Voleur, menteur et Vosgien


Nom : Bernard. Prénoms : Charles Nicolas. Profession : voleur. Il est à peu près sûr que le passif du susnommé ne plaide pas en sa faveur lors de son procès aux assises de Nancy le 28 mars 1900. Le Rambuvetais y est jugé pour le vol commis à Rosières aux Salines huit mois plus tôt chez le rentier Marchal. Le larcin avait rapporté quelques 120000 francs en valeurs. Deux des complices se sont fait rapidement pincer, l’un à Paris le 30 juillet 1899, l’autre peu de temps après. De Besançon où il a appris la nouvelle de leur arrestation, Bernard a fui vers la Suisse. C’est à Zürich qu’il est alpagué le 3 décembre, avec sa compagne, le père de celle-ci et une autre femme, par les forces de l’ordre helvètes.

Bernard fait partie de ces multirécidivistes que la troisième République espère bien éliminer en les envoyant expier leurs crimes et délits en Guyane. Né à Rambervillers, entre Epinal et Saint Dié, le 31 mai 1874, il est condamné une première fois le 07  septembre 1894 à trois mois de prison à Belfort pour abus de confiance. C’est encore la même accusation qui est confirmée un peu moins de deux mois après sa libération par le tribunal de Mirecourt. Mais la peine prononcée par le tribunal vosgien est le double de celle subie à Belfort. Cela ne décourage de tout évidence pas le jeune Bernard. Le tribunal d’Orange rajoute le 21 février 1895 quatre mois supplémentaires pour escroquerie. Le tout jeune majeur est ensuite immédiatement incorporé dans les bataillons d’Afrique pour trois ans à la suite d’un vol commis sous les drapeaux et d’une désertion. Là, le tribunal de Tunis lui inflige une peine de deux ans de prison pour vol le 28 novembre 1896. Mais l’escarpe vosgienne s’évade de Biribi et nous le retrouvons une fois encore devant le tribunal de Nancy le 25 février 1897 ; il est condamné à six mois de prison pour vol et escroquerie. Dix mois plus tard, le même tribunal lui inflige une peine de quinze mois de prison pour abus de confiance. Bernard est condamné à 15 ans de travaux forcés pour le coup monté à Rosières aux Salines. Fin de carrière.

Son cas dépasse largement le cadre de la délinquance, petite, moyenne ou grande. Le dossier du voleur, conservé aux Archives départementales de la Meurthe et Moselle et fort de quelques 12000 pièces, constitue même une des pièces de la démonstration de Vivien Bouhey visant, en 2008, à établir un très improbable complot anarchiste international pour le compte d’une très subjective thèse universitaire (voir article Haro sur le Bouhey dans les colonnes de ce blog). Car Charles Bernard ne comparait pas seul pour le jugement de cette affaire. Cinq co-accusés se tiennent avec lui devant les jurés. Quatre hommes et deux femmes ont donc à répondre de l’accusation de vol qualifié, complicité de vol qualifié, abus de confiance et complicité, recel et association de malfaiteurs : Fernand Prévalet, 23 ans, typographe ; Schouppe Julienne, 18 ans, fille de Placide Schouppe et amante de Bernard ; Tempéré Jeanne, 25 ans, modiste ; Desmons Bernard dit Del Ribo, colporteur ; et  surtout l’illégaliste Placide Schouppe. L’instruction a montré des ramifications à Londres, à Bruxelles et à Zürich. Un autre (Mayer Alfred, 25 ans, sans profession) est en fuite. Bernard a la langue bien pendue ; les interrogatoires de la police nancéenne montrent une évidente culpabilité. Est-ce pour cela que l’homme cherche à alléger son cas ?

Charles MalatoDans le dossier d’instruction de l’affaire figure une liste, donnée par Bernard à la police, d’une quarantaine d’individus mentionnés comme anarchistes connus par lui, en France et au-delà. Dans cette liste, apparaissent les noms de Malato (dont on retrouve dans ce dossier d’instruction une courte correspondance avec Placide Schouppe), mais aussi de Siméon Charles (désigné par Bernard comme fabricant principal à Paris du matériel pour cambrioleurs) et de Jules Lemaire (gérant de journal libertaire amiénois Germinal à partir de novembre 1904).

Bernard affirme également avoir assisté dans le local du journal Le Peuple à de nombreuses conférences au cours desquelles les orateurs de l’anarchie Sébastien Faure, Constant Martin (le fameux père Lapurge), Matha, Compain et Libertad prirent souvent la parole. Ce dernier est même l’objet d’une convocation dans les locaux de la Sûreté parisienne pour s’expliquer sur le fait d’avoir hébergé Del Ribo en fuite.

Toujours dans le même dossier, la Sûreté révèle la tenue à Zürich d’une « réunion secrète » au mois de novembre 1899 chez le compagnon Antonio Gagliardi, originaire du canton du Tessin et ici retranscrit par la maladroite dextre policière « Gailliardi », en vue de la préparation d’un attentat à la bombe devant perturber l’exposition universelle de Paris à venir. Il est encore précisé que l’anarchiste, connu pour apporter son aide aux proscrits, serait « en relation avec un nommé Malatesta l’un des chefs de groupes anarchistes italiens et suisses ». Le cas du voleur Bernard permettrait, dans le cadre d’une analyse, peu critique et très paranoïaque, des sources policières de mettre effectivement en lumière des réseaux internationaux agissant. Il va de soi que cette hypothèse nous parait très critiquable. Car ne serait-il pas plus judicieux d’entrevoir, dans le dossier Bernard, la psychose de l’insécurité et de la propagande par le fait d’une part, et, de l’autre, la dénonciation affabulatrice par le voleur vosgien de militants de premier et de second ordre dans l’unique but, non de se disculper, mais d’alléger son cas en servant d’indicateur. Bernard se servirait alors des réseaux de relation de son beau-père Placide Schouppe, voleur et illégaliste anarchiste de renom.

De la Guyane où il purge sa peine, le fagot Bernard écrit, en 1903, une lettre au ministre des colonies dans laquelle il raconte, « à tort ou à raison, qu’il a été initié dans le métier de cambrioleur par Jacob avec qui il a fait un grand nombre de méfaits ». Quel crédit pouvons-nous accorder à la nouvelle dénonciation de Bernard, le sachant rompu à de telles pratiques ? Grâce à la délation, les bagnards obtiennent en effet de nombreux avantages : adoucissement de peine, ration supplémentaire, suppression de corvée, etc. Il est  alors troublant de voir apparaître dans le dossier d’instruction de Bernard les noms de personnalités proches d’Alexandre Jacob. Nous n’accréditons pas pour autant la thèse d’une internationale noire de la pince monseigneur.

Si le lien qui unit Bernard à Schouppe est indéniable, à aucun moment en revanche le nom d’Alexandre Jacob n’est cité dans le dossier d’instruction du juge nancéien en 1900. De plus, la concordance des temps pose problème. En effet, Bernard est condamné à quinze mois de prison par le tribunal de Nancy le 16 décembre 1897 pour abus de confiance et commet le vol aux Rosières aux salines au mois de novembre 1899 (avant d’être jugé une nouvelle fois au mois de mars 1900). Dans ce laps de temps, Alexandre Jacob fait ses premiers pas dans l’illégalisme anarchiste à Marseille (1897 : arrestation pour fabrication d’explosif ; 31 mars 1899 : vol du mont de piété ; avril 1900 : évasion de l’asile de Montperrin à Aix en Provence). Il apparaît donc difficile d’imaginer une rencontre entre les deux voleurs et encore moins une quelconque initiation du Vosgien par le Marseillais au monde des pègres.

Néanmoins les informations données par Bernard mettent en relief un réseau dans lequel Alexandre Jacob a très bien pu évoluer par la suite puisque l’on retrouve les noms de Siméon Charles, de Jules Lemaire ou encore de Marocco qui, à Londres, écoule les titres volés. Le juge d’instruction Hatté, qui mène l’enquête en vue du procès de la « bande d’Abbeville », démantelée progressivement après l’arrestation de Jacob à Airaisne en 1903, retient en tout cas la dénonciation de Charles Bernard alors que le sétois Ernest Saurel, ami de Caserio chez qui Jacob avait formé sa première brigade de Travailleur de la Nuit n’est jamais inquiété par dame Justice malgré la lettre d’accusation envoyée en 1904 par un dénommé Salvatore. Le « drame de Pont Rémy » (nuit du 21 au 22 avril 1903) ayant « ému » l’opinion publique à la suite de la mort de l’agent Pruvost tué par Félix Bour, le cas Jacob doit fatalement être chargé. Le propos de Charles Bernard alimente donc l’hypothèse d’un Alexandre Jacob chef anarchiste influent, « leader charismatique » et bandit des plus dangereux. Les propos du commissaire Girault d’Abbeville, enquêtant pour le juge Hatté, vont également dans le sens d’un organisateur hors pair, sachant diriger et mener ses hommes. Mais ni le juge Hatté, ni le commissaire Girault n’ont une connaissance pointue du fait anarchiste. Celui-là va même, dans ces rapports, mêler l’honnête cambrioleur Jacob à Ravachol, guillotiné en 1892 alors que le premier n’a que 13 ans ! La question qui doit donc être posée est celle de la connaissance par Bernard de la geste « jacobienne » à Marseille et des cambriolages commis par les Travailleurs de la Nuit.

Charles Bernard purge sa peine de 15 ans de travaux forcés en compagnie de son beau-père Placide Schouppe. A l’île Saint joseph, Arthur Roques, le complice de Jacob dans l’affaire du Mont de Piété de Marseille, se lie d’amitié avec ce même Placide Schouppe. Le lien Bernard-Schouppe-Roques explique de fait la lettre de dénonciation que le premier envoie à la justice française dans le cadre de l’affaire Jacob. Remarquons enfin que Placide Schouppe, avant de s’évader une 1ère fois de Guyane en 1891, s’intègre avec son frère dans la bande d’illégalistes que les anarchistes italiens Pini et Parmeggiani organisent à Paris en 1887. Jean Graves, dans ses souvenirs donne un portrait peu flatteur des frères Schouppe même s’il apparaît certain que devant les jurés qui les condamnèrent, ils ne firent guère preuve d’ardeur militante, contrairement à Pini : « Ce ne fut que plus tard que j’appris, qu’associés avec les frères Schouppe, Pini et Parmeggiani formaient une bande de cambrioleurs dont les opérations se chiffraient par centaines de mille de francs. Ces Schouppe, parait-il, se targuaient d’être anarchistes mais, en réalité, ils n’étaient que des jouisseurs et de vulgaires voleurs. De leurs fructueux vols, je n’ai jamais entendu dire que la moindre partie soit allée à une œuvre de propagande ». Les lettres de Schouppe à Malato, conservées dans le dossier Bernard, tendent à prouver contrairement à ce qu’affirme le pape de la rue Mouffetard que le beau-père du voleur vosgien est bien un libertaire.

L’amitié qui unit Schouppe à Roques permet alors à Bernard d’espérer adoucir son sort de bagnard en donnant sur Jacob des informations erronées, fausses et diffamatoires. Si le crime ne paie pas, la délation non plus parfois et c’est sur la Terre de Grande Punition que le voleur, menteur et vosgien Charles Bernard finit sa douloureuse expérience de l’expiation à la française.

Tribunal de Nancy

1899

Vol de 120000 francs

Le 10 juin 1899, vers 7h1/2 du soir, un individu, reconnu dpuis pour être un nommé Bernard Charles, réussit à éloigner de son domicile, M. Marchal, rentier, à Rosières aux Salines, en lui faisant croire qu’un nommé Berthold Messer, – dont il lui remettait la carte de visite imprimée, – était chargé d’une commission pour lui de la part d’un de ses frères de Fametz, et en lui donnant rendez-vous à la gare, entre les trains de 9h23 et 9h35. A son retour, vers 10h1/4, M. Marchal constata que des cambrioleurs avaient profité de son absence pour pénétrer  chez lui à l’aide d’escalade et d’effraction, avaient éventré son coffre-fort, y avaient dérobé pour 120000 francs environ de valeurs au porteur, enfin lui avaient soustrait divers effets et quelques bijoux.

L’un des auteurs de ce vol est sûrement le nommé Bernard,Charles Nicolas, âgé de 25 ans, né à Rambervillers le 21 mai 1874, fils d’Alexandre et de Marie Louise Joséphine Pilot et dont la photographie est ci-contre. Il faut noter toutefois que, le 10 juin, il était rasé et ne portait qu’une petite moustache.

Son signalement est le suivant :

Taille 1m69 à 1m70. Cheveux châtains, coupés en brosse. Petite moustache blonde. Front fuyant. Grands yeux marrons. Nez effilé. Figure allongée. Joues creuses. Teint pâle, mat, jaunâtre. Lèvre inférieure proéminente. Menton bi-lobé. Assez beau garçon, maigre, mais bien charpenté. Regard dur, en dessous. Air intelligent. Ton impérieux. S’exprimant bien. Ayant suivi les cours d’une école professionnelle. Ancien sergent de chasseurs à pied, ayant servi en Algérie et aux Colonies.

Bernard a voyagé en Belgique, en Hollande, en Algérie et peut-être en Amérique, car il s’est vanté d’avoir été plusieurs fois à New York. Il a manifesté l’intention de partir pour les Indes anglaises ou néerlandaises.

Il a l’habitude de changer de noms et, lors des faits qui ont motivé sa dernière condamnation, il a dit successivement s’appeler de Villantroy, Mathieu, Keesmaecker Albert Emile, né à Maestrickt, Drosz, Richard, né à Solingen (Prusse), Vermesch, Vinger ou Morel. Il s’intitulait marchand de vins, voyageur de la maison Peugeot, ingénieur à Ghlins et Anvers ou encore avocat à Lille. Sa spécialité jusqu’ici consistait à voler des bicyclettes, des tricycles à pétrole et des automobiles. A rechercher particulièrement parmi les cyclistes fréquentant les vélodromes.

l\'oeil de la policeRapport du commissaire Girault

Abbeville, 18 juin 1903

Pour faire suite à mes rapports des 22 et 23 avril dernier et à celui du 1er juin courant, relatif à l’arrestation et à la procédure en instruction contre les cambrioleurs anarchistes, Jacob dit Escande, Pélissard dit Edme et Bour dit Hercelin ou « Le petit Blond » « le Môme » qui ont tué un de  mes agents et blessé grièvement mon brigadier de police en gare de Pont Rémy, près Abbeville, le 22 avril dernier.

J’ai l’honneur de rendre compte à Monsieur le Préfet que j’adresse à Monsieur le Directeur de la Sûreté Générale, le rapport suivant :

Il résulte d’une longue déclaration faite par le nommé Bernard (Charles) condamné à quinze ans de travaux forcés par la cour d’assises de Nancy en 1900, en même temps que le célèbre cambrioleur anarchiste Placide Schouppe, que l’inculpé Jacob, dit « Le Marseillais », dit « Escande », le chef de la bande d’Abbeville, a participé à de nombreux cambriolage commis tant en France qu’en Belgique.

Bernard vient de faire cette déclaration à la Guyane où il subit sa peine.

Le dossier où il commente ses exploits et ses relations comporte plus de soixante-dix pages. Il a été transmis au parquet général d’Amiens par la Chancellerie.

Bernard raconte à tort ou à raison qu’il a été initié dans le métier de cambrioleur par Jacob avec lequel il a fait un grand nombre de méfaits.

Bernard s’était marié avec la fille de Schouppe. Il partage les idées de son beau-père.

Schouppe parait également avoir été en relation avec Jacob. Il est d’ailleurs venu opérer dans la région il y a une dizaine d’années et c’est lui qui a cambriolé à Abbeville dans la nuit du 14 au 15 août 1592, l’immeuble de M. Flandrin, ancien juge  où il a été soustrait pour près de 500000 francs de bijoux et de valeurs.

En résumé, Bernard, Schouppe, Jacob, Bour, Pélissard, Ferret, Ader et autres non encore désignés, paraissent avoir eu des relations plus ou moins directes et sous le couvert d’idées libertaires, ils ont, pendant de nombreuses années, commis une succession ininterrompue de crimes de droit commun.

Dans sa déclaration, Bernard parait également incriminer d’autres individus et l’on parle même, à tort ou à raison, de l’anarchiste Libertad, qui est fort connu par ses conférences.

Inclus, je joins copie d’un signalement important transmis le 15 novembre 1899 par M. le juge d’instruction de Nancy qui contient des renseignements sur Bernard dans le sens que j’indique.

L’instruction suit son cours normal pour la bande d’Abbeville.

Il serait certainement intéressant au point de vue de la Sûreté générale de connaître toutes les ramifications et tous les liens communs qui unissent ces malfaiteurs, et, c’est pourquoi l’information ouverte devrait porter non seulement sur tous les faits portant strictement sur le coup de la loi pénale mais encore sur les faits accessoires qui peuvent justifier certaines surveillances.

Le commissaire de police

Giraud

Pièce jointe au rapport

Tribunal de Nancy

Le nommé Bernard Charles, auteur principal du vol de 120000 francs qui a été commis à Rosières aux salines (arrt de Nancy) et qui fait l’objet de ma circulaire du 20 juillet dernier, est toujours en fuite. On a cependant retrouvé traces de son passage

1°) A Paris, où il a habité, un mois environ, sous le nom de Jacquet Victor, rue Pascal 39, en compagnie d’une jeune fille, âgée de 18 ans environ, blonde, assez grande et mince, paraissant s’appeler Julienne Sauvager, mais répondant aussi au prénom d’Adrienne ou de Valentine.

2°) A Rouen, où, sous les noms de Barthelmes et de (Lamberjack ?), il s’est présenté, le 9 août, au Grand Hôtel d’Angleterre, avec un tricycle à pétrole, marque « Gladiator » moteur Hasler, et accompagnée d’une jeune fille, âgée de 30 ans ou plus, brune assez grande, où il est revenu cette fois avec un jeune homme âgé d’une trentaine d’années, taille 1m75 à 1m78, très maigre.

3°) A Besançon, où, les 9 et 10 septembre 1899, il a pris le nom de Bréard, et d’où il s’est enfui, dès qu’il a appris l’arrestation de ses complices, Prévalet et Del Ribo. Il s’est rendu également à Amiens où il est en relation avec des anarchistes, et il fait de fréquents voyages en Angleterre et en Belgique. De plus, il est établi qu’à Paris, dans la première quinzaine d’août, il a dérobé au préjudice de Mme Bijou, Bd Arago n°1, un trocycle d’une valeur de 1750 francs, (très probablement celui avec lequel il s’est rendu à Rouen) et que vers la même époque, il a tenté de voler une bicyclette à Duclair, dans les environs de Rouen.

Enfin, il est affilié à une bande d’anarchistes cambrioleurs et de faux monnayeurs.

Il est certain que pour dérouter les recherches, Bernard Charles change constamment de nom. Il s’attribue, en outre, les professions les plus diverses, telles que officier de réserve et professeur, mais il prend plus ordinairement celle de voyageur de la maison Peugeot, ou de coureur de la maison Gladiator. Il lui est arrivé aussi de déclarer que son frère habitait Valenciennes, et était fabricant de bicyclettes.

Le moyen le plus sûr, semble-t-il, d’arriver à l’arrestation de ce malfaiteur, extrêmement habile et dangereux, est de le signaler dans les principaux hôtels et surtout aux marchands d’automobiles et de bicyclettes, chez qui il ne manquera pas de se présenter à nouveau.

Prière en conséquence de vouloir bien aviser ceux-ci et de laisser même entre leurs mains une reproduction de la photographie de l’inculpé.

Prière en outre de surveiller d’une façon spéciale les individus voyageant en automobile ou en bicyclette, et fréquentant les vélodromes, car Bernard a toujours une ou plusieurs bicyclettes avec lui. Voir ci-contre sa photographie.

Son signalement est le suivant :

Taille 1m69 à 1m70, cheveux châtains, coupés en brosse, ne porte qu’une petite moustache, nez effilé, figure allongée, joues creuses, teint pâle, mat, jaunâtre, lèvre inférieure proéminente, menton bi-lobé ; assez beau garçon, maigre, mais bien charpenté ; regard dur, en dessous ; air intelligent, ton impérieux, s’exprimant bien, ayant suivi les cours d’une école professionnelle ; ancien sergent de chasseurs à pied, ayant servi en Algérie et aux colonies.

Sources :

–          Archives Départementales de Meurthe et Moselle, 2 U 1557, 2 U 1558

–          Archives Départementales de la Somme, 99M13/2 : suspects anarchistes (affaire Jacob)

–          Archives Départementales de l’Hérault, 4M1318

Claude Barousse, Paroles de forçat, Acte Sud, 1988

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