Vol à Chartres


Il parait douteux que les Travailleurs de la Nuit ne soient passés qu’une seule fois par la capitale de la lumière et du parfum. La préfecture d’Eure et Loire qui compte 23481 habitants en 1901 est en pleine expansion, notamment depuis l’ouverture, soixante ans plus tôt, d’une ligne de chemin de fer qui la relie à Paris. On peut alors trouver de riches demeures en pays beauceron. C’est encore le premier point de passage, à moins de 100 km de la capitale, pour une tournée vers l’ouest, « se terminant par La Roche-sur-Yon, en passant par Angers, Le Mans, Nantes ». La description du vol commis à Chartres entre le 23 décembre 1901 et le 2 janvier 1902 à l’occasion de la 3e audience du procès d’Amiens, le 10 mars 1905, nous permet d’affiner le mode opératoire des cambrioleurs anarchistes aidés aussi, il convient de le noter, par la négligence de la victime. Le butin n’est pourtant pas conséquent. Ferrand, Henry et Baudy ont poursuivi leur besogne sur Angers. Alexandre Jacob a prétendu avoir participé à ce cambriolage. Mais l’instruction parvient facilement à démonter ses affirmations. Ce n’est effectivement que vers avril-mai 1902 qu’il revient sur Paris après avoir séjourné à Bordeaux puis à Toulouse, à la suite du vol Bourdin commis rue Quincampoix six mois auparavant.

Archives de la Préfecture de Police de Paris

EA/89, dossier de presse « La bande sinistre et ses exploits »

3e audience, 10 mars 1905

Vol à Chartres

Le 23 décembre 1901, M. Rouard, propriétaire à Chartres, quittait cette ville pour se rendre à Paris. Le même jour, sa domestique, avec son autorisation, se rendait dans sa famille. Le 2 janvier, rentrant avant ses maîtres, cette fille constatait que la maison avait été cambriolée.

Les malfaiteurs s’étaient introduits en escaladant un mur de 2,20 mètres de hauteur et en faisant sauter la gâche de la serrure d’une porte conduisant à la cave et à la cuisine. Toutes les clefs ayant été laissées sur les portes, les malfaiteurs avaient pu opérer rapidement. Un secrétaire au rez-de-chaussée, au premier étage, une armoire à glace, trois bureaux secrétaires, une commode et deux placards avaient été fracturés. Une table à écrire style Louis XV avait été complètement brisée. Dans la cuisine, les voleurs avaient allumé une lampe à pétrole, une lampe à l’huile, et avaient descendu un bougeoir en faïence pris dans une chambre du premier étage, ce qui semblait démontrer qu’ils étaient trois ; une chaise qui se trouvait ordinairement dans le vestibule fut retrouvée dans la cuisine, où se trouvaient déjà deux autres chaises.

Une paire de boutons de manchettes en or, une chaînette de cou en or, une bague de femme avec brillant, une loupe à deux verres, une loupe à verre unique, une paire de ciseaux, un médaillon en argent, quatre boutons de chemise en or, et une paire de chaussettes en  coton avaient été dérobés.

Ce vol, dont Ferrand se reconnaît l’un des auteurs, a été commis au cours d’une tournée commençant par Chartres et se terminant par La Roche-sur-Yon, en passant par Angers, Le Mans, Nantes.

Gabrielle Damiens a déclaré qu’il était accompagné de Baudy et d’Henry.

Jacob a prétendu, lui aussi, avoir fait partie de cette expédition mais rien n’est venu confirmer sur ce point ses aveux, dont la sincérité peut être suspectée.

Jacob s’est rassis. On introduit M. Rouard.

Le témoin raconte le vol dont il fut victime.

Ferrand avoue et Baudy nie avoir participé à ce cambriolage.

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