Les Morts sont tous de braves types


15 janvier 2012 par JMD

Bernard ThomasIl est des pratiques étonnantes en matière de nécrologie tel le florilège d’enthousiasme débordant et de beurre littéraire dégoulinant devant l’œuvre impérissable du trépassé, encore plus débordant et dégoulinant quand le dit défunt est un tant soit peu renommé. Enthousiasme n’est pas le bon mot. Pourtant c’est réellement ce qu’ironise Brassens dans sa chanson Le Temps passé. De la nécrologie on a vite fait de changer de registre et le propos élégiaque tourne le plus souvent, dans la presse amie que le dit renommé avait savamment fréquentée, à la plus candide, la plus sotte,  la plus burlesque des hagiographies. Bernard Thomas vient de nous quitter et, le temps ne faisant rien à l’affaire, en matière d’historiographie s’entend, il est fort à parier que cet « anar rigolard », que cet « homme bon. Généreux, attentif aux autres, soucieux de ses lecteurs » et reconnu même par une presse à priori ennemie (ultime consécration), que ce « journaliste engagé » ne devinsse référence officielle en matière d’histoire de l’illégalisme anarchiste. Car, feu le bougre, dont nous ne pouvons nier le soutien actif à l’anarchie à une époque aujourd’hui révolue, avait la prétention de commettre des études à l’indéniable succès d’estime et de librairie et dont la « minutie » de recherche « relève plutôt d’une thèse universitaire sans en avoir l’ennui ». L’égotique propos, datant du 11 août 1998, est de l’auteur lui-même. Lire le reste de cet article »

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L’honnête au pays des frelons (1)


14 janvier 2012 par JMD

Le 22 mars 1905, Alexandre Jacob est condamné aux travaux forcés à perpétuité. L’honnête cambrioleur est devenu une vedette médiatique et judiciaire. Il doit être jugé une seconde fois à Orléans pour deux cambriolages commis avec son complice Royères (vols Levacher et Benoît) et pour la tentative d’assassinat sur l’agent Couillot qui, le 28 février 1901, avait tenté de l’intercepter dans sa fuite. Royères, arrêté, meurt à la prison de Fontevrault le 06 février 1905. Le transfert de Jacob, de la maison d’arrêt d’Amiens à celle d’Orléans, se fait vers le 6 ou le 7 avril 1905 comme semble l’indiquer le rapport au ministre de la justice, établi le 04 de ce mois par le procureur général Régnault. Alexandre Jacob n’a plus qu’à attendre dans sa geôle sa comparution aux assises du Loiret (24 juillet), puis un nouveau transfert vers Saint Martin de Ré. Cette période marque le début d’une correspondance avec sa mère qui ne s’arrêtera qu’à sa sortie de la prison de Fresnes … en décembre 1927 ! Les premières lettres, celles du « pays des frelons »,  s’étalent ainsi du 08 avril au 11 août 1905. Lire le reste de cet article »

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Où sont les criminels ?


7 janvier 2012 par JMD

L’ardeur prosélyte des compagnons de Germinal s’intensifie à l’approche de l’ouverture des assises d’Amiens. Le journal libertaire apporte dès le départ un soutien sans faille à Jacob et ses camarades (n°4, du 03 au 16 janvier 1905), accusés injustement de meurtre et d’atteintes à la propriété. Le procès à venir est alors l’occasion de développer, hors du palais de justice, tout un arsenal rhétorique pour cautionner l’illégalisme des honnêtes cambrioleurs et surtout pour attaquer l’ordre bourgeois et ses garants. Dans une logique d’opposition manichéenne, les Travailleurs de la Nuit deviennent ainsi des victimes d’une société qui criminalise le refus de la pauvreté. A l’aide d’une actualité, censée révéler la finesse de son analyse, A. Dumont – un pseudonyme ? – inverse les rôles et demande en toute logique où sont les criminels ? Lire le reste de cet article »

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Samedi à IKEA


1 janvier 2012 par admin

Il parait, d’après le catalogue 2012, qu’il se passe toujours quelque chose dans un magasin Ikéa. Il parait aussi que le droit de vivre ne se mendie pas et même qu’il se prend. Mais cela n’est pas écrit dans la très sainte bible consumériste. Cela fut dit en mars 1905 devant un parterre effrayé d’ardents défenseurs de la non moins sainte propriété picarde. Au début de l’année 1954, le cambrioleur en retraite Jacob écrivait à son ami Robert Passas et constatait que le Veau d’or (était) plus puissant que jamais. Et le temps ne fait rien à l’affaire chantait Brassens. Pourtant, il est des moments heureux et caustiques, des petits bonheurs faisant le pied de nez à l’ennui qui peut étreindre celui ou celle (mais en règle générale c’est toujours Monsieur qui pousse le caddy dans nos sociétés si bien structurées) qui arpente, un samedi d’affluence (pléonasme !), l’antre suédoise du meuble et de la décoration intérieure. Et Monsieur notre reporter s’est amusé à prendre la pose, à ouvrir et à faire ouvrir un bien honnête bouquin qui ne se dit pas « krisprolls » en scandinave et qui, lui, n’a pas été fabriqué par des petites mains asiatiques faisant réduire de facto les coûts de production. Lire le reste de cet article »

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La mort volontaire de Marius 2


31 décembre 2011 par JMD

La voix de Robert Passas, lente, grave, émue, est doublement impressionnante. L’ancien instituteur lit des extraits du texte qu’il a écrit pour Défense de l’Homme en septembre 1954. Le timbre trahit une profonde souffrance, une douleur causée par l’absence d’un ami perdu. Mais le tourment qui ne l’a jamais quitté révèle aussi la profondeur des sentiments : admiration, amitié, amour. La mort volontaire de Marius, dernier morceau du cd inclus dans la réédition des Écrits en 2004, sonne finalement comme la conclusion d’un road-movie anarchiste commencée en 1879 dans les quartiers populaires de Marseille et s’achevant dans le hameau d’un village berrichon. Mais, en se suicidant, Marius Jacob laisse derrière lui un ami désemparé  : le hideux voyage s’achève et j’ai froid. Cinquante ans plus tard encore. Vivre libre et Mourir libre toujours. L’hommage est à la mesure de l’ami parfait. Lire le reste de cet article »

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Demandez-le programme !


25 décembre 2011 par JMD

Premier semestre 2012. Camarade citoyen, dans cinq mois environ, tu vas aller faire ton devoir et choisir ton monarque – président en glissant le divin papier dans l’urne démocrate. C’est bien mais tu pourrais faire nettement mieux que de te mettre un collier et de patauger dans la boue électorale. Le droit de vivre ne se mendie pas.  Propre, sans dieu ni maître. Et le droit au savoir va dans le même sens. Le Jacoblog continue son bonhomme de chemin et file tout droit sur sa quatrième année. Pas de promesse de grand soir, ni de lendemain, rose pédalo ou bleu, bleu très foncé plutôt, qui chante, ou plutôt qui déchante, mais des articles, des interviews, des documents presque inédits et plein d’autres choses encore (on attend ta contribution si tu le veux bien) sur l’honnête cambrioleur et ses amis. Voilà ce que nous te livrerons céans, dans les colonnes de ce modeste blog. Lire le reste de cet article »

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La mort volontaire de Marius 1


24 décembre 2011 par JMD

Nous terminons la diffusion des cd accompagnant les Écrits d’Alexandre Jacob. Dans le troisième, issu de la réédition de 2004, L’Insomniaque a caché deux morceaux, chacun de deux donne la parole à un ami de l’honnête cambrioleur lisant des extraits du texte qu’il a pu écrire dans Défense de l’Homme au mois de septembre 1954, soit quelques jours après le suicide l’homme aimé. Ces deux morceaux apparaissaient déjà en 1995. Ils étaient réunis dans le titre Le Marché, saynète de 12 mn environ, narrant entre autre la rencontre entre Robert Passas et le vieux Marius sur un des marchés du Berry. Ici, Pierre Valentin Berthier dit implicitement son admiration pour le justicier et prodigieux Jacob et donne son point de vue sur la reprise individuelle. Jacob devient de la sorte un docteur Schweitzer de l’anarchie dont l’œuvre a valeur de morale de la révolte. Se révolter plutôt que s’indigner et avoir honte d’avoir honte. Lire le reste de cet article »

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Ces gamins féroces de l’anarchie


17 décembre 2011 par JMD

Juin 2010. La France s’apprête à passer sous les fourches caudines du ballon sud-africain. René Furth, lui, fait le compte-rendu de lecture de la réédition des Bandits tragiques de Victor Méric et de la Terreur noire d’André Salmon et note à juste titre le regain d’intérêt pour l’histoire de la violence en politique d’une manière générale, pour celle de l’illégalisme anarchiste en particulier. Encore convient-il de noter, pour faire preuve d’objectivité si tant est que la science historique puisse admettre le principe d’une analyse neutre des faits, que ce mouvement dans le mouvement ne fut ni une dérive et encore moins une « forme marginale ». Lire le reste de cet article »

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L’honnête Cadeau de Noël et de l’ACL


11 décembre 2011 par JMD

On n’imagine pas au Jacoblog un Noël sans Honnête cambrioleur, sans bouquins de l’ACL, sans une pigne sous le sapin. Et, comme chaque année, l’ACL remet le couvert, allume le feu, poélitise nos réveillons, nos agapes et nos consciences aseptisées et indignées. 10 bouquins (à choisir dans le catalogue de l’ACL d’avant 2011) pour 50 euros, nom d’une Pigne ! Autrement dix, si tu fais bien ton choix ami jacoblogueur, tu peux prendre un Honnête Cambrioleur et neuf autres titres pour seulement 50 petits euros qui ne tomberont pas dans l’escarcelle des grands majors de l’édition. Et, pour se les procurer, c’est tout concon la lune : suffit d’aller sur le site de l’Atelier de Création Libertaire et de suivre les consignes. 🙂 Vive les enfants de Cayenne et ceux de l’ACL !

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Le QUIZZ de la lavandière


11 décembre 2011 par JMD

Elle n’est pas bretonne. Elle pourrait être d’ici ou d’ailleurs. Elle est droite, raide comme le bronze coulé de la justice. La belle lavandière s’en va, matin, laver le linge sale de la famille. Tremper, savonner, battre, tordre, frapper, retremper, essorer. Tout cela pour être nickel beau et nickel propre. Tous les jours de la semaine. Elle sue pour les agapes et elle agape the blues. Petite sœur de Gervaise et de Jeanne Marie Le Calvé. Alors, pour souffler un peu entre deux futals, pour reposer ce dos qui lui fait mal, un mal de chien, pour récupérer entre deux chemises souillées, elle feuillète quelques pages de son manuel de droit de vivre. Un livre qu’elle emporte toujours avec elle. Il suffit juste de dire où et il n’y a rien à gagner … même pas du linge propre, lavé, repassé, séché. La belle lavandière a la cosse. Lire le reste de cet article »

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Dernière lettre de Bicêtre


10 décembre 2011 par JMD

Le 22 mars 1905, la cour d’assises de la Somme rend son verdict sur l’affaire des « bandits d’Abbeville ». Sept des vingt-trois accusés (Alcide Ader, Georges Apport, Émile Augain, François Westermann, Émile Limonier, Louis Chalus et Léontine Tissandier) sortent libres du tribunal d’Amiens. Si Joseph Ferrand, condamné à 20 ans de travaux forcés, renonce à faire appel,  dix condamnés (Marie Jacob, Jacques Sautarel, Rose Roux, Léon et Angèle Ferré, Honoré Bonnefoy, Jules Clarenson, François Brunus, François Vaillant et Marius Baudy) se pourvoient en cassation, à l’initiative très certainement de leurs avocats parisiens. Ayant échappé à la guillotine, Alexandre Jacob, dans l’attente de son transfert sur Orléans où il doit être jugé une seconde fois, tient à disculper tant que faire se peut certains d’entre eux, dont sa très chère mère. Sa dernière lettre de la prison de Bicêtre, le 03 avril, est adressée au Garde des Sceaux. Lire le reste de cet article »

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Jacob in The dico


4 décembre 2011 par JMD

Voilà un livre dont on pourra, sous le sapin, se passer aisément. On a vu, on a lu … on n’a rien retenu et Tomalu nous l’avait bien dit.  Que ne l’avons-nous point suivi dans la voie de la sagesse et du bon goût ? Que n’avons-nous pas entendu le propos même de l’éditeur qui, dans les colonnes du Monde Libertaire, en date du 02 au 08 juin 2011, déclare vomir « ce livre qui est une ode au JE, un mépris du NOUS, et surtout une bible de l’innéité pour ce qui concerne la liberté et l’égalité chez les humains » ? L’idée d’un dictionnaire de l’individualisme libertaire, à la première de couverture effectivement plaisante et attractive, était pourtant plus que séduisante. Lire le reste de cet article »

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La rapine au bout du canon


3 décembre 2011 par JMD

L’actualité, tant nationale qu’internationale, aurait pu occulter largement le procès d’Amiens et l’extraordinaire couverture médiatique dont on bénéficié les Travailleurs de la Nuit. En 1905, les yeux du monde, et plus particulièrement ceux de nos bons hexagonaux qui ont souscrit aux fameux et désormais légendaires emprunts,  sont tournés vers la Russie impériale. La puissance de la Troisième Rome apparait dangereusement et doublement chancelante.

Une nation de couleur – le Japon régénéré par l’industrialisation de l’ère Meiji – s’apprête à mettre fin à  l’hypothétique supériorité d’une civilisation blanche. Le 8 février 1904, l’attaque de la flotte russe dans la rade de Port Arthur marque le début de la guerre russo-japonaise. La révolution, à l’intérieur, gronde, prélude à la fin de la dynastie des Romanov, répétition générale avant les évènements de 1917. Lire le reste de cet article »

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Le transporté


27 novembre 2011 par JMD

Nous avons mis en ligne cette chanson, interpétée par Daniel Denécheau et Patrick Denain, une première fois le samedi 18 octobre 2008. Nous ne connaissons pas son auteur. Certains ont pu l’attribuer au bagnard Miet. Elle est écrite vers 1912 et est publiée en 1924 par les soins d’Antoine Mesclon. Mais elle ne semble pas avoir connu un certain succès, les bagnards préfèrant de toute évidence entonner le Chant de l’Orapu. Les éditions L’Insomniaque l’incluent une première fois, en 2000, dans le cd accompagnant le livre Au pied du mur, anthologie de textes sur la prison, puis, en 2004 dans le cd de la réédition des Ecrits de Jacob. Lire le reste de cet article »

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Le procès d’Amiens 2004


26 novembre 2011 par JMD

Détail de la carte postale présentant le transfert de la \Avec la réédition des Écrits de Jacob en 2004, L’Insomniaque a fait le choix de réduire considérablement le nombre de saynètes au profit des chansons que l’on peut entendre dans le cd qui accompagne le précieux et édifiant volume. En retenant le procès d’Amiens, le rôle central que joue cet évènement dans la vie de l’honnête cambrioleur est ainsi en avant. Cette comédie judiciaire révèle à une opinion, nourrie par la grande presse nationale au sentiment d’insécurité, une extraordinaire organisation illégaliste que les tribunaux bourgeois assortis de leurs jurys populaires ont vite fait de transformer en association de malfaiteurs. Ce que sont effectivement les Travailleurs de la Nuit. Jacob, de facto désigné comme chef (ce qui est un comble pour les anarchistes), peut alors entrer en scène et faire le spectacle. Un morceau d’environ 30 mn.

Le procès d\’Amiens 2004

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