Articles taggés avec ‘Dreyfus’

Le Visage du Bagne : chapitre 3 Aux Iles du Salut


mardi 19 septembre 2023 par JMD

La « Loire » s’annonça, par trois fois, en mugissements prolongés ; peu après, elle mouillait ses ancres, après une traversée de quatorze jours[1].

C’était le 13 janvier 1909.

Dans la rade, et en notre honneur, il y avait deux vapeurs côtiers de la Compagnie de navigation guyanaise, toute une flottille de chalands, de canots et de baleinières.

Cette flottille évolua afin d’opérer le débarquement, sous l’impulsion de vigoureux canotiers – forçats qui maniaient les avirons avec une maîtrise consommée. Ces opérations se firent avec lenteur. Une partie du convoi, les relégués, fût transbordée sur les vapeurs plus haut mentionnés, à destination de Saint-Jean-du-Maroni. Les forçats furent dirigés à bord des chalands sur l’ile Saint-Joseph. Nous fûmes placés en files le long d’une route longeant la mer, on nous compta et on nous recompta après des appels successifs.

Ensuite on nous fit ouvrir nos sacs et en étaler le contenu à nos pieds. De nombreux surveillants, casqués et vêtus de kaki, s’empressèrent d’établir un inventaire qui devait réduire singulièrement notre paquetage.

Lire le reste de cet article »
1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (1 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Matricule 37664 : l’archipel panoptique


samedi 26 août 2023 par JMD

Nous pourrions croire le matricule 37664 disposé à la sociopathie au regard des lignes qui précèdent. Nous pourrions l’envisager incapable d’adaptation à la microsociété des hommes punis au regard de celles qui suivent. Rien n’est moins faux et les agissements de l’impulsif Roussenq, les actes du colérique fagot sont pourtant rarement irréfléchis. Et quand ils le sont, il semble se gausser des conséquences.

S’il subit onze longues années de cachots, s’il se vante parfois d’en apprécier leurs « délices »[1] et d’être un « recordman »[2] de l’enfermement, il serait hasardeux pour saisir et affiner la compréhension du personnage d’envisager une vie recluse dans la continuité. Même confiné entre quatre murs, à la réclusion sur l’île Saint-Joseph ou dans les cellules de l’île Royale, les punitions subies pour bavardage prouvent, si besoin est, que le contact social ne peut manquer de s’établir. Tous les moyens sont bons pour briser la solitude forcée et avec un jeu de brindilles, appelé « télé » ou par le biais d’un ami cafard attaché à un fil, on peut entamer une discussion[3], et donc forger un lien social.

Lire le reste de cet article »
1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (1 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

La galère des médecins du bagne


dimanche 20 mai 2018 par JMD

Les revues spécialisées manquent parfois – souvent le coche quand, pour distraire leur lectorat elles abordent le champ historique. L’article vulgarise à l’excès, enfonce des portes ouvertes et finit généralement par charrier les stéréotypes les plus éculés même quand la signature de l’auteur crédite la véracité et le sérieux des faits décrits et analysés. S’il ne bouscule pas la connaissance que nous pouvons avoir du bagne, le papier qu’écrit Bénédicte Vergez-Chaignon, maître de conférence à l’IEP de Paris, sur les médecins du bagne pour Impact Quotidien en 1998 a de quoi relever l’attention des thérapeutes mais aussi la nôtre. L’utilisation du cliché du docteur Léon Collin, représentant une visite médicale au camp de Charvein, avec la mention erronée de la source a réveillé notre œil amusé. Mais, en prenant le court séjour de Louis Rousseau en Guyane comme référence, l’auteur met surtout en lumière la double attitude des hommes chargés de soigner les hommes punis. Ainsi y eut-il ceux qui soignèrent, ceux qui ont vu une réalité qui les révulsa et ceux qui comme Louis Ernest Rousseau constatant l’horreur carcérale et coloniale s’opposèrent à l’Administration Pénitentiaire et dénoncèrent l’œuvre de mort d’un système éliminatoire. Lire le reste de cet article »

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (3 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Panorama de 1903 première


samedi 3 mai 2014 par JMD

NDLR : la nuit du 21 au 22 avril 1903, n’apparait pas dans ce panorama de la revue Gavroche qui permet de contextualiser l’histoire de l’honnête cambrioleur. Ce jour-là,  Echec du cambriolage Tilloloy à Abbeville; «drame» de Pontrémy, l’agent Pruvost est tué par Félix Bour, Jacob est arrêté à Airaisne. Pélissard à Pquigny ;  la bande dite d’Abbeville est progressivement démantelée, le juge Hatté mène l’instruction.

Gavroche n°8, février – mars 1983

Panorama de 1903

La république des radicaux.

Cette année-là, Loubet est Président de la République, dans une Europe qui ne compte que des royaumes. Le radical Emile Combes, porté au pouvoir en 1902[1], à la suite des élections qui avaient vu la victoire de la gauche (Radicaux et Socialistes), poursuit la politique menée par son prédécesseur Wal­deck Rousseau[2], avec l’appui des Socialis­tes. D’ailleurs, dès le 13 janvier, la Chambre élit, parmi ses 4 vice-présidents, un grand tribun, le socialiste Jean Jaurès[3]. Lire le reste de cet article »

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (7 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Une histoire des bagnes en Guyane


samedi 15 mars 2014 par JMD

Gavroche

N°132, novembre – décembre 2003

Archives inédites pour un nouveau regard sur une histoire des bagnes de Guyane

La Boutique de l’Histoire – éditions a publié cet été le livre de Danielle Donet-Vincent « De soleil et de silences – Histoire des bagnes de Guyane ».

Après un livre sur la fin du bagne, en 1992, l’histo­rienne s’est spécialisée dans la transportation colo­niale. Son étude de documents qui n’avaient pas encore été exploités permet d’enrichir la recherche sur ce sujet et d’apporter des témoignages qui ren­dent leur humanité aux acteurs du bagne, condam­nés, surveillants, fonctionnaires, aumôniers des premières années et militants d’une fermeture déci­dément bien longue à obtenir. Mais en a-t-on fini avec l’idée qu’au-delà de la punition nécessaire, c’est encore mieux quand on peut se débarrasser des indésirables ? Le nombre effarant des détenus dans nos prisons montre que la question reste tou­jours actuelle. Lire le reste de cet article »

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (8 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Dix Questions à … Antoine Barral


samedi 16 février 2013 par JMD

Voilà un roman, sorti en 2010, que l’on verrait avec une délectation non dissimulée rentrer dans les annales si tant est qu’une bonne âme littéraire, critique et surtout disposant de conséquents réseaux médiatiques daigne lui donner un petit coup de pouce publicitaire. Et c’est peu dire que les Philopyges d’Antoine Barral le mériteraient amplement. D’abord parce que c’est tout un pan de l’histoire de France que ce polar érotique vient éclairer en vous emmenant dans les sombres coulisses de l’affaire Dreyfus, dans les rues de Paris où les anarchistes ne furent pas les derniers à faire le coup de poing avec une extrême droite revancharde, patriote, haineuse et antisémite. Ensuite parce qu’il s’agit d’un roman où l’aventure se mêle à la drôlerie et à l’érotique sans paraitre pour autant libidineux. Enfin parce que, de parties de jambes en l’air en meeting où souffle l’air d’une révolte sociale et politique, de complots ourdis dans les recoins d’une maison de passes en repas d’esthètes, amoureux de belles lettres et de fesses charnues, nous pouvons croiser une extraordinaire galerie de portraits. Et, parmi ces personnages, réels ou imaginaires, qui ont la fâcheuse manie de se promener dans les rues de la capitale ou ailleurs, un honnête cambrioleur n’y tient certes pas le premier rôle mais occupe assurément une place de choix. Antoine Barral connait visiblement bien son sujet et ce Biterrois d’origine a bien voulu ici répondre à quelques-unes de nos questions. Lire le reste de cet article »

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (5 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Mes bagnards


samedi 14 juin 2008 par JMD

le comandant MichelLES «CONFESSIONS» DU COMMANDANT MICHEL

Le numéro 20 de l’hebdomadaire des frères Kessel, Confessions, donne le 15 avril 1937 la parole au commandant Michel, qui a été directeur du bagne des îles du Salut. L’homme a aussi fait carrière en Nouvelle Calédonie, jusqu’à la fermeture de ces camps des antipodes en 1897. Le propos de l’agent de la Tentiaire, au-delà des aspects sensationnels pouvant émouvoir un lectorat avide d’exotisme à bon marché, nous parait doublement intéressant. Lire le reste de cet article »

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (5 votes, moyenne: 4,80 sur 5)
Loading...
  • Pour rester connecté

    Entrez votre adresse email

  • Étiquettes

  • Archives

  • Menus


  • Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur