Cayenne


Parabellum, maxi 45 tour, 1986Lave-toi la bouche, Les Amis d\'ta Femme, 2000« Jeunesses d’aujourd’hui ne faites plus les cons car pour une simpl’ conn’rie on vous fout en prison ! » Les paroles de Cayenne sont, aujourd’hui encore, d’une brûlante actualité. Le gamin de la cité a remplacé l’apache du boulmich. Au début du XXe siècle, le sentiment d’insécurité, largement entretenu par la grande presse de la Belle Epoque, stigmatise tout un arsenal de lois répressives aboutissant à la criminalisation de la jeunesse délinquante des boulevards parisiens, mais aussi de la pauvreté sociale et du monde des marginaux. Celle de 1885 ouvre la chasse aux multirécivistes. La Guyane peut alors accueillir quelques 10000 relégués de cette date à la fermeture définitive, en 1953, des prisons coloniales. La chanson Cayenne, dont l’auteur reste anonyme, a connu depuis de nombreuses reprises. Une des dernières en date provient de l’île de Beauté. Mort aux tâches prend les airs d’une dénonciation féroce et caustique d’une partie de la jeunesse dorée corse, ralliée par désoeuvrement et par racisme, aux actions nationalistes des multiples canaux historique ou autres. C’est l’énergique punk-rock de Parabellum qui popularise en 1986 un texte narrant à l’origine la triste et navrante histoire d’un honnête maquereau ayant refroidi un client violent et récalcitrant. Une histoire d’honneur qui voit son héros aller finir sa vie à Saint Jean du Maroni, lieu d’expiation où sont envoyés les « pieds-de-biche » de la relégation, ou ailleurs. L’appellation Cayenne est générique. Le mot désigne le bagne dans son ensemble alors que l’on trouve des bagnes partout en Guyane et que Cayenne n’en est pas le principal. En criant « Les crabes à la mer », Schultz – le chanteur des Parabellum – fait allusion à la haine qu’a pu soulevé la violence des gardiens de prisons envers les transportés. Le crabe, c’est le chaouch, le garde-chiourme, l’agent de la Tentiaire. Quatorze ans après Parabellum, la version des Amis d’ta femme remplace cette phrase par : « Une seule solution : c’est la Révolution ! ». Le groupe Nancéen a rajouté aussi un couplet. Dans tous les cas, on peut toujours entendre crier de temps à autre : « Vive les enfants d’Cayenne ! A bas ceux d’la Sûreté ».

Cayenne

parabellum-cayenne2

vacances-cayenne

Je me souviens encore de ma première femme
Elle s’appelait Nina, une vraie putain dans l’âme!
La reine des morues de la plaine Saint-Denis,
Elle faisait le tapin près d’la rue d’Rivoli!

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

Ell’ aguichait l’client quand mon destin d’bagnard
Vint frapper à sa porte sous forme d’un richard…
il lui crachat dessus, rempli de son dédain,
Lui mit la main au cul et la traita d’putain.

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

Moi qui était son homme et pas une peau de vache,
Moi qui dans ma jeunesse les principes d’un apache,
‘sortis mon 6’35, et d’une balle en plein coeur
Je l’étendis raide mort et fus serré sur l’heure!…

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

Aussitôt arrêté, ‘fus mené à Cayenne.
C’est là que j’ai purgé le forfait de ma peine…
Jeunesse d’aujourd’hui, ne faites plus les cons,
Car pour une simpl’ conn’rie, on vous fout en prison !

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

Si je viens à mourir, je veux que l’on m’enterre
Dans un tout p’tit cimetière près d’la porte Saint-Martin,
Quatr’ cent putains à poil viendrons crier très haut :
« C’est le roi des julots que l’on mène au tombeau! »

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

Sur ma tombe on lira
Cette glorieuse phrase
ecrite par les truands
d’un très haute classe :
Honneur a la putain
Qui m’a donné sa main,
Si je n’etais pas mort
Je te baiserais encore »

Pas de grâce,
pas de pitié
pour toutes ces bandes de lâches
et ces bandes d’enculés

Mort aux vaches!
Mort aux condés!
Viv’ les enfants d’Cayenne!
A bas ceux d’la sûreté!

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2 commentaires pour “Cayenne”

  1. gump dit :

    les crabes à la mer … (les crabes ) c’est comme ca que ont appelai les gardien de prison breton à cayen .Ils avait un sale réputation les bougres !

  2. JMD dit :

    en argot, le crabe désigne effectivement le garde-chiourme, le maton. Ici l’emploi de ce terme semble indiquer que la chanson a bien été écrite durant l’entre-deux-guerres.

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