Le bagne et ses joyeusetés

Mes tombeaux 14


samedi 9 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1287,

vendredi 13 février 1948, p. 2

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XIII

Contre les injustices et l’arbitraire une plume intervenait inlassablement. Celle qui signait matricule 37.664

Le décret du 4 septembre 1891, modifié par celui du 31 juillet 1903, donnait toute latitude aux transportés pour adresser toute réclamation par écrit et sous pli fermé, aux autorités administratives et judiciaires de la Guyane, au Gouverneur et aux Ministres de la Justice et des Colonies. Ces lettres, dûment enregistrées dans un cahier de transmission, devaient être acheminées sans retard vers leur destination. Ces dispositions ne pouvaient avoir et ne devaient donner lieu à aucune limitation. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 13


mercredi 6 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1286,

jeudi 12 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XII

L’intermédiaire-roi s’engraissait sur le dos du bagnard le tondu

L’animation est plus grande qu’à la sieste. Les tournées de café et de thé se succèdent d’une façon ininterrompue. Nombreux sont les amateurs de bonbons, de beignets et de nougat. Personne ne dort. Ceux qui ne travaillent pas se livrent au jeu, tentent leur chance, se font plumer et retournent à leur place, honteux et confus. Ils recommencèrent le lendemain.

Plus modestes, les joueurs de belote jouent des consommations. Une mandoline se met en action, une discussion s’élève, parfois des coups sont échangés : ce sont là des incidents ordinaires et tout à fait négligeables. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 12


samedi 2 juillet 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1285,

mercredi 11 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XI

De CAYENNE à SAINT-LAURENT les surveillants servaient d’intermédiaires aux débrouillards

LES FORÇATS CHEZ EUX

Généralement, les transportés devaient fournir journellement huit heures de travail.

Le reste du temps, ils le passaient dans leurs cases.

La case, c’était le « home » des bagnards ; ils étaient là chez eux – sans contestation possible. Les surveillants n’y pénétraient jamais qu’en l’absence des occupants, par exemple pour opérer une fouille, ou bien lorsqu’un fait grave s’y produisait. De même que jadis les églises étaient des lieux d’asile inviolables, ainsi en était-il, par analogie, des locaux d’habitation affectés aux condamnés. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 11


mercredi 29 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1284,

mardi 10 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

X

Une fleur s’épanouissait parmi toutes les turpitudes; et cette fleur c’était MAMAN

C’est pourquoi le Bagne avait la mentalité spéciale, son opinion publique et sa morale négative. Les bagnards avaient des besoins et des aspirations qu’il fallait satisfaire, coûte que coûte. Rejetés de la Société qui les ignorait, ils se créaient une manière de vivre qui pouvait heurter les idées reçues, mais qui leur convenait à eux, à défaut d’une vie régulière.

Un esprit de solidarité animait tous les membres de cette communauté de réprouvés. Si leurs faits et gestes n’étaient pas toujours marqués du sceau de l’élégance, ils l’étaient souvent par celui d’une impérieuse nécessité. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 10


samedi 25 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1283,

lundi 9 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

IX

« J’ai une arme c’est pour m’en servir » disait un récidiviste cinq fois meurtrier. c’était un surveillant

Nous en reparlerons. Notons, au passage, leur esprit mutualiste : à la tête de différents services, ils se fournissaient réciproquement ce dont ils pouvaient disposer dans leur zone d’influence. Le surveillant attaché à la boulangerie du lieu ravitaillait de pain et de farine ses collègues chargés des jardins, de l’abattoir, de la cambuse, de l’hôpital, lesquels faisaient de même à l’égard des autres. Passe-moi la rhubarbe et je te passerai le séné. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 9


mercredi 22 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1282,

samedi 7 – dimanche 8 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VIII

« On fera garder les forçats par de plus bandits qu’eux » avait dit Napoléon III

Les transportés, donc, étaient divisés en trois classes. Ceux de troisième classe – la grande majorité – étaient astreints aux plus durs travaux. Ils couchaient sur un lit de camp, avec une couverture pour se couvrir. Ils ne pouvaient prétendre à des faveurs. Toutefois, exception faite à l’égard du couchage sur la planche, ces prescriptions ne jouaient que dans la mesure des nécessités ou de l’arbitraire. Ainsi, on utilisait les compétences en matière d’emplois.

Les transportes de deuxième classe, de même que ceux de première classe, avaient droit aux emplois de faveur auxquels ils étaient aptes. Ils couchaient sur des hamacs. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 8


samedi 18 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1281,

vendredi 6 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VII

LES FERS, LA PRISON DE NUIT, la CELLULE, et le CACHOT

Tel était le décor où se déroulèrent plus de vingt années de ma vie, la plupart du temps dans le fond des cachots.

STRUCTURE DU BAGNE

Passons rapidement à travers ce chapitre ingrat, mais qui a quand même sa valeur documentaire.

Le Bagne comprenait trois principaux pénitentiers : ceux de Saint-Laurent-du-Maroni, de Cayenne et des Iles du Salut.

L’effectif de la population pénale s’élevait à quatre mille cinq cents individus.

Chaque pénitentier avait à sa tête un commandant administratif. Un surveillant principal et plusieurs surveillants-chefs dirigeaient la cohorte de leurs subordonnés. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 7


mercredi 15 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1280,

jeudi 5 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VII

Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1895 les forçats se révoltèrent à l’île St-Joseph à cause des lois scélérates

Dans l’espace vide entre les bas-flancs, dénommé « coursier », se promenaient ceux qui ne pouvaient rester en place. Au milieu du coursier, se trouvait une moitié de tonneau contenant de l’eau potable. Dans le fond, se trouvaient les lieux d’aisance, adossés à la case et y communiquant par une porte ménagée dans le mur.

On nous apporta de la soupe, – de l’eau chaude où nageaient des haricots qui avaient oublié de cuire. Nous eûmes recours à nos vivres de réserve. Les anciens étaient consignés dans leurs cases. Pas tous, quelques-uns vaquant à des corvées indispensables. L’un d’eux s’approcha d’une fenêtre. « Avez-vous du chocolat, des biscuits, du linge de corps ? » s’informa-t-il. Oui, on en avait. Alors, on pouvait faire des échanges avec des paquets de tabac. Ce que l’on fit. On allait donc pouvoir fumer tout à son aise. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 6


samedi 11 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1279,

mercredi 4 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VI

TROIS JEUN ES PARISIENS DE 17 ANS ALLAIENT FINIR LEUR VIE EN GUYANE POUR AVOIR DÉPOUILLIÉ UN IVROGNE

Pauvres types ; ils y seraient bientôt à la Guyane… La plupart d’entre eux y laisseraient leurs os, en même temps que leurs illusions perdues. Je considérai mes compagnons, in petto, sous l’angle humain du psychologue averti. Et je pouvais me rendre compte que beaucoup d’entre eux, irrémédiablement voués à l’abime, auraient pu être sauvés si, au lieu de les châtier sans merci, la société les avait préservés ou secourus. A cette époque, la responsabilité pénale jouait à partir de l’âge de seize ans (depuis, elle a été élevée à dix-huit ans). Lire le reste de cet article »

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Roussenq – MES TOMBEAUX souvenirs du bagne


samedi 21 mai 2022 par JMD

S’il arrive parfois que des archives privées refassent surface[1] tels les cahiers et les photographies du Docteur Léon Colin en 2015[2] ou encore la correspondance du bagnard Arthur Roques en 2021[3], il est nettement plus rare d’exhumer et de redécouvrir de précieux documents dans les fonds d’archives publics. Cela n’est pourtant pas impossible et c’est une ultime version des souvenirs de l’ancien bagnard Paul Roussenq que l’archiviste guyanaise Vanessa Van de Walle[4] et les historiens Philippe Collin[5] et Jean-Marc Delpech[6] ont retrouvé en croisant les informations données par le dossier que les époux Beaumier avaient constitué dans les années 1980. Un peu moins d’un an et demi avant le suicide de Paul Roussenq à Bayonne, parait le dernier des trente-six articles de « Mes tombeaux – souvenirs du bagne » dans le quotidien grenoblois Les Allobroges le 11 mars 1948 : Lire le reste de cet article »

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Vices de forme


lundi 25 avril 2022 par JMD

Accompagnées de saucisses de Toulouse, de jarret ou d’une quelconque autre pièce porcine de choix, les lentilles peuvent constituer – quoi qu’on puisse en dire – un met délicieux et raffiné. Mâtiné de datura stramonium, plante hautement toxique répondant aux doux noms de herbe du diable, herbe aux sorciers, herbe des magiciens, herbe aux voleurs, chasse-taupe, endormie ou encore pomme épineuse, le vulgaire plat devient communément mortel. Le 25 décembre 1908, Alexandre Jacob et Joseph Ferrand, avertis par le forçat Pierre Ferranti m°36029, avaient surpris Joseph Capelletti, m°31036[1], connu pour être coutumier de la funeste pratique, en train de verser du poison dans la gamelle du premier. Lardé de coups de couteau, Capelletti trépasse rapidement. Mais, lors de l’instruction qui s’ensuit immédiatement, la dite gamelle disparait puis réapparait des scellés et Jacob, mis à l’isolement préventif, ne peut prouver la légitime défense puisque l’analyse médico-légale de l’objet incriminé ne révèle aucune trace de datura. Lire le reste de cet article »

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Georges


jeudi 2 décembre 2021 par JMD

Le voyage de Georges est sans retour. C’est du moins ce qu’il y a d’écrit sur la 1e de couverture du beau livre de Solveig Josset qui sortira officiellement en juin 2022 au Verger des Hespérides. Il est d’ores et déjà disponible sur le site internet de la chouette maison d’édition nancéenne, spécialisée dans le livre jeunesse. Elle vient de frapper un grand coup dans l’historiographie des bagnes guyanais en offrant à ses jeunes lecteurs la connaissance des camps de travaux forcés de la colonie française d’Amérique du Sud. Georges Bienvenu a réellement existé. Il portait le matricule 38523. Il est décédé aux camps des Hattes (aujourd’hui la commune d’Awala-Yalimapo) le 8 décembre 1912. Un parfait inconnu, un anonyme parmi les quelques 100 000 hommes et femmes punis, envoyés loin de la métropole (Nouvelle-Calédonie comprise) entre 1852 et 1938. Son arrière-arrière-petite-fille a décidé de réinventer son histoire. Elle n’est pas jolie mais c’est un pavé, une brique frappée du sceau de l’Administration pénitentiaire, que le môme va manger dans sa face. Lire le reste de cet article »

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La mort de Salsou


jeudi 29 juillet 2021 par JMD

Ce furent près de 67 000 criminels en tout genre (52 000 transportés, 16 000 relégués) qui, en Guyane de 1854 à 1953, ont fini leur vie dans le ventre d’un requin ou bien enfouis anonymes dans les limbes de la tourbe amazonienne. Peu sont revenus en métropole. Si la population libre ou pénale est enterrée sur le continent, il n’en est pas de même, faute de place, aux îles du Salut. Seuls les déportés du Diable, du fait de leur petit nombre, ont droit à une sépulture. Sur Royale, un cimetière est réservé aux enfants du personnel ; Saint-Joseph accueille le cimetière des surveillants. Les autres, bagnards, subissent donc la tradition de la Marine dite du « mouillage » mais la scène offerte est, selon tous les témoignages recueillis, glaçante de sauvagerie comme ce fut le cas après le décès de Mélanie François Salsou, matricule 31504, le 19 juillet 1901. Lire le reste de cet article »

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Rousseau et le bagne : une source incontournable


mardi 15 juin 2021 par JMD

Docteur Louis Rousseau, Les hommes punis. Un médecin au bagne, édition établie par Jean-Marc Delpech et Philippe Collin

Paris, Nada éditions, 2020, 364 p.

Jean-Lucien Sanchez

Référence(s) : Docteur Louis Rousseau, Les hommes punis. Un médecin au bagne, édition établie par Jean-Marc Delpech et Philippe Collin, Paris, Nada éditions, 2020, 364 p.

Criminocorpus 14 juin 2021

Ce livre est une réédition de l’ouvrage Un médecin au bagne du docteur Louis Rousseau, publié en 1930 aux éditions Armand Fleury. Il s’inscrit dans une désormais longue liste de rééditions de témoignages consacrés au bagne colonial de Guyane publiées ces dernières années, citons notamment ceux d’Eugène Dieudonné (La vie des forçats, Libertalia, 2014), de Paul Roussenq (L’enfer du bagne, Libertalia, 2009 ; Vingt-cinq ans de bagne, la Manufacture de livres, 2016), de René Belbenoit (Guillotine sèche, la Manufacture de livres, 2019) ou bien encore de Clément Duval (Moi Clément Duval, anarchiste et bagnard, Nada éditions, 2019). Mais à l’inverse de tous ces témoignages écrits par des forçats, Un médecin au bagne permet au lecteur d’accéder à l’expérience vécue par un agent du bagne et offre ainsi un point de vue sur cette institution relativement rare. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne enfin réédité !


jeudi 22 octobre 2020 par JMD

Il est écrit que 2020 ne sera pas seulement une année marquée par l’urgence sanitaire. Le Jacoblog aime à y voir aussi une année de publications, et donc d’enrichissement de la connaissance sur le bagne. Le Matricules de Philippe Collin aux éditions Orphie nous rappelle combien le fagot fut aussi un homme tandis que les extraits des lettres d’Alexandre Jacob publiées une 1e fois à L’Insomniaque en 2000 puis réédités et enrichis par les éditions de La Pigne nous révèlent par les yeux du matricule 34777 l’Extermination à la française prévalant dans les camps de travail forcés de Guyane. Nous l’attendions depuis fort longtemps et les éditions Nada l’ont fait. La réédition de l’inestimable ouvrage du Dr Louis Rousseau (1879-1969) est devenue réalité et c’est peu dire que la mémoire du Médecin au bagne met en lumière tout un système éliminatoire qui broya, entre 1852 et 1953, la vie de plus de 70 000 Hommes punis. Lire le reste de cet article »

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