Articles taggés avec ‘TMS’

Premier semestre 1912 sur l’île Saint Joseph : sortir du trou


samedi 15 octobre 2016 par JMD

La santé de Marie, la sienne qui s’améliore malgré un début de prolapsus rectal et une printanière grippe, des annonces de réceptions de colis et de salvatrices missives, des demandes d’envoi de linge, de livres ou encore de produits pharmaceutiques, la correspondance du bagnard 34777 révèle pour le 1er trimestre 1912 que la vie s’écoule lentement, très lentement dans les sinistres locaux de la réclusion de l’île Saint Joseph. Jacob espère vainement pouvoir encore passer devant le TMS alors que le 12 novembre de l’année précédente il était définitivement disculpé de l’accusation de dénonciation calomnieuse dans l’affaire du meurtre du forçat Vinci par le surveillant Bonal. Un voyage à Saint Laurent du Maroni lui aurait permis de prendre l’air et de briser l’ennui de l’enfermement. « C’est si monotone la vie sur ce rocher qu’un peu de changement d’horizon ne nuit pas. ».  Alors Jacob lit et rend compte de ses lectures à sa génitrice. Il se rappelle encore quelques souvenirs de cambriolages et de navigation. Mais la sortie du trou est proche et il n’a de cesse d’organiser sa résistance. La famille imaginaire de Barrabas entre en scène et la multiplication de passages codés signale au lecteur que Jacob active des réseaux de transmission du courrier clandestin, envisage des projets d’évasion malgré la censure de l’Administration Pénitentiaire et la surveillance que peut exercer la police parisienne sur sa mère et ses amis. Ainsi apprenons-nous l’extrême jalousie de la femme de Julien, les vilénies d’Octave, peut-être renseigné par Paulin et de mèche avec Elise, le « manque de flair » d’Augustin confiant ce pauvre Félicien à un « saligaud ». Est-ce Jacques ? Est-ce Lorand ? Nous n’en savons rien. Toujours est-il que le 17 juin 1912 le bagnard retrouve « l’air libre » des îles du Salut après avoir purgé 44 mois de réclusion cellulaire. Une nouvelle phase commence pour Jacob. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 5


samedi 28 mai 2016 par JMD

Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »

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Barrabas va mieux


samedi 26 décembre 2015 par JMD

Deuxième semestre 1911, cellules de la réclusion, île Saint Joseph. Le matricule 34777 attend son transfert pour Saint Laurent du Maroni. Le Tribunal Maritime Spécial doit se prononcer sur l’accusation de dénonciation calomnieuse lancée à l’encontre de Jacob et Ferrand. Les deux bagnards avaient écrit au gouverneur de la Guyane pour témoigner du meurtre du forçat Vinci par l’agent Bonal sur le vapeur Maroni survenu le 11 octobre 1909. Mais Barrabas dit espérer être condamné ! Pour lui, il y aurait de la sorte la perspective d’un pourvoi en cassation qui lui permettrait de sortir encore de sa cellule et de humer un peu d’air libre même si le voyage se fait à fond de cale, les fers aux pieds, avec les bœufs : à voir cela, écrit-il le 28 juillet à sa mère, on comprend mieux le végétarisme ! L’acquittement du 22 novembre vient briser ce facétieux dessein. Lire le reste de cet article »

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39 kilogrammes avec les chaussettes !


samedi 28 novembre 2015 par JMD

Instinct de survie ? Si l’affaire Capeletti et le meurtre du forçat Vinci par le surveillant Bonal impriment encore leur marque à la correspondance du matricule 34777 pour l’année 1911, force est de constater que pour le premier semestre de cette année les passages devant le Tribunal Maritime Spécial et donc les envois à Saint Laurent du Maroni ne figurent pas au centre de ses préoccupations. L’enfermé, le réclusionnaire Jacob est au plus mal. Il multiplie les problèmes de santé et les envois médicamenteux de Marie, sa mère, ne parviennent pas à le soulager du scorbut, des diarrhées sanguinolentes ou encore des névralgies faciales. Effet délétère du milieu mais aussi conséquence d’une ration alimentaire insuffisante et de très basse qualité ou encore détournement des paquets reçus par les agents de la Tentiaire, l’homme puni affiche de fait une affolante et squelettique maigreur : ces derniers jours, j’avais perdu du poids mais au pesage d’aujourd’hui – constate-t-il avec une superbe ironie le 2 février – j’ai regagné deux kilos. Il est vrai que j’avais mes chaussettes … Je pèse 39 kilogrammes. J’en pesai 65 il y a un an ! Mais il est écrit que le système éliminatoire ne peut avoir raison du forçat récalcitrant … et de son active génitrice qui multiplie les démarches administratives et les appels à l’aide pour soutenir son rejeton enchristé. Jacob tient bon malgré tout et envisage même une énième Belle. Ses lettres le révèlent. Si Julien, malgré une brouille apparente avec Joseph et un début de dépression, côtoie Auguste,  c’est bien que Barrabas, par l’entremise de Tante ou de Bonne Voisine, entend fausser compagnie à Elisabeth au grand dam d’Octave. Lire le reste de cet article »

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Premier semestre 1910 aux îles du Salut


samedi 26 septembre 2015 par JMD

Le 25 décembre 1908, avertis par le forçat Ferranti, Alexandre Jacob et Joseph Ferrand surprennent le bagnard Capeletti en train d’essayer de les empoisonner avec du datura mis dans leur plat de lentilles. Ils le tuent. Le 5 octobre 1909, le Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni condamne les deux hommes à cinq années de réclusion. Sur le vapeur qui les ramène aux îles du Salut, le surveillant Bonal assassine le forçat Vinci d’un coup de revolver tiré à bout portant. Ferrand tente alors de s’évader en se jetant à l’eau mais il est vite rattrapé. A leur retour, les deux hommes déposent une plainte pour relater le crime dont ils ont été témoin. Le 13 mai 1910, le TMS confirme en appel la condamnation de Jacob et Ferrand qui avait été cassé le 3 décembre 1909. La peine de réclusion est ramenée à deux ans. Jacob ne doit donc sortir des cachots de Saint Joseph qu’en 1912. Si les lettres qu’il adresse à sa mère sont manquantes pour les années 1906 à 1909, celles du premier semestre 1910, largement codées, nous permettent de retrouver les conséquences de l’affaire Capeletti et de l’affaire Vinci. Jacob croupit au fond de sa cellule. Il est malade mais il tient bon. Il lit, s’inquiète de la crue de la Seine, se moque de l’idée de sa mère de venir le rejoindre en Guyane et, surtout, il prépare activement sa défense devant le TMS. Il demande l’activation les réseaux de soutien car Barrabas, alias Julien, alias Jacob, tient toujours à fausser compagnie à ses geôliers. L’affaire Madelon avorte en mai 1910. L’Administration Pénitentiaire a mis la main sur deux boites de sardines étrangement lourdes. Elles contenaient deux revolvers. Les boites étaient adressées au forçat libéré Fau, nom de code Madelon. Jacob ne sera jamais inquiété pour cet envoi délictueux. Ce n’est que partie remise pour le matricule 34777, un des plus mauvais sujets du bagne parait-il. Lire le reste de cet article »

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Anars bagnards 10


samedi 6 août 2011 par JMD

Où il est développé l’idée que, de la débrouille à la punition en passant par la plainte, la morale anarchiste influe fortement la vie du fagot libertaire. Solidarité dans la survie où l’on retrouve aussi l’honnête cambrioleur Jacob. 10e épisode.

Deuxième partie : Codétenus : le cas des droits communs

Comme nous l’avons déjà montré, la partition entre « droits communs » et « politiques » n’est pas si simple pour la période et l’échantillon qui nous préoccupent. En effet, les anarchistes sont considérés par la justice lors de leur condamnation comme des prévenus de droit commun. Mais, nous l’avons exposé, ils n’étaient pas traités comme tels lors de leurs séjour au bagne. Les mesures particulières de surveillance et de traitement, auxquelles ils sont soumis montrent une discrimination certaine. Celle-ci, basée sur l’idéologie anarchiste, augmente la cohésion de notre groupe et renforce leur comportement de « résistance »[1]. Lire le reste de cet article »

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Anars Bagnards 9


dimanche 31 juillet 2011 par JMD

Où il est attesté, par la révolte et le cumul des punitions, que le bagnard anar adopte, face à l’AP et à la vie carcérale une attitude de refus du processus de normalisation à l’institution totale. Vive les enfants de Cayenne ! 9e épisode.

B/ Le comportement et les rapports entretenus avec l’administration pénitentiaire

1/ Face à « une conduite conforme » réglementée

Situant notre travail dans la perspective déjà présentée d’Erving Goffman[1], nous considèrerons le forçat anarchiste comme un réclusionnaire forcé. Face à cette institution pénitentiaire qui est dans une perspective de « conversion » de l’individu, nous dégagerons les oppositions et les résistances qui s’exercent. Nous ferons apparaître ces données grâce aux témoignages des transportés anarchistes. Nous aborderons ici ces techniques de mortification de façon globale, puisque les thèmes dégagés par la suite viendront préciser dans leur spécificité certains aspects de cette question. Lire le reste de cet article »

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Anars bagnards 2


samedi 9 juillet 2011 par JMD

Où il est écrit que la Gueuse perfectionne le système éliminatoire à la française … Vive la République ! 2e épisode.

CHAPITRE 2

LA TROISIEME REPUBLIQUE : UNE POLITIQUE PENALE

D’EVICTION ET D’EXTINCTION

Si elle s’inscrit dans la continuité des politiques menées par les régimes précédents, l’action globale de la IIIème république dans le domaine pénal va se renforcer. Ainsi la colonisation pénitentiaire introduite tout d’abord par Louis Napoléon Bonaparte est maintenue dans ses principes et ses objectifs. Mais, de nouvelles catégories de peines sont mises en place, s’appuyant sur un quadrillage policier de plus en plus efficace, qui soulignent de façon incontestable le désir d’évincer et d’anéantir toute une catégorie de la population qui représente « une menace pour la société normale. »[1] Lire le reste de cet article »

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Une évasion


dimanche 22 mai 2011 par JMD

Le livret de présentation du deuxième cd des Écrits de Jacob signale les souvenirs du forçat Mesclon et l’ouvrage du Dr Rousseau comme source pour le morceau L’Évasion. Olivier Cueto, un des Insomniaques, s’est aussi déplacé aux Archives de l’Outre Mer pour y compulser les rapports du bagne. Les minutes du Tribunal Maritime Spécial de Saint Laurent du Maroni viennent en effet confirmer le propos développé dans les ouvrages utilisés. Mais le titre de la saynète ne dévoile, en mettant en avant l’échec de la tentative désespérée de Belle de Joseph Ferrand le 11 octobre 1911,  qu’une partie d’un drame à rebondissements multiples. Le meurtre du forçat Capeletti par Alexandre Jacob et son complice de cambriolages le 25 décembre 1909 aurait pu envoyer les deux hommes à l’échafaud. Lire le reste de cet article »

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Roussenq l’inco


samedi 19 septembre 2009 par JMD

Paul Roussenq après sa libérationGare aux faux pas ! Effet papillon ou théorie des dominos peu importe. Un fatal battement d’ailes ou un malencontreux écart qui fait basculer une des pièces du jeu. L’effet papillon à la mode Roussenq, c’est un quignon de pain. Oui, un simple bout de pain dur peut vous pourrir la vie ! Le jeune plouc du Midi aurait du le savoir. Foutu caractère ! L’Inco est né le 18 septembre 1885. La vigne a ses prolos à Saint Gilles du Gard. Les Roussenq en font partie. Lire le reste de cet article »

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Enfermés


dimanche 25 janvier 2009 par JMD

cellule 1Les photographies des îles du Salut que notre ami internaute Eric nous a transmises,  nous permettent d’approfondir notre périple sur l’archipel … et de rentrer dans la prison de la prison : le cachot et la réclusion. Les condamnations à la cellule et au cachot peuvent atteindre deux mois ; elles sont prononcées par les commissions disciplinaires de chaque pénitencier. Lire le reste de cet article »

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Les punitions de Barrabas


dimanche 25 mai 2008 par JMD

un cachot clair par le bagnard Francis LagrangeChaque bagne de Guyane dispose de sa commission disciplinaire, chargée de punir le bagnard ayant commis une infraction aux règlements. Cette juridiction, que créent les décrets du 4 octobre 1889 et  du 4 septembre 1891, ne doit en principe pas infliger de châtiment corporel en vertu du décret du 18 juin 1880.  Trois punitions sanctionnent le bagnard contrevenant : la prison de nuit (le détenu travaille normalement avec les autres forçats mais dort en prison !), la cellule et le cachot. Lire le reste de cet article »

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Antoine Mesclon, l’affaire Capeletti et le forçat Jacob


lundi 21 avril 2008 par JMD

Comment j\'ai subi quinze ans de bagne, Antoine MesclonEn 1904, Antoine Mesclon, condamné à 6 ans de travaux forcés par la Cour d’Assises de la Drôme, est interné à la citadelle de Saint Martin de Ré dans l’attente de son transport vers la Guyane. Il fait parti du convoi de juin 1905, soit six mois avant celui du matricule 34777. Mesclon retrouve Jacob aux îles du Salut. Là il assiste en 1908 à la mort violente du forçat Capeletti et ne manque pas de la retranscrire en 1926 dans son livre de souvenirs, Comment j’ai subi quinze ans de bagne, paru aux Editions Sociales. « La tragédie qui fit date à ce moment dans les annales des îles » met en scène la victime et ses deux assassins : Joseph Ferrand et Alexandre Jacob Lire le reste de cet article »

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