Souvenirs d’enfance


Marseille par Lacaf et MoriquandLa jeunesse d’Alexandre Jacob ne fut certainement pas celle retranscrites par M.M. Thomas et Caruchet. Il convient d’écarter les images d’Epinal faisant du petit marseillais un stéréotype du lumpenprolétariat phocéen marqué notamment par l’alcoolisme du père (Joseph). C’est d’ailleurs ce qu’écrit le vieux marchand forain à Jean Maitron en 1948 dans les Souvenirs rassis d’un demi siècle : « Ma prime enfance fut heureuse ». C’est encore ce qui transparaît dans la correspondance que Jacob entretient en 1953 et 1954 avec Josette Passas.

le petit Jacob avec une \Samedi 17 octobre 1953 : Je comprends la curiosité, je ne la blâme pas. (…) Quand j’étais petit ? Je me rappelle, comme si c’était à présent, que, à l’âge de trois ans, j’avais grimpé à l’échelle posée contre le mur d’une maison qu’on venait de construire à la Belle de Mai (quartier de Marseille) et qu’un tas de voisin était affolé de crainte que je ne tombe. Une voisine, une Italienne, avec une réelle précaution est venue me prendre et me descendre. Après, jusqu’à six ans, je ne me rappelle plus rien.

 

Jacob mousse  Vendredi 12 février 1954 : Alors nous en sommes à mes souvenirs d’enfance à six ans. Nous habitions au 9 de la rue d’Aubagne, en plein centre, près de la place Saint Louis, place aux fleurs. Mon père, lui, naviguait alors à (…) Fabre, sur la cote de Guinée d’où il m’avait rapporté une chèvre du Dahomey le petit papa. Nous étions au cinquième étage, tu vois d’ici un cheval dans un trois pièces. Elle était toujours fourrée sous les fourneaux, des bouts de charbon de bois allumés lui tombaient sur le poil. Elle ressemblait à une hyène. Alors moi, imaginatif, je dis à l’école que j’avais un tigre à la maison. Le jeudi suivant, ce fut une procession de gosses qui venaient voir le tigre. Ma mère était furieuse mais au fond elle rigolait. Jusqu’au maître qui est venu tant par curiosité que pour m’engueuler, me reprocher de mentir. Gros embarras pour la maison, mon père donna la chèvre à un patron boulanger. J’en fus malade trois mois, je ne sais plus de quelle maladie – je les ai eues toutes – du chagrin d’être séparé de mon tigre. Il n’y a pas de tigre au Dahomey, encore même aujourd’hui. Je croyais au tigre car, enfin, pourquoi mon père aurait-il pris une chèvre dont il y a tant de spécimens en France. Dès six ans, mes parents me prenaient avec eux au théâtre, au Gymnase où on jouait surtout l’opérette. C’est pourquoi je connais tout le vieux répertoire : (Andrax), (…), Labiche etc, etc… A huit ans, j’ai été amoureux d’une voisine de onze ans. Elle s’appelait Augustine Charpentier. Le jeudi, nous allions au Pharos dans une barque pour la tirer à terre. Et on jouait à papa maman. Mais sans succès. Ni elle, ni moi ne savions comment on faisait l’amour. On s’embrassait et on se chatouillait, c’est tout. A neuf ans, j’étais enfant de cœur à l’église alsacienne de la rue des vertus. Je savais manipuler l’encensoir, répondre à la messe pour teinter la clochette çà l’élévation. Mais sans conviction religieuse. Je prenais cela pour une distraction. Dix ou onze ans plus tard, je cambriolais la sacristie. Maigre butin. A onze ans (septembre 89), je passais le certificat d’étude, mention passable. En décembre de la même année, j’embarquai comme mousse à bord du Thibet

Tags: , , , , , , , , ,

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (1 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Imprimer cet article Imprimer cet article

Envoyer par mail Envoyer par mail


Laisser un commentaire

  • Pour rester connecté

    Entrez votre adresse email

  • Étiquettes

  • Archives

  • Menus


  • Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur