Articles taggés avec ‘assassinat’

Le Visage du Bagne : chapitre 13 Les Incorrigibles


vendredi 29 septembre 2023 par JMD

À une vingtaine de kilomètres de Saint-Laurent-du-Maroni, sur les bords d’une crique[1], se trouvaient deux groupes de baraquements en bois. Le premier, était le camp libre, le second (entouré de palissades) était le camp disciplinaire des Incorrigibles de Charvein.

Il était formé de plusieurs cases, dont les murs étaient constitués de poteaux à travers lesquels on pouvait voir ce qui se passait et entendre ce qui se disait à l’intérieur.

C’est là où l’on envoyait tous ceux qui avaient encouru plus de trois mois de cachot dans un même trimestre, ainsi que les évadés punis disciplinairement ou acquittés par le Tribunal Maritime spécial.

Charvein ! Ce mot résonnait lugubrement aux oreilles de ceux qui ne connaissait la chose que par ouï-dire. Il était l’évocation d’un cauchemar pour les autres qui savaient…

En principe, il fallait six mois de bonne conduite en ces lieux, pour en être déclassé, mais ce minimum de séjour obligatoire était, en fait,  largement dépassé.

Les « Incos », ainsi qu’ils étaient dénommés par abréviation, étaient soumis à des travaux extrêmement pénibles. Complètement nus, de la tête jusqu’aux pieds – à part une sorte de léger caleçon […] au-dessus des genoux et appelé là-bas trousse-c… – ils partaient avant le jour pour rejoindre l’abattis, situé à plusieurs kilomètres. Avec un quart de café dans le ventre, ils devaient abattre de l’ouvrage jusqu’à onze heures.

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Le Visage du Bagne : chapitre 7 Sous le casque blanc


samedi 23 septembre 2023 par JMD

Tout surveillant-militaire nouvellement arrivé en Guyane, et je suppose qu’il est célibataire, est loin d’être cousu d’or. Généralement, toute sa fortune se trouve dans une mallette et une ou deux valises. Quelquefois même, une seule valise constitue tout son bagage.

Il n’est ni plus mauvais ni meilleur que le commun des mortels ; c’est un homme comme beaucoup d’autres, ayant ses défauts et ses qualités.

De même que le forçat finit par s’identifier avec le Bagne, qui le façonne de son moule, ainsi l’apprenti-surveillant finira par devenir un garde-chiourme consommé.

De prime abord, le mécanisme du Bagne, ses extraordinaires particularités, ne manquent pas que de l’effarer ; il se demande où il a mis ses pieds. Peu à peu, cependant, il fera corps avec cet ensemble dont il ne pourra plus se dissocier.

Car le Bagne ne déteint pas moins sur les surveillants que sur les condamnés. Comment pourrait-il en être autrement ?

Les surveillants-militaires n’ont jamais reçu une solde suffisante pour leurs besoins, même étant célibataires. À plus forte raison s’ils sont mariés et chargées de famille.

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Mes tombeaux 23


mercredi 10 août 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1296,

mardi 24 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XXII

« Le sort tomba sur le plus jeune » Quatre fugitifs tenaillés par la faim dévorèrent un camarade

Naturellement, ces outlaws étaient armés. ils vivaient là en paix. On essaya de les déloger, à plusieurs reprises. On fit appel à la troupe, à la gendarmerie. En vain. Bien à l’abri dans leurs retranchements, voyant sans être vus, ces coureurs de brousse demeuraient inexpugnables. On dut y renoncer.

Les annales du Bagne gardent le souvenir de tragiques évasions. Celle par exemple, dont la brousse vénézuélienne devait être le témoin d’un macabre épisode. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 19


mercredi 27 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1292,

jeudi 19 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XVIII

Au camp de CHARVEIN, ou l’odieux rejoint l’étrange, deux gardiens jouèrent une vie à la belote

Lorsque ces damnés du Bagne regagnaient leurs cantonnements, c’était pour eux un immense soulagement.

Pourtant, ils y trouvaient encore la menace de la férule toujours présente. Les cases, construite, sur pilotis, étaient agencées d’une telle façon que les surveillants pouvaient se rendre compte de ce qui s’y passait à chaque instant.

II ne fallait parler qu’à voix basse, sinon c’était le « mitard ». En revenant du travail, les hommes revêtaient leurs effets d’habilement qu’ils conservaient durant la nuit. Le soir, on ne leur apportait la soupe qu’une fois accomplie l’opération du ferrage. Souvent, quelqu’un se trouvait indisposé ; il se soulageait dans la boite de conserve qui servait de tinette à chacun (sans couvercle). Ses voisins qui mangeaient, en prenaient plus avec les narines qu’avec une pelle… Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 10


samedi 25 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1283,

lundi 9 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

IX

« J’ai une arme c’est pour m’en servir » disait un récidiviste cinq fois meurtrier. c’était un surveillant

Nous en reparlerons. Notons, au passage, leur esprit mutualiste : à la tête de différents services, ils se fournissaient réciproquement ce dont ils pouvaient disposer dans leur zone d’influence. Le surveillant attaché à la boulangerie du lieu ravitaillait de pain et de farine ses collègues chargés des jardins, de l’abattoir, de la cambuse, de l’hôpital, lesquels faisaient de même à l’égard des autres. Passe-moi la rhubarbe et je te passerai le séné. Lire le reste de cet article »

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Dix questions à … Alain Denizet


samedi 10 octobre 2015 par JMD

Avril 1901. Cinq gamins assassinés, un père accusé qui n’a de cesse de clamer son innocence,  Alain Denizet ne nous raconte pas simplement et seulement un fait divers rarissime dans les annales judiciaires ; il fait bien plus que cela. Ce n’est pas un polar. L’affaire Brierre, livre paru aux Editions de la Bisquine en mars dernier, est un de ces ouvrages d’histoire que l’on a du mal à refermer tant le plaisir de la lecture vous prend dès les premières lignes. Vous allez plonger dans cette France de la Belle Epoque qui s’industrialise et s’urbanise et qui surtout, à peu de frais, va chercher l’exotisme et le frisson dans les feuilles à cinq sous.

Corancez est un petit village d’Eure et Loir ; l’horreur du crime qui y est commis, parait pourtant si lointaine et si proche à la fois. Il soulève l’opinion publique et emballe la machine médiatique. Alors, sources à l’appui, patiemment, Alain Denizet démêle les fils d’une histoire complexe aux multiples rebondissements, met en relief les enjeux et l’écho d’un évènement qui dépasse largement la cadre bucolique troublé d’un coin de campagne. Comme Dreyfus – certains ont pu faire le rapprochement – Brierre est envoyé au bagne mais, contrairement au capitaine, il y finira sa triste vie, espérant en vain la révision de son procès. Lire le reste de cet article »

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Premier semestre 1910 aux îles du Salut


samedi 26 septembre 2015 par JMD

Le 25 décembre 1908, avertis par le forçat Ferranti, Alexandre Jacob et Joseph Ferrand surprennent le bagnard Capeletti en train d’essayer de les empoisonner avec du datura mis dans leur plat de lentilles. Ils le tuent. Le 5 octobre 1909, le Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni condamne les deux hommes à cinq années de réclusion. Sur le vapeur qui les ramène aux îles du Salut, le surveillant Bonal assassine le forçat Vinci d’un coup de revolver tiré à bout portant. Ferrand tente alors de s’évader en se jetant à l’eau mais il est vite rattrapé. A leur retour, les deux hommes déposent une plainte pour relater le crime dont ils ont été témoin. Le 13 mai 1910, le TMS confirme en appel la condamnation de Jacob et Ferrand qui avait été cassé le 3 décembre 1909. La peine de réclusion est ramenée à deux ans. Jacob ne doit donc sortir des cachots de Saint Joseph qu’en 1912. Si les lettres qu’il adresse à sa mère sont manquantes pour les années 1906 à 1909, celles du premier semestre 1910, largement codées, nous permettent de retrouver les conséquences de l’affaire Capeletti et de l’affaire Vinci. Jacob croupit au fond de sa cellule. Il est malade mais il tient bon. Il lit, s’inquiète de la crue de la Seine, se moque de l’idée de sa mère de venir le rejoindre en Guyane et, surtout, il prépare activement sa défense devant le TMS. Il demande l’activation les réseaux de soutien car Barrabas, alias Julien, alias Jacob, tient toujours à fausser compagnie à ses geôliers. L’affaire Madelon avorte en mai 1910. L’Administration Pénitentiaire a mis la main sur deux boites de sardines étrangement lourdes. Elles contenaient deux revolvers. Les boites étaient adressées au forçat libéré Fau, nom de code Madelon. Jacob ne sera jamais inquiété pour cet envoi délictueux. Ce n’est que partie remise pour le matricule 34777, un des plus mauvais sujets du bagne parait-il. Lire le reste de cet article »

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Ravachol


dimanche 22 avril 2012 par JMD

Publiée sur le site Rebellyon.info, le 11 juillet 2011, date du 121e anniversaire de la mort du saint anarchiste, la biographie de Ravachol présente au moins deux avantages, et c’est pourquoi nous la mettons en ligne dans les colonnes du Jacoblog. Elle tranche littéralement dans le lard des biographies que nous pouvons trouver dans les revues de vulgarisation à prétention historique où le propagandiste par le fait est le plus souvent présenté comme « un minable » assassin. Voyeurisme consumériste malsain permettant de gober sans digérer le fait divers et le sentiment d’insécurité. Elle offre ensuite la possibilité d’entrevoir un parcours qui nous emmène fatalement à la Veuve de Montbrison et d’apporter des éléments explicatifs à la fameuse déclaration interdite lors du procès du 21 juin 1892. En ce sens, nous pouvons alors montrer un homme théorisant sa propagande par le fait et sortir de l’inénarrable débat non historique d’une condamnation a priori de l’homme et des ses actes. Lire le reste de cet article »

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24 juin 1894


dimanche 18 mars 2012 par JMD

Écrit à l’occasion du 111e anniversaire de l’assassinat de Sadi Carnot par Sante Geronimo Caserio, l’article qui suit a été mis en ligne sur le site Rebellyion.info le 24 juin 2011

24 juin 1894 : Caserio poignarde Sadi Carnot, rue de la Ré à Lyon

Le 24 juin 1894, le président de la République Sadi Carnot vient à Lyon visiter l’Exposition Internationale qui se tient au parc de la Tête d’Or (…). Le soir, après un banquet à la Bourse de Commerce qu’il préside, la foule, massée sur la rue de la Ré entre la place des Cordeliers et la place de la Bourse, attend sa sortie avant qu’il ne se dirige vers le Grand-Théâtre…

Santo Caserio, un commis boulanger à Sète, ayant pris depuis la veille plusieurs trains jusqu’à Vienne, puis ayant fait le voyage à pied de Vienne à Lyon, a réussi, une fois arrivé aux Cordeliers, à se faufiler dans la foule tout près d’un candélabre bec-de-gaz de la Bourse de Commerce… Lire le reste de cet article »

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La Diane du prolétaire


dimanche 30 octobre 2011 par JMD

Qu’elle se montre cruelle, sévère et exigeante, l’antique fille de Latone et de Jupiter punit quiconque lui déplait. Léon Pélissard ne l’a pas prise au hasard dans le panthéon des dieux pour ce chant de révolte. Cela dénote au demeurant une extraordinaire culture autodidacte. Mais le voleur anarchiste change surtout clairement de registre avec sa Diane du prolétaire, morceau mis en musique et interprété une première fois avec brio par Daniel Denécheau et Patrick Denain dans le cd de la réédition des Ecrits de Jacob en 2004. Il se place volontiers sous le coup des lois scélérates de 1893-1894 en développant une violente et révolutionnaire thématique. Dans les Conseils à un pègre, Pélissard prodiguait de judicieuses mais néanmoins délictueuses recommandations. La chasse aux bourgeois est carrément ouverte dans cette deuxième chanson. Et ce, jusqu’à l’extinction de tous ces affameurs ! Comme une réponse ou un hommage au livre de son complice Jacques Sautarel, Quand égorgerons-nous enfin ?, écrit en 1898, nous savons désormais le sort que leur réserve Léon Pélissard. Lire le reste de cet article »

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ATTENTAT (Encyclopédie Anarchiste, Max Nettlau)


mardi 26 janvier 2010 par JMD

l\'explosion de la rue Saint Jacques à Paris attribuée au Belge Pauwels, 20 février 1894C’est une manière un peu brusque d’affirmer une opinion, à tout prix – et il est évident, que l’attentat n’a pas une valeur en soi-même, pas plus qu’un autre genre d’affirmation et de réalisation imposée – une preuve seule a une valeur. L’attentat a donc pour base ou raison les causes les plus variées – et il est presque toujours lié à des causes, courants, tendances très diverses. Naturellement, la marque caractéristique est que l’homme s’élève au-dessus de la routine, brûle ses vaisseaux, pratique l’action directe, ce que tous les autres ne risquent pas. Lire le reste de cet article »

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Attila, Barrabas et Marius versus Michel


lundi 23 juin 2008 par JMD

le comandant Michelportrait de Jacob dans la République du Centre, avril 1951La lettre qui suit rétablit quelques vérités que le commandant Michel, dans le magazine Confessions avait en 1937, quelque peu déformée pour faire de Jacob un aventurier hors norme et donner de l’épique à son récit. Car Jacob ne fait pas qu’évoquer le temps où il fut Barrabas. Ses affirmations prouvent un choix politique et social des victimes des cambriolages des Travailleurs de la Nuit : ainsi, ne cambriolait-on pas ceux dont le « cas ne relevait pas du camp ennemi », c’est-à-dire ceux qui ont une certaine utilité sociale : médecin, écrivain, professeur, etc. Attila a des principes, Barrabas aussi. Lire le reste de cet article »

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Mes bagnards (la suite)


dimanche 15 juin 2008 par JMD

Appel de bagnardsLe duel entre Jacob et l’A.P. est inégal. Le matricule 34777 le sait, le commandant Michel aussi. Et, pour cette raison, le directeur du bagne craint encore plus les réactions de son vieil adversaire. Il le sait prêt à tout. Prêt à empoisonner les îles. Prêt à l’assassiner. Prêt à s’évader avec des armes qu’il se procurerait d’une façon rocambolesque et alimentaire. Nous retrouvons ces trois épisodes dans les écrits du bagnards mais également, pour certain, dans son dossier de bagne. Seulement la version du prisonnier diverge de celle du gardien. Lire le reste de cet article »

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