Îlet l’Enfant-Perdu : la mort en attendant


Que s’est-il passé sur l’îlet L’Enfant-Perdu au large de Cayenne ? Un coup de folie menant à une rixe meurtrière ? Des bagnards affamés que l’on a oublié de nourrir et qui sont arrêtés à Kourou pour évasion alors qu’ils tentaient d’échapper à une mort certaine après avoir épuisé leurs rations alimentaires ? Il y a sur l’îlot un phare dont doivent s’occuper deux ou trois forçats, isolés du reste du monde. La scénographie se prête ainsi au plus improbable des drames, lui fournissant un extraordinaire huis-clos.

Les mythes et légendes du bagne ont une double utilité. La morbide histoire repousse la velléité d’évasion ou d’opposition du condamné face à l’ogre carcéral ; elle alimente aussi en métropole un fataliste et voyeuriste discours médiatique. Faitdiversification oblige pour reprendre le néologisme inventé par l’historien Dominique Kalifa, les feuilles à cinq sous édifient ainsi un lectorat atterré avec force de prodigieuses et singulières illustrations, avec force de détails tragiques, sanglants et violents. L’imaginaire se nourrit toujours sur la peau du forçat mélangeant allégrement la rumeur et la réalité.

Une révolte éclate sur l’île Saint-Joseph ? Voilà le fantasme anarchiste se transportant outre-Atlantique avec des surveillants lâchement assassinés à coups de marteau par des bagnards en furie comme nous le montre le supplément illustré du Petit Journal en date du 16 décembre 1894. Trois mois plus tôt, le même canard révélait en image une révolte d’anarchistes relégués à bord du vapeur qui faisait la liaison entre Saint-Martin-de-Ré et la Guyane. L’article désignait Vittorio Pini comme l’instigateur du soulèvement alors que l’illégaliste est au bagne depuis 1890 !

Des bagnards cannibales ? D’autres mangés par des requins ou attachés à un arbre et dévorés par des fourmis maniocs ? Des femmes de surveillants séduites par la lie de la société humaine ? Des forçats tirés comme des agoutis et éventrés par un passeur dans une Belle qui ne se passe pas comme prévue ? Des surveillants qui jouent aux dés celui qui revolvérisera le premier fagot venu ?

Ces ahurissantes histoires prennent pourtant pied dans la réalité. Nous avons vu dans les colonnes du Jacoblog l’honnête matricule 34777 cuisinant de la cervelle humaine pour venger la mort de François Salsou, mort à l’été 1901 et dont la tête servit de ballon de football aux squales qui infectaient les eaux des îles du Salut ; le pédophile et ancien curé Sablier a narré au docteur Léon Collin les souffrances endurées à la suite des morsures d’insectes ; les dossiers de surveillants et autres rapports dormant tant aux ANOM d’Aix-en-Provence qu’aux Archives Territoriales de Guyane viennent prouver la fréquence des violences et autres assassinats assermentés. Nombreux sont alors les témoignages venant confirmer Le ou Les évènements survenus au phare de l’Enfant-Perdu.

Frédéric Bouyer, La Guyane française, notes et souvenirs d’un voyage, Hachette, 1867, p.86-89 :

Voici l’Enfant-Perdu[1], écueil isolé, dominant la mer de quelques mètres et sur lesquels déferlent les embruns des lames. Les parents de cet enfant sont là-bas à l’horizon ; ce sont les îles Remire, Le Père, La Mère et Les Filles, qui portaient jadis les noms indiens assez durs à prononcer de Samaoum, Spénézary, Éporcérégéméra. Nous voyons aussi les montagnes de l’île de Cayenne, anciennement appelée Moccumbro d’après les uns et Mattoury d’après les autres. Quant au mot Guyane, il vient du mot indien Guainia, qui, dans la langue des Marsitans, aussi répandue que le caraïbe de l’Amérique équatoriale, est donné au Rio-Négro et aux terres adjacentes.

Les grands navires, c’est-à-dire ceux dont le tirant d’eau dépassait cinq mètres, mouillaient jadis à l’Enfant-Perdu, ne pouvant entrer dans le port de Cayenne. Mais aujourd’hui ils ne peuvent tenir à ce mouillage et vont aux îles du Salut.

G. Verschuur, Voyage aux trois Guyanes et aux Antilles, Hachette, 1894, p.179-180

L’aviso à vapeur Oyapock, de la marine de l’État, part pour Kourou et les îles du Salut. J’ai été présenté au commandant, le lieutenant de vaisseau Bertaud, qui m’offre l’hospitalité de son bord. En quittant la rade vers midi je suis à même d’admirer l’aspect vraiment pittoresque de la ville, dominée par le mont Céperou, et encadrée à l’horizon par des hauteurs verdoyantes. A ma droite quatre îlots émergent de la mer ; ce sont le Père, la Mère et les deux Mamelles. Sur l’ilot de la Mère se trouvait autrefois l’infirmerie des condamnés. Nous piquons tout droit, pour éviter un banc de sable assez étendu, sur un rocher isolé en pleine mer, où l’on a élevé en 1863 un phare à feu fixe ; ce rocher porte le nom de « l’Enfant perdu ». Il est habité par trois transportés arabes, dont la promenade se borne à un espace de quelques mètres, et dont la distraction quotidienne ne peut consister que dans la contemplation de l’océan et l’entretien de leur feu. On leur envoie de temps en temps des vivres et les objets de première nécessité. Autrefois les cavités de ce rocher contenaient quantité de crabes ; aujourd’hui les exilés qui l’habitent doivent se passer de ce régal, la vase molle ayant couvert la base de l’ilot. Ils peuvent faire des signaux avec Cayenne, en cas de mort de l’un d’eux, d’accident ou de manque de vivres.

Auguste Liard-Courtois, Souvenirs du bagne, Fasquelle 1903, réédition Les Passés Simples 2005, p.318-319 :

Bientôt s’aperçoivent les feux du phare de l’Enfant-Perdu, lesquels sont visibles à 10 milles marins et éclairent la route des navires qui ont à s’engager dans cette zone dangereuse. Ce phare est construit sur un rocher élevé de quelques pieds seulement au-dessus du niveau de la mer et d’un diamètre superficiel de 20 mètres environ.

Trois hommes, trois forçats, considérés comme privilégiés, y sont détachés pour l’entretien des feux. Ils vivent seuls sur ce bout de roc sans végétation. Un garde-chiourme y vient une fois par quinzaine pour leur ravitaillement, dont se charge la direction du port, où ces isolés comptent en qualité d’engagés.

« Leur passe-temps, dit le docteur Goureau, est la pêche à la ligne. Il faut que l’instinct de conservation soit bien puissant pour que des hommes acceptent une telle vie sans être tentés à tout moment d’en finir une fois pour toutes et de se jeter dans la gueule des requins qui rôdent continuellement dans ces parages. La mort n’est pas plus horrible que ces longues journées sans espoir.

Ou bien faut-il croire qu’ils espèrent le pardon, qu’ils comptent sur la miséricorde du chef de l’État. Le bon billet ! Comme si les présidents de notre République avaient le loisir de songer aux malheureux qui meurent par ici, lentement, consumés par le soleil, par la fièvre, et par le désespoir… encore plus meurtrier.

Non ! Justement ou injustement les pauvres diables ont été condamnés aux travaux forcés et, jusqu’à leur dernière heure, ils allumeront et éteindront tous les jours le phare de l’Enfant-Perdu: leur supplice ne rappelle-t-il pas l’Enfer du poète ? »

Pour aussi triste qu’apparaisse au docteur Goureau la situation des misérables détachés sur le rocher de l’Enfant-Perdu, cette situation est enviée par les autres forçats. Cette unique constatation suffit pour donner au lecteur une idée de ce qu’est la vie des transportés en général.

Deux hommes rempliraient aisément la tâche de garder le phare et d’entretenir les feux, mais l’Administration a jugé nécessaire de faire occuper le poste par trois condamnés, et cela, semble-t-il, dans le but de prévenir toute tentative d’évasion. Il y a, en effet, généralement sur les trois gardiens du phare un condamné dont la peine est sur le point d’expirer, et qui préfère attendre patiemment sur le rocher plutôt que de s’aventurer follement dans les incertitudes d’une fuite périlleuse. Du reste, ne cite-t-on aucune tentative de ce genre depuis que la garde de l’Enfant-Perdu est confiée à des forçats.

À l’époque dont je parle, un drame qui demeura toujours mystérieux se déroula sur ce rocher.

Un soir, les feux du phare n’ayant point été allumés, un pilote fut dépêché à l’Enfant-Perdu pour connaître la cause de cette irrégularité. Il constata que deux gardiens avaient disparu. Celui qui restait, un nommé Rémon, s’embrouilla dans ses explications, et cela suffit à le traduire devant le Tribunal maritime spécial sous l’inculpation de meurtre de ses deux compagnons. Rémon était un sodomite avéré, et l’on en conclut à un double crime passionnel. Aucune preuve cependant ne put être relevée contre lui ; on n’arracha à l’accusé aucun aveu, mais, de simples présomptions ; on le condamna à trois ans de réclusion… l’agonie est plus longue, mais c’est la mort quand même.

Albert Bordeaux, La Guyane inconnue, voyage à l’intérieur de la Guyane française, Plon, 1914, 6e édition (1906), p.10 :

A deux ou trois heures de distance des îles du Salut, voici un îlot, un rocher qui sort de la mer comme le dos d’un cétacé, mais ce dos est surmonté d’un bâti en bois portant un phare et d’un mât avec un drapeau : une maison minuscule se blottit sous le phare. C’est l’Enfant-Perdu, le rocher balayé des vague qui porte le phare de Cayenne. Le séjour y semble peu réjouissant ; il y a pourtant plus de stabilité que sur le bateau-feu de Surinam. Ici es gardiens du feu sont des forçats, on les relaie tous les mois. Ce poste est une punition ; ils y vivent séparés de leurs semblables. Je ne vois pas pourquoi on les plaindrait : le bateau-feu de Surinam n’est pas une punition.

L’Enfant-Perdu mérite bien son nom, ce nom à l’air romantique. Les Créoles des Antilles ont gardé le goût du romanesque et du suranné dans leurs dénominations.

Louis Roubaud, Le voleur et le sphinx, Grasset, 1926, p.161

Cayenne, août 1925. Un petit archipel de savane, de roches et de cocotiers, brise les lames jaunes à six mille marins devant Cayenne.

Ces « îlets » ont une légende, une sorte de drame de famille océanique, que Duez m’a raconté. Mais je l’ai perdu avec mon cahier de notes. Il y est question, je crois, d’un mauvais ménage, un adultère compliqué d’une querelle d’enfants. Conformément à un vieil usage saramanka, l’épouse coupable fut amputée des deux seins. Dans la bagarre, l’un des enfants fut égaré, l’autre, trop tôt sevré, dépérit et demeura malingre.

Cette sombre histoire a l’avantage de mettre un nom sur chacun des bouts de prairie ou de pierre détachés du continent en vue des côtes de Remire : l’îlet-le-Père, l’îlet-la-Mère, les Deux-Mamelles, le Malingre, l’Enfant-Perdu.

JF Louis Merlet ; Au bout du monde, André Delpeuch éditeur, 1928, p.142-150 :

L’Enfant Perdu

« L’Enfant Perdu », c’est le nom d’un rocher aride surgi de l’océan à quelques milles de Cayenne . Un feu prévient les bateaux de l’entrée de la passe et des grands fonds propices à la manœuvre . D’ailleurs, les navires ne vont pas loin et mouillent au large, car le port est constamment envasé. Digues ou défenses de tous systèmes ont été, les unes après les autres, emportées par des raz de marée .

Pour garder le feu de « l’Enfant Perdu », on a placé deux forçats. Ils reçoivent de la nourriture une fois par semaine . Aux époques équinoxiales le service est moins régulier.

Sur ce roc sans végétation, battu et balayé par les vagues, un drame horrible s’est déroulé .

Je l’ai appris en des circonstance s qui valent d’être rapportées.

J’avais passé une journée torride de novembre avec le médecin-major de Saint-Laurent-du-Maroni, le grand bagne . Il m e fut donné d’admirer la plus curieuse collection d’orchidée s chez ce savant qui trompait son ennui par des recherche s botaniques. J’avais vu des fleurs étranges, depuis celle qui laisse pendre une langue visqueuse et qui mange réellement les insectes se posant sur ses pistils monstrueux , jusqu’aux poussières lumineuse s ramassées au pied des géants de la forêt vierge , et qui vivent de la pourriture des arbres.

Le soir d’un bleu-turquoise tomba sur Saint-Laurent vite endormi .

Une maison , près du fleuve, restait éclairée.

Le docteur et moi, nous y allâmes. Une femme de Déménara était morte et la veillée funèbre réunissait des types hétéroclites et singuliers : les Hindous, serviteurs peu exigeants, des chercheurs d’or de passage et surtout quelques Anglais, hommes et femmes, qui psalmodiaient des chants funèbres.

La bière était posée au milieu de la chambre, à terre , entouré e de cierges qui fumaient. Entre les strophe s liturgiques, les assistants buvaient du whisky . Tout le monde était à peu près ivre. Et, c’est à l’heure trouble de l’aube où la terre fume et quand s’élève l’odeur spéciale de décomposition et de parfums venant du grand bois, que je remarquai , recroquevillé sur lui-même, transi de, fièvre, un malheureux relégué , ancien condamné hors du troupeau . Il attendait le départ du convoi funèbre pour ramasser les miettes de la table, les restes des victuailles laissées par les assistants et boire le fond des bouteilles.

Je lui tendis du tabac .

Il me remercia et ajout a avec ce ton de philosophie désespérée commune à tant de bagnards : « Au moins la vieille est tranquille à présent. Mais nous.. . »

Je lui demandai :

  • Vous n’avez pas de travail ?
  • Il n’ y a rien à faire, ou si peu . Et puis j’ai les fièvres.
  • On ne vous a pas guéri ?
  • Non, ça ne se guérit pas.
  • On vous soigne ?
  • Non. D’ailleurs à quoi bon ? Je suis un ancien fou.
  • Un ancien fou ?
  • Oui. Mais j’ai tout e m a raison aujourd’hui . Ne croyez pas que je veux vous intéresser à mon sort. J’ai trente-cinq ans de Guyane . J’ y suis venu à vingt ans pour meurtre . Je me suis évadé trois fois ; mourant de faim, je suis revenu au camp… Mais vous devez me connaître. On a dû vous parler de moi . Je suis le survivant de « l’Enfant Perdu »… le fou… Vous ne me comprenez pas ? LE FOU. »

Je regardai l’homme au visage émacié , sabré de rides. Ses yeux brillaient comme des braises. Les lèvres, décolorées et minces, gardaient un sourire ambigu .

  • Comment vous appelez-vous?
  • Peu importe ! On m’ a baptisé ici « Thomas le fou ». L’autre nom n’appartient qu’ à moi .
  • Je n’ai jamais entendu raconter quoi que ce soit à votre sujet.
  • Vous ne savez pas l’histoire ?
  • Non.
  • Alors, régalez-vous; mais vous me paierez de la quinine. Vous demanderez au major une boîte de lait. Vous habitez chez lui; c’est facile.
  • Je vous le promets.
  • Eh bien, voici : après trois ans de sagesse, je fus désigné avec un camarade pour « l’Enfant Perdu ». Un bateau nous déposa sur le roc lors d’une relève de deux « travaux » qui s’étaient assommé s au cours d’une bataille. Je vous demande un peu.. . sur ce rocher!

« Les hommes, ici, perdent la boule ! On nous laissa avec des provisions et la consigne formelle concernant le feu. Nous étions maîtres de ce domaine étroit et solitaire, où le vertige vous saisit, au bruit constant de l’océan souvent furieux. La cabane abritant nos lits de fortune était couverte de tôle. Lors des grosses pluies, quelle musique ! Nous occupions nos journées à tresser des corbeilles, à faire des chapeaux, à réparer des vêtements. L’Administration variait le travail. Au crépuscule , chaque jour, nous allumions notre feu qui commande l’entrée de la rivière de Cayenne. Quelquefois, un cargo s’arrêtait au large . Rarement une embarcation se détachait pour venir vers nous. Quelquefois, cependant, par curiosité, des visiteurs s’approchaient. Nous recevions ainsi (mais c’était rare) quelques douceurs, car on savait que sur le rocher de 1’« Enfant Perdu » vivaient deux condamnés.

« Mon copain avait une idée fixe, faire réviser son procès. Il se prétendait innocent. On n’est pas innocent, on est malheureux . Voilà ! Le pauvre bougre passait des heures à rédiger des mémoires, vivait taciturne, parlait peu. C’était un ancien notaire . Moi, j’avais fait jadis une année de droit. Avant les accidents qui m’ont conduit ici, je passais pour une forte tête, mais bien doué. Ça ne m’ a pas servi, comme vous le voyez.

« Un soir, la mer devint mauvaise . Les lames grossissaient d’heure en heure . A nuit close, 1’ « Enfant Perdu » était envahi par le flot. Les vague s se brisaient avec un bruit mat dans un éclaboussement d’écume , et avec une telle violence que notre cabane en fut ébranlée , inondée , et qu’il fallut monter dans l’armature qui supportait le feu.

« Le camarade , muet, tremblait de tous ses membres. Dans le ciel, une lune éclatante apparaissait entre les nuage s chargés. Pendant une éclaircie, à notre stupeur, nous aperçûmes des requins que le flot avait jetés sur le rocher. Ils nous flairaient, ouvraient leur gueule si fortement dentée… , puis la vague les remportait.

« Alors, mon compagnon descendit des piliers de fer où nous étions accrochés et courut vers le bord extrême du rocher. Il criait : « Au secours ! » d’une voix effroyable qui rappelait le cri des chiens hurlant à la mort… Il allait, venait, sautait par-dessus les requins, entre deux mouvements de lames… J’ai assisté jusqu’au matin à ce spectacle hallucinant.

« L’océan se calma . Le soleil éclaira bientôt le désastre causé par la tempête . Il ne restait rien de la cabane . J’essayai de rejoindre mon camarade . Il était armé d’une barre de fer que l’océan furieux avait arraché e de la bâtisse. Dès qu’il me vit, il marcha su r moi, menaçant . Alors, quand il fut à quelques mètres, je m’aperçus que ses yeux étaient hagards et qu’il avait perd u la raison. Il disait, en me désignant : « Le requin ! le requin ! » Je tentai de le maîtriser. Ce fut peine perdue . Nous roulâmes à terre ; il me mordait, la bouche écumante… Alors… je l’ai étranglé.. . Oui, m’étant brusquement dégagé , je le saisis à la gorge et je

serrai, je serrai jusqu’ à ce que son corps convulsé tombât, pareil à un paquet de hardes.

« Que se passa-t-il ensuite, je l’ignore . Quan d je sortis de ma torpeur, j’étais dans une cellule, à l’hôpital. Je restai hébété pendant deux années.

« Après… la mémoire me revint. Je racontai le drame. On daigna me croire . Ces histoires ne s’inventent pas. J’avais fait vingt ans de bagne. On me lâcha dans Saint-Laurent où me voici… en attendant que j’aille aussi dormir comme la femme de Démérara. »

A ce moment , quatre Indiens Saramaccas, portant le cercueil, franchirent la porte de la maison. Le cortège se forma et le convoi se dirigea vers le cimetière .

L’homme de 1’« Enfant Perdu » se taisait. Il regardait s’en aller la morte et gardait à la main son grand chapeau de paillasson.

Charles Péan, Terre de bagne, La Renaissance Moderne, 1933, p.202-203

J’ai dû rester assez longtemps plongé dans mes réflexions, car nous doublions déjà le phare de l’Enfant Perdu lorsque j’entendis mon hôte de Cayenne qui me rappelait aux réalités. Il me disait :

  • Nous aurons belle mer, car il n’y a pas trop d’écume blanche sur ce rocher.
  • Mais pourquoi l’appelle-t-on l’Enfant Perdu?
  • C’est toute une vieille légende : l’Ilot-Le-père et l’Ilot-La-mère[2] se seraient disputés, et leur enfant se serait égaré… C’est une curieuse histoire, mais en tous cas, ce nom s’applique bien à ceux qui vivent là : autrefois, on n’y laissait que deux forçats pour entretenir le phare ; mais un jour il y eut une tempête, et l’un d’eux, subitement devenu fou, se précipita sur son compagnon pour l’étrangler, en hurlant : « les requins ! les requins ! » L’autre, se voyant ainsi menacé, saisit une barre de fer et assomma le pauvre dément… qui de fait fut mangé par les requins. Maintenant il y a là trois forçats. Une semaine, on oublia de les ravitailler : la semaine suivante, lorsque la chaloupe arriva, on découvrit que l’un était mort de faim, que l’autre avait perdu la raison, et quant au troisième, transporté à l’hôpital, il y mourut bientôt après.

Mon interlocuteur me quitte, et je reste un moment anéanti par son récit. Je regarde le feu rouge de ce rocher qui n’a pas dix mètres de long, et qui peut bien compter trois ou quatre mètres de large. Trois hommes ont à passer des mois entiers sur ce rocher… des forçats, trois enfants perdus.

René Belbenoit, Les compagnons de la Belle (Dry guillotine), Les éditions de France, 1938, p.201-204

A Cayenne tout revêt un aspect fantastique. Il s’y passe des choses qui ne peuvent arriver que dans cette colonie où rien n’est normal.

A quatorze kilomètres au large de Cayenne, sur récif de quelque cinquante mètres de circonférence, se dresse le phare de l’Enfant Perdu. Il indique aux navires l’entrée du chenal et est en même temps l’un des feux les plus importants de cette partie de la côte sud-américaine. Il fut le théâtre d’un incident dramatique qui eut des répercussions internationales et illustra d’une façon frappante le relâchement des consciences en Guyane.

Le phare de l’Enfant Perdu a toujours pour gardiens trois forçats. Au milieu du mois de mars un des forçats tomba malade. Ses camarades hissèrent le signal de détresse et le lendemain la vedette du port vint le chercher. Selon les règlements on aurait dû pourvoir sur-le-champ au remplacement de cet homme. On n’en fit rien et les deux autres forçats ne protestèrent pas car ils espéraient bien se partager la paye du troisième gardien.

Les jours s’enfuirent. Avril vint. En général on ravitaillait les gardiens entre le premier et le quinze du mois. Le quinze avril passa sans qu’on songeât à eux. Comme leur compagnon leur avait laissé ses provisions, ils se dirent que les autorités les croyaient abondamment pourvus. Mais ils avaient fait ripaille et ils n’avaient plus que deux jours de vivres. Ils hissèrent de nouveau le signal de détresse afin de rafraîchir la mémoire des gens de Cayenne. La vedette n’en demeura pas moins invisible ce jour-là et le jour suivant. Le signal de détresse flottait toujours au sommet du phare. L’anxiété s’empara des deux gardiens. Maintenant leurs provisions étaient épuisées et ils en furent réduits à manger des coquillages qui, par bonheur, abondaient sur ce rocher désolé, battu par les tempêtes. Le 23 passa, le 24… puis le 25, et, le 26. Rien en vue ! Alors ils n’eurent plus ni allumettes, ni essence pour allumer la lampe du phare. Ils eurent beau faire, dans la nuit du 27 l’Enfant Perdu resta enveloppé de ténèbres ! Deux jours passèrent encore. La vedette du port de Cayenne ne se montrait toujours pas. Que pouvait-il bien se passer ? A terre on n’avait pas été sans remarquer que le phare de l’Enfant Perdu était éteint depuis trois jours et le signal de détresse déjà hissé depuis plus d’une quinzaine. Enfin, le trente avril, la vedette se dirigea vers le phare. Elle s’en approcha de très près, mais la mer était si mauvaise qu’elle ne put aborder et fit demi-tour.

Le 1er et le 2 mai passèrent. Les deux hommes abandonnés continuèrent à chercher des coquillages au risque d’être emportés par les vagues qui déferlaient sur le rocher. Ils n’attendaient plus aucun secours de l’extérieur. Le feu mort ne comptait plus pour eux. D’ailleurs, ils étaient impuissants à lui rendre la vie et la seule chose qui leur importait, c’était de se sauver avant de mourir de faim. Ils prirent une décision héroïque, héroïque parce que l’un d’eux ne savait pas nager et qu’il fallait un courage peu banal pour affronter une mer démontée. Plutôt que de périr sur le rocher de l’Enfant Perdu, ils résolurent de gagner le continent sur un radeau qu’ils confectionnèrent avec le bois de la cabane où ils vivaient au pied de la tour. Le 6 mai, après avoir attendu toute la journée du secours, ils estimèrent qu’il n’y avait plus à hésiter. Ils mirent le radeau à l’eau au moment où le soleil disparaissait derrière l’horizon. La mer était si forte qu’elle retourna leur esquif à deux reprises et faillit les engloutir.

Au milieu de la nuit, après des heures de lutte contre les vagues, ils atteignirent la terre ferme. Ils étaient complètement nus, car ils avaient laissé leurs vêtements au phare pour réduire les risques de noyade. Ils passèrent la nuit sur la plage sans savoir où ils étaient. Les moustiques profitèrent de l’aubaine et s’en donnèrent à cœur-joie avec les malheureux. Dès l’aube ils s’enfoncèrent dans la jungle. Au bout de quelques heures ils débouchèrent sur la route coloniale, la fameuse « route zéro », tout près d’un poste de gendarmes. Ils racontèrent leur histoire aux gendarmes qui, après les avoir réconfortés, les emmenèrent à Cayenne où on les envoya directement à l’hôpital non sans les mettre aux arrêts pour désertion de poste. Un de ces forçats qui s’appelait Job eut l’audace d’exposer son cas à la Commission Internationale des Phares. Il en résulta une enquête et de sérieux ennuis pour la Guyane française. On envoya Job au camp Kourou purger les quatre derniers mois de sa peine, mais il ne s’en tira pas à si bon compte et on le garda là-bas jusqu’à sa mort. Son compagnon obtint la remise de sa peine et de son doublage et on l’autorisa à retourner en France. On lui pardonna parce qu’il n’avait pas cherché à étaler ce scandale aux yeux de la civilisation !

Paul Roussenq, Le Visage du Bagne,  camp de Sisteron en 1941, CIAP de Saint-Laurent-du-Maroni

Chapitre 18 Diversités

À quelque distance de Cayenne, se trouve le phare de l’Enfant perdu. Il s’élève en pleine mer sur un roc émergeant qui fait partie d’une trilogie nominative qui en fait comprendre la naïve appellation. En effet, non loin de là se situent l’ile Père et l’ile Mère – deux minuscules ilots.

Trois forçats, choisis parmi des volontaires, sont les gardiens de ce phare – planté sur un roc si étroit, qu’il l’englobe presque totalement.

Le personnel du phare est ravitaillé par les soins de l’Administration du Port de Cayenne qui a la charge des transportés qui le composent.

Ces derniers sont particulièrement soignés, en raison des services qu’ils rendent.

Ils ont tout à volonté et au choix pour tout ce qui touche à l’alimentation – c’est tout dire. Il y a un four bâti dans le phare, où les forçats-gardiens cuisent leur pain.

Cependant, le ravitaillement est souvent aléatoire. A cet endroit la mer est furieuse ; il faut profiter d’un rare moment d’accalmie pour aborder le phare : quelquefois le canot ravitailleur ne peut remplir sa mission pendant de longues semaines. Pendant ce temps, les Robinsons du phare sont isolés du reste du monde. C’est pourquoi ils ont toujours des vivres de réserve à leur disposition. Le phare de l’Enfant perdu a été le théâtre d’un terrible drame mystérieux.

On s’aperçut une nuit que la lampe de reconnaissance n’avait pas été allumée ; elle ne le fut pas davantage les nuits suivantes.

Lorsqu’on put aborder, une quinzaine de jours plus tard, un tragique spectacle s’offrit à la vue des témoins horrifiés : deux hommes entrelacés gisaient inertes dans une mare de sang coagulé, le troisième gardien demeura introuvable.

On supposa, d’après l’autopsie, que les antagonistes s’étaient mutuellement et simultanément donnés la mort sous les yeux de leur compagnon – lequel, devenu fou, avait dû se précipiter à la mer.

Éric Fougère, Le grand livre du bagne, Orphie, 2002, p.133

Le phare de l’Enfant Perdu sera gardé par des condamnés vivant dans la plus complète solitude. Un des deux gardiens, devenu fou, se serait précipité sur l’autre afin de l’étrangler. L’agresseur aurait alors été tué sous la menace. On raconte aussi qu’ayant oublié de ravitailler d’autres gardiens, l’un aurait sombré dans la folie tandis que deux autres auraient péri d’inanition.

Bernard Montabo, Le grand livre de l’histoire de la Guyane, Orphie, volume 2, 2004, p.487 :

Le phare de l’Enfant Perdu

Le Phare de l’Enfant Perdu, un îlot éloigné des côtes, était gardé par des bagnards, généralement deux. L’isolement était leur lot, nul, besoin de garde chiourme. Le bureau de Cayenne était chargé du ravitaillement. Ce dernier dépendait de l’état de la mer, parfois très mauvais de mai à juillet, d’une part et, d’autre part, du bon vouloir des fonctionnaires souvent enclins à « oublier » les deux réprouvés, perdus sur l’océan, sans moyen de communication et pourtant chargés d’une mission de la plus haute importance : la prévention des naufrages ou, tout au moins, des échouages. Certains « gardiens » seraient, dit-on, devenus fous à force de solitude.

Plus tard, le phare fut équipé d’installations automatiques et ne connut que rarement la présence humaine.

Blog de Marie-Odile et Philippe, 30 mai 2016

Depuis le XVII° siècle, le rocher de l’Enfant perdu servait déjà comme point de repère pour les vaisseaux de fort tonnage arrivant dans la rade de Cayenne. En raison des brisants et des bancs de vase, notamment à marée basse, les bateaux mouillaient au large de cet amer en attendant la haute mer leur permettant ainsi de se rapprocher de la ville. Par très grosse mer, ils devaient aller se réfugier aux Îles du Salut. Ce n’est qu’à la fin de l’année 1863 que le gouverneur Tardy de Montravel inaugura ce phare à feu fixe construit en deux ans par les forçats sur ce gros monticule rocheux qui surplombe la mer de quelques mètres.

En 1906, Albert Bordeaux qui avait fait le voyage en bateau depuis Saint Nazaire écrivait dans son ouvrage, la Guyane inconnue :  » A deux ou trois heures de distance des îles du Salut, voici un îlot, un rocher qui sort de la mer comme le dos d’un cétacé, mais ce dos est surmonté d’un bâti en bois portant un phare et d’un mât avec un drapeau : une maison minuscule se blottit sous le phare. C’est l’Enfant-Perdu, le rocher balayé des vagues qui porte le phare de Cayenne. Le séjour y semble peu réjouissant ; il y a pourtant plus de stabilité que sur le bateau-feu de Surinam. Ici les gardiens du feu sont des forçats et on les relaie tous les mois. Ce poste est une punition ; ils y vivent séparés de leurs semblables. Je ne vois pas pourquoi on les plaindrait : le bateau-feu du Surinam n’est pas une punition ».

Ce phare était en effet très utile en raison de la ligne de brisants et des très nombreux bancs de vase qui aboutissaient souvent à des échouages. Les conditions pour accoster sur ce récif ne sont pas toujours simples, même parfois aléatoires, en raison de la mer souvent démontée et des grosses vagues qui balaient les abords de ce rocher de moins de un hectare, complètement dépourvu de végétation.

Cet îlet, situé à environ 11 km au nord-ouest de Cayenne, dépend administrativement de la commune de Macouria. On le rattache à la famille des Îlets de Rémire-Montjoly dont la légende est rappelée[3]. Il est aujourd’hui toujours en fonctionnement même s’il est maintenant automatisé, comme quasiment tous les phares du monde. C’est le service des phares et balises, rattaché à la direction de la mer qui en a la gestion.

Depuis son inauguration à la fin de l’année 1863, ce phare a subi de nombreuses réparations, mais aussi de notables travaux d’amélioration. Du reste, on le constate sur les quelques gravures et photos de cet article. C’est le service du Port qui entretenait ce phare et l’administration pénitentiaire mettait le personnel, composé de trois forçats, pour l’allumage du feu.

En effet, une décision du gouverneur Tardy de Montravel du 20 novembre 1863 mettra à disposition du service local trois transportés chargés de la surveillance et de l’allumage du feu du Phare de l’Enfant-perdu. Une autre décision du 6 juin 1864 chargera la direction du Port du soin des envois à faire à ces hommes. Enfin, une autre décision du nouveau gouverneur Antoine Favre en date du 12 septembre 1864 fixera les diverses prestations, tant en vivres qu’en deniers, à délivrer aux trois transportés chargés de la surveillance et de l’allumage du feu du phare de l’Enfant-perdu, prestations à partager entre les services de l’administration pénitentiaire et ceux du service local.

En 1894, G. Vershuur dans son livre intitulé « Voyage aux trois Guyanes et aux Antilles », raconte « Nous piquons tout droit pour éviter un banc de sable assez étendu, sur un rocher isolé en pleine mer, où l’on a élevé en 1863 un phare à feu fixe ; ce rocher porte le nom de « l’Enfant-perdu ». Il est habité par trois transportés arabes, dont la promenade se borne à un espace de quelques mètres, et dont la distraction quotidienne ne peut consister que dans la contemplation de l’océan et l’entretien de leur feu. On leur envoie de temps en temps des vivres et des objets de première nécessité ».

En 1905, on installera sur l’Enfant-perdu une grue à potence pouvant supporter 300 kg pour la fixer sur l’arche et on y construisit un petit hangar sur le budget du service local. Le service local avait en outre la charge d’octroyer une gratification aux « allumeurs » du phare.

Cette gravure d’Edouard Riou représentant le phare de l’Enfant perdu est extraite de l’ouvrage de Frédéric Bouyer « La Guyane Française, notes et souvenirs d’un voyage exécuté en 1862-1863 ». Dans ce livre, l’auteur précise qu’en 1863, un phare à charpente de fer a été élevé sur l’Enfant-perdu. C’est un excellent relèvement pour attérrir et entrer de nuit dans Cayenne.

En 1929, une décision du gouverneur Bernard Siadous précise les conditions de ravitaillement du phare de l’Enfant-perdu et des responsabilités qu’engageraient l’inexécution des instructions données à cet effet. L’article 1er de cette décision du 8 juin indique que « l’équipe des gardiens du phare comprend trois transportés ; elle est renouvelée par tiers de telle sorte que la durée du séjour de chaque homme sur l’îlot n’excède pas trois mois. Autant que possible ces transportés seront choisis dans une liste de 6 hommes habitués au service du phare ».

Cette décision prescrit les responsabilités des services concernés, notamment le lieutenant du Port qui doit prévoir la date des ravitaillements que lui communique l’administration pénitentiaire ainsi que le ou les hommes à embarquer, le service des travaux publics duquel est rattaché le service du Port pour l’entretien du phare et de ses annexes, l’administration pénitentiaire pour assurer la relève et le ravitaillement et enfin les responsabilités des gardiens.

Outre l’allumage du feu et de l’utilisation des différents signaux selon les circonstances, les gardiens bagnards devaient aussi établir un rapport chaque mois pour le gouverneur établissant les faits significatifs et les remarques qu’ils jugeaient bon de transmettre à l’autorité supérieure. La décision du 8 juin 1929 détaillait aussi la ration mensuelle de nourriture d’un forçat sur le phare.

Le 17 août 1934, le feu fixe rouge du phare installé au sommet de la tour en maçonnerie sera remplacé par un feu à éclats blancs, fonctionnant au gaz, d’une portée de 15.000 milles par temps moyen. Fin 1937 début 1938 on reconstruira le logement pour les gardiens du phare mais en béton armé. Lorsque le bagne fermera définitivement en Guyane, après-guerre, ce ne seront plus des transportés mais des personnels civils qui assureront le fonctionnement du phare. Les deux gardiens seront relevés tous les mois avec un ravitaillement tous les quinze jours.

En 1960, un mur de protection sera édifié entre le phare et la maison des gardiens afin de casser les déferlantes qui inondaient le rocher durant la mauvaise saison. Ce mur de protection ne sera jamais totalement terminé. Eu égard aux mauvaises conditions de sécurité, les gardiens seront retirés définitivement du phare de l’Enfant-perdu en 1971.

Les conditions d’accès étaient parfois telles durant les fortes houles que la relève et le ravitaillement n’étaient pas possibles. En effet, le canot ou la chaloupe assurant la relève devait se tenir à distance des rochers de l’Enfant-perdu. Les vivres comme les hommes étaient hissés avec la potence mobile fixée sur l’arche, comme on peut le voir sur la photo ci-dessous.

Pour les forçats, cette mission sur cet îlot perdu était très difficile et apparaissait comme une punition. Du fait de l’isolement, du grondement incessant des vagues venant se fracasser sur les rochers, de la relève qui n’était pas toujours assurée en raison des difficultés d’accès par mer forte, et donc du ravitaillement qui tardait pour les mêmes motifs, il y eut de nombreux suicides parmi les transportés chargés de cette pénible tâche.

Une fois, l’on oublia de ravitailler les trois gardiens. L’un d’entre eux mourut de faim et faute de combustible, le phare cessa d’éclairer. Les deux survivants confectionnèrent un radeau de fortune qui les amena s’échouer sur la côte non loin de Kourou. Les deux transportés furent arrêtés par les gendarmes pour désertion de poste.

http://delaunay-kourou.over-blog.com/2016/05/le-phare-de-l-enfant-perdu-au-large-de-cayenne.html

Wikipédia / article L’Enfant perdu

Il y a sur l’îlot un phare. À l’époque du bagne, des prisonniers y étaient laissés pour en alimenter le feu pendant la nuit. Un jour, l’administration pénitentiaire les oublia. Le phare resta éteint et personne ne s’en aperçu. Affamés, les hommes construisirent un radeau de bois et rejoignirent le rivage. Arrivés à Cayenne, ils furent capturés… On les condamna pour évasion. (Ian Hamel, Les Guyanais, Français en sursis ?, 1979, p. 40)


[1] En 1863, un phare à charpente de fer a été élevé sur l’Enfant-Perdu. C’est un excellent relèvement pour atterrir et entrer de nuit à Cayenne.

[2] Ce sont deux toutes petites îles au sud de Cayenne

[3] Les îlets de Remire-Montjoly se sont formés il y a 150 millions d’années à partir d’une roche volcanique. Ces petites îles sont au nombre de six : Le Père, la Mère, les Mamelles, le Malingre. On associe aussi l’Enfant perdu qui se trouve plus au large en face l’estuaire de la rivière de Cayenne. Selon la légende, le nom de ces îlets aurait été donné suite à un raz-de-marée qui aurait surpris une famille (Le Père et la Mère) qui se promenait en bateau avec leurs deux filles (les Mamelles) et leur serviteur (le Malingre). Ils s’échouèrent dans l’embouchure du fleuve Mahury. Seul leur fils dériva au large de Cayenne, il prit alors le nom de l’Enfant perdu. Excepté l’Enfant perdu qui est rattaché à la commune de Macouria, les cinq autres îlets dépendent de la commune de Cayenne, même s’ils sont géographiquement positionnés face à Remire-Montjoly.

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