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Îlet l’Enfant-Perdu : la mort en attendant


dimanche 2 avril 2023 par JMD

Que s’est-il passé sur l’îlet L’Enfant-Perdu au large de Cayenne ? Un coup de folie menant à une rixe meurtrière ? Des bagnards affamés que l’on a oublié de nourrir et qui sont arrêtés à Kourou pour évasion alors qu’ils tentaient d’échapper à une mort certaine après avoir épuisé leurs rations alimentaires ? Il y a sur l’îlot un phare dont doivent s’occuper deux ou trois forçats, isolés du reste du monde. La scénographie se prête ainsi au plus improbable des drames, lui fournissant un extraordinaire huis-clos.

Les mythes et légendes du bagne ont une double utilité. La morbide histoire repousse la velléité d’évasion ou d’opposition du condamné face à l’ogre carcéral ; elle alimente aussi en métropole un fataliste et voyeuriste discours médiatique. Faitdiversification oblige pour reprendre le néologisme inventé par l’historien Dominique Kalifa, les feuilles à cinq sous édifient ainsi un lectorat atterré avec force de prodigieuses et singulières illustrations, avec force de détails tragiques, sanglants et violents. L’imaginaire se nourrit toujours sur la peau du forçat mélangeant allégrement la rumeur et la réalité.

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Dernier convoi


samedi 27 décembre 2014 par JMD

Le décret-loi d’Edouard Daladier du 17 juin 1938 est clair. Seule la transportation est abolie. Le 22 novembre de cette année, 610 relégués, parqués à Saint Martin de Ré, quittent la France. L’ambiance est électrique, l’Administration Pénitentiaire est sur les nerfs. L’évènement attire les familles des hommes punis mais aussi de nombreux journalistes venus de Paris ou encore des Etats Unis. Ils posent des questions, s’entretiennent avec des pères, des mères, des femmes de condamnés ; interrogent des surveillants. Ils cherchent à en savoir plus sur l’émeute qui a éclaté depuis le 19. Charles Péan, dans Conquêtes en terre de bagne, se souvient du départ de ce dernier convoi. Du fait de la guerre qui éclate peu de temps après, il n’y en aura  plus d’autres. L’officier de l’Armée du Salut évoque une véritable « folie furieuse »[1] s’emparant des relégués détenus dans la citadelle de Vauban. On la retrouve encore dans le livre de Pierre Desclaux. Le journaliste, auteur en 1946 de Dix ans avec les bandits, travaille à l’époque pour Police Magazine et c’est peu dire que sa vision de l’évènement tranche particulièrement non seulement avec celle de Péan mais surtout avec celle de ses confrères dont il « déplore les exagérations » et qui, depuis les écrits de Londres, n’hésitent pas à critiquer vertement la vieille barbarie pénitentiaire. Loin de s’apitoyer, il considère finalement que ce ne sont alors que des criminels que l’on envoie expier loin de la métropole. Lire le reste de cet article »

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