Articles taggés avec ‘Un médecin au bagne’

Un médecin au bagne chapitre 5


samedi 28 mai 2016 par JMD

Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 4


samedi 23 avril 2016 par JMD

Le taux de mortalité au bagne oscille dès le départ autour de 10%. Il y a bien sûr des périodes de creux comme en 1911 (5%) et d’autres voyant les fagots tomber comme à Gravelotte. La grippe espagnole est ainsi fautive d’une véritable saignée en 1918. Si l’on excepte le petit nombre, relativement parlant, de morts violentes (rixe, suicide, meurtre, violence des surveillants de l’AP, accidents), la maladie occupe donc une part importante du décompte macabre. Et tout concourt, nous dit Louis Rousseau dans le chapitre IV de son livre, à faire de la Guyane un véritable charnier pour les hommes punis. L’espérance de vie à l’arrivée ne dépasse alors pas les cinq ans. La santé constitue un thème récurrent dans les préoccupations du condamné aux travaux forcés et du relégué, tous deux soumis à des maladies proprement tropicales. Elles sont aussi liées au manque d’hygiène, à la claustration, aux déficiences médicales mais encore et surtout aux carences alimentaires. L’Administration a toujours affamé les condamnés et abîmé leur santé par une nourriture insuffisante et malsaine, écrit-il  dans le chapitre 2 consacré au régime des condamnés. Les affections les plus bénignes deviennent fatalement mortelles et le médecin peut alors livrer dans ce quatrième chapitre un véritable inventaire de la pathologie carcérale dans les bagnes guyanais. Force est de constater, que Louis Rousseau, du fait de sa profession, maîtrise son sujet. Aux îles du Salut comme sur la Grande Terre, le bagnard malade est un être faible et les velléités de soins qu’affichent certains médecins se brisent fréquemment face à la mauvaise volonté de l’A.P. qui voit d’un très mauvais œil, et celui qui a prêté le serment d’Hippocrate, et le détenu malade, le plus souvent considéré comme un simulateur. Il y en eut peu en réalité. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 3


samedi 26 mars 2016 par JMD

Louis Rousseau devant son armoire de souvenirs, vers 1947On ne vit pas au bagne ; on y crève ou on survit. En détaillant avec force d’exemples le régime des condamnés dans son chapitre 2, le docteur Louis Rousseau posait dans une aussi froide qu’implacable et empirique démonstration les conditions de l’affaiblissement et donc de la mort programmée du condamné à la relégation ou aux travaux forcés. Le fagot n’a alors d’autres choix pour échapper à sa triste condition que la Belle ou la camelote. Mais ces deux pratiques pour illégales qu’elles soient font partie du système ; elles le nourrissent même, nous dit le médecin du bagne. Il évoque l’évasion dans le VIe chapitre de son salutaire ouvrage après avoir entrevue le trépas de l’homme puni par la maladie et la répression. La camelote, c’est la combine qui permet à un bagnard, à un surveillant d’améliorer son sort pour le premier et pour le second d’arrondir ses fins de mois. Elle consiste généralement à de la vente en tout genre : nourriture, tissus, médicaments, objets fabriqués par les bagnards, etc. Et tous en Guyane en croquent. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au Bagne chapitre 2


samedi 20 février 2016 par JMD

Mourir au bagne ? D’accord mais de mort lente, le ventre vide, mal logé et mal habillé, semble nous dire le docteur Louis Rousseau. Le propos de l’Oncle dans un Médecin au bagne vise en effet à démontrer que l’espérance de vie en Guyane ne dépasse guère les cinq années à l’arrivée du forçat. Ici, on meurt et la mort violente, le meurtre, l’exécution capitale, le suicide ou l’accident, pour fréquents qu’ils soient, n’entrent finalement que de manière dérisoire dans un décompte macabre qui, durant la transportation d’Alexandre Jacob, fait passer de vie à trépas, tous les ans, environ 10% de la population carcérale guyanaise. Au fil des pages de son réquisitoire, Rousseau démonte alors les mécanismes d’une machine à broyer le vaincu de guerre sociale. Lire le reste de cet article »

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Léon Collin, l’autre médecin du bagne


samedi 25 octobre 2014 par JMD

LEON COLLIN

Des hommes et des bagnes

Guyane et Nouvelle-Calédonie, un médecin au bagne (1907-1912)

Libertalia

21 octobre 2014

Léon Collin est mort en 1970. Il a subi la boue des tranchées ; il a vécu  la défaite de 1940 et l’occupation ; il a navigué sur toutes les mers du globe et a vu la presque totalité de cet empire français où le soleil ne se couchait jamais. Il a 27 ans lorsqu’il débarque en Guyane en 1907. Il s’occupe du transport sur le vapeur le Loire des condamnés aux travaux forcés. Chargé de mission pour les services épidémiologiques, il passe ensuite trois ans en Nouvelle Calédonie de 1910 à 1912. Rien pourtant ne prédisposait ce jeune médecin de l’armée coloniale, homme de son temps, un brin réactionnaire mais profondément humaniste, à affronter l’horreur du bagne. Qui aurait pu deviner que ce fils de négociant en vin bourguignon serait marqué à vie par son expérience ? Les éditions Libertalia ont eu la bonne, la très bonne idée de publier ses carnets de notes. Lire le reste de cet article »

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Le livre de l’Oncle … et du « neveu »


samedi 28 juin 2014 par JMD

La participation active d’Alexandre Jacob à l’ouvrage du docteur Louis Rousseau ne fait aucun doute. « Sans lui, je n’aurais pu mener à bien la tâche d’écrire le Médecin au bagne qui fut son œuvre autant que la mienne » écrit l’auteur à Alain Sergent, premier biographe de l’honnête cambrioleur en 1950. La collaboration entre les deux hommes débute dès leur rencontre en Guyane en 1920. En France, elle doit se mesurer en deux temps. De 1925 à 1927, Alexandre Jacob a tout loisir en prison de rassembler souvenirs et anecdotes pour l’Oncle d’une part, et de commenter les réformes pénitentiaires de 1925 de l’autre. Les échanges se pratiquent par voie épistolaire mais il nous parait possible d’envisager également un contact direct même si aucune source ne vient étayer cette hypothèse. La très forte amitié qui lie les deux êtres et la proximité de la Normandie justifient notre propos : Rousseau travaille pour le laboratoire de l’Office Publique d’Hygiène Sociale de la Seine Inférieure. Lorsque l’ancien bagnard recouvre la liberté, la collaboration ne peut que s’amplifier et c’est à Paris que toute la logistique de l’entreprise se met en place. Lire le reste de cet article »

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Poste restante à la cure de Saint Laurent du Maroni


samedi 22 mars 2014 par JMD

Sans appui, sans soutien, sans un lien aussi minime soit-il avec l’extérieur, le prisonnier, l’enfermé, le bagnard ne peut espérer adoucir son sort à l’intérieur de son espace carcéral. Sa survie dans un milieu particulièrement mortifère en dépend. Mais les conditions de détention réduisent largement les marges de manœuvre. Il faut alors des trésors d’imagination pour parvenir à faire passer entre les mailles du filet de la censure pénitentiaire un colis ou un courrier. Car la correspondance du bagne est minutieusement épluchée par une bureaucratie qui ne manque pas de confisquer les missives dès que celles-ci lui semblent suspectes. Pour contourner cette censure, le forçat doit faire confiance à un intermédiaire qui, au passage, n’hésite souvent pas à se faire rétribuer ou à garder pour lui la nouvelle, la monnaie ou la marchandise tant attendues. Ce peut être un forçat libéré, un surveillant peu regardant … ou bien encore, le cachet de la poste faisant foi, un curé. Lire le reste de cet article »

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Le Docteur Rousseau


dimanche 29 mai 2011 par JMD

Détective, n°415, jeudi 8 octobre 1936Avec l’arrivée de l’Oncle Louis aux îles du Salut, le 1er septembre 1920, le combat de Jacob contre l’Administration Pénitentiaire prend une nouvelle tournure. Il peut ainsi mettre en avant non seulement son inestimable connaissance du Code mais encore ses souvenirs de fagot. Car les deux hommes, unis par un indéfectible lien d’amitié, mettent au point un projet de livre. Un Médecin au bagne parait en 1930 aux éditions Fleury. Par précaution, Jacob n’apparait pas dans l’ouvrage signé par le Docteur Rousseau. Mais, en 1950, celui-ci confirme à Alain Sergent la considérable participation de l’ancien matricule 34777 à cette dénonciation de l’horreur carcéral. C’est cette lettre, que l’on retrouve presqu’intégralement publiée dans Un anarchiste de la Belle Epoque, qui est joué en 1995 dans le deuxième cd des Écrits. Et c’est à lui Rousseau que nous devons le titre de notre biographie (ACL, 2008) et de ce blog. Le 3 septembre 1954, le vieil ami de l’anarchiste conseille à Robert et Josette Passas  de garder le « souvenir de ce parfait honnête homme » qui vient de se suicider. Lire le reste de cet article »

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Le Bagne du Dr Rousseau à Denipaire


dimanche 3 avril 2011 par JMD

Le bagne du Docteur Rousseau, c’est la mort à l’arrivée. La mort par la faim, les coups et le travail. Espérance de vie quand on y est ? Moins de cinq ans. C’est ce que dit Un Médecin au bagne en 1930 et c’est ce qui contredit ceux qui penseraient que la colonisation à la française n’a eu que des effets positifs. Le bagne est entré dans la mythologie mais il est aussi et surtout une illustration du système carcéral. Un système que l’honnête ami de l’Oncle, honnête cambrioleur de son état mais aussi honnête fagot en son temps, se plaisait à démontrer comme éliminatoire. Le comité des fêtes de Denipaire organise une soirée – conférence sur la question. Denipaire ? Environ trois cents habitants, pas très loin de Saint Dié, dans les Vosges. Et c’est le vendredi 08 avril 2011 à 20h30. Qu’on se le dise ! En plus l’entrée (salle des fêtes) est libre (sic) et gratuite. Vive les enfants de Cayenne !

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L’Oncle et Le Crapouillot


dimanche 1 février 2009 par JMD

Les moeurs des bagnards, Le Crapouillot n°30, 1955Le numéro spécial du Crapuillot de janvier 1938 se consacre à l’anarchie. Le mensuel de Jean Galtier-Boissière évoque l’honnête cambrioleur à la page 33 : « Son attitude à l’audience fut extraordinaire. (…) Au grand scandale de la Cour, Jacob, en guise de défense, lut une déclaration, le chef d’oeuvre du genre« . Dix-sept ans plus tard, le numéro 30 de la première série de l’après-guerre de ce journal (1948-1967), qui n’a pas encore revêtu l’uniforme brun de l’extrême-droite, traite de l’homosexualité. Le Crapouillot n’hésite pas alors à reproduire l’intégralité de la prose de Louis Rousseau sur le sujet. L’introduction qui en est faite met en valeur « un livre attachant« . Lire le reste de cet article »

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