis le 19. Charles Péan, dans Conquêtes en terre de bagne, se souvient du départ de ce dernier convoi. Du fait de la guerre qui éclate peu de temps après, il n’y en aura  plus d’autres. L’officier de l’Armée du Salut évoque une véritable « folie furieuse »[1] s’emparant des relégués détenus dans la citadelle de Vauban. On la retrouve encore dans le livre de Pierre Desclaux. Le journaliste, auteur en 1946 de Dix ans avec les bandits, travaille à l’époque pour Police Magazine et c’est peu dire que sa vision de l’évènement tranche particulièrement non seulement avec celle de Péan mais surtout avec celle de ses confrères dont il « déplore les exagérations » et qui, depuis les écrits de Londres, n’hésitent pas à critiquer vertement la vieille barbarie pénitentiaire. Loin de s’apitoyer, il considère finalement que ce ne sont alors que des criminels que l’on envoie expier loin de la métropole. Lire le reste de cet article »

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Bagne et bagnards


samedi 29 novembre 2014 par JMD

Pierre Desclaux (1885-1961) a utilisé de nombreux pseudonymes (Pierre Barbance, Jean Frick, Georges Jardin, Tommy, Sylvio Pelliculo, etc.) pour exercer ses talents d’écrivain et de journaliste. Il nous montre à voir le monde édifiant du crime dans ses Dix ans avec les bandits. Le livre est publié aux éditions toulousaines du Hublot en 1946. L’auteur semble connaitre son sujet. Et pour cause ! Après avoir collaboré à de nombreuses feuilles, dont Le Figaro et Gil Blas, et avoir été scénariste des Pieds Nickelés de 1921 à 1924, il dirige la revue Mon Ciné au début des années 1930 avant de devenir rédacteur en chef de Police Magazine à la fin de cette décennie. Il signe d’ailleurs en décembre 1938 deux articles consacrés aux relégués et au dépôt pénitentiaire de Saint Martin de Ré. En toute logique, le monde du bagne apparait dans les chapitre II et III de son ouvrage. Lire le reste de cet article »

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De La Chine à la Guyane


samedi 20 septembre 2014 par JMD

Gavroche

n°92, 16e année, mars-avril 1997

A propos d’un livre, p.21

Alain Dalotel

De la Chine à la Guyane, mémoires du bagnard Victor Petit 1879-1919

Paris, La Boutique de l’histoire, 1996, 324 p.

Victor Petit est venu «par mal­heur au mon­de», selon ses propres termes, le 27 janvier 1879 dans le quartier Jussieu, à Paris. C’est l’aîné des six enfants d’une famille ouvrière en butte à la misère. En mars 1889, les parents se suicident, accablés par les difficultés matérielles et la mort en 1886 et 1888 de leurs plus jeunes enfants. Victor et son jeune frère Louis sont remis à l’Assis­tance publique tandis que les deux autres enfants, Marie et Edouard, sont adoptés par un oncle. A 18 ans, Victor Petit s’engage pour quatre années dans les chasseurs alpins et espère quelque temps s’intégrer et con­naître une vie meilleure. Voulant voir du pays, il se porte volontaire pour partir en Chine lors de la guerre des Boxers, il quitte la France en juillet 1900. Dès lors, il va observer avec beaucoup d’attention tout ce qui l’entoure, réalisant l’état d’incurie de l’armée française ainsi que la natu­re de cette guerre coloniale qui relève du pur et simple pillage. Révolté d’instinct, il déserte par deux fois, il est condamné pour l’exemple à vingt ans de bagne par un Conseil de guerre en 1901. Lire le reste de cet article »

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Merde à Vauban


samedi 9 août 2014 par JMD

Paroles : Pierre Seghers / Musique : Léo Ferré 1961

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Une révolte au bagne


samedi 15 février 2014 par JMD

Marianne Enckell

Gavroche n°50, mars-avril 1990

UNE RÉVOLTE AU BAGNE

Le récent ouvrage de Michel Pierre, Le Dernier Exil, histoire des bagnes et des forçats (Découvertes Gallimard, 1989) est une compilation large, et lar­gement illustrée, de la mince littérature existant sur les bagnes français. On peut s’étonner de la désorganisation et de l’approximation de la bibliographie (ordre, dates et lieux d’édition fantai­sistes, absence de quelques «clas­siques») et de la chronologie. C’est notamment à partir d’avril 1887, et non de 1888, que les transportés reprennent le chemin de Cayenne, partant de Tou­lon avant de s’embarquer à Saint-Mar­tin-de-Ré.

Hommage soit rendu à Albert Londres pour avoir dénoncé l’infamie de la Guyane. Mais on oublie trop souvent, même en une année de commémora­tions, Joseph Reinach et la Ligue des droits de l’homme. Dans le cadre de la campagne en faveur de Dreyfus, ils pri­rent la défense de cinq anarchistes condamnés injustement à leurs yeux: des « condamnés de droits commun, qui sont, en réalité, des condamnés poli­tiques; qui ont été frappés par la justice, non pour des faits précis, mais en rai­son de leurs opinions : qui sont au bagne et n’y devraient pas être » (Rap­port sur les cas de cinq détenus des Iles du Salut (île Royale) : présenté au Comité de la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen par M. Joseph Reinach et adop­té à l’unanimité par le Comité ; Paris : P- V. Stock, éditeur, 1899). On attirait ainsi pour une des premières fois l’attention sur la « guillotine sèche ». Lire le reste de cet article »

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Hors du commun ?


samedi 14 septembre 2013 par JMD

Il convient d’aborder avec une certaine méfiance les papiers ayant, sur la toile, l’honnête cambrioleur comme sujet. D’abord parce que c’est souvent du n’importe nawak pompé allègrement sur oui-oui qui pédia et sans aucune mention de sources. Ensuite, parce que l’auteur fait fréquemment preuve  si ce n’est d’un égo surdimensionné, en tout cas d’une formidable prétention historique à détenir une réalité vraie et affirmée là où, finalement, on ne trouvera que prisme déformant et a priori pour le moins subjectifs. Recenser ces nombreux articles revient donc à s’inscrire dans une démarche historiographique. Celui, très long et publié sur Criminocorpusle 27 mars 2013, de Colombe de Dieuleveult, nous est apparu à dix lieux de ce qu’habituellement on peut lire … même sur ce site réputé gage de probité scientifique. Lire le reste de cet article »

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Aphorisme du Zoo 15


mardi 6 août 2013 par JMD

Ce n’est point que j’aie à me plaindre du régime du dépôt, bien au contraire : il y a une sévère discipline, mais on ne dit rien à qui ne fait rien.
Saint Martin de Ré, 22 octobre 1905

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Aphorisme du Zoo 3


mercredi 10 juillet 2013 par JMD

La vérité ça se pense, mais ça ne s’écrit point
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 2


lundi 8 juillet 2013 par JMD

Pour te dire toute la vérité, je suis dans une sorte de sanatorium ; c’est presque une villégiature. Avant c’était Spa, Baden-Baden pendant l’été et la Côte d’Azur pendant l’hiver ; maintenant c’est Saint-Martin-de-Ré, un peu plus tard j’irai à la Guyane. La Faculté m’a toujours recommandé les pays chauds pour ma bronchite. Je crois qu’aller à 5 degrés de latitude nord, c’est observer sa prescription avec une obéissance toute byzantine.
Septembre 1905

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Aphorisme du Zoo 1


samedi 6 juillet 2013 par JMD

Il ne faut point se laisser mener par les événements, mais au contraire en tirer tout profit, même lorsqu’ils sont à notre désavantage.
Septembre 1905

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