Voleurs et volés


Germinal, n°11, 19-25 mars 1905Peu de plumes nationales sont venues prêter main forte aux camarades picards soutenant l’action des Travailleurs de la Nuit jugés du 08 au 22 mars 1905 au palais de justice d’Amiens.  Avec Le plus voleur des deux, Albert Libertad donnait, dans le n°11 de Germinal, une vision duale d’un procès où la justice sociale n’a pas vraiment le droit de cité. L’article Voleurs et volés, dans le même numéro de cette feuille anarchiste, reprend lui-aussi le principe d’une opposition entre la majorité asservie et la minorité possédante se rebellant sous les traits de l’illégaliste Jacob. Mais la confrontation, au regard de l’actualité internationale, et en particulier des évènements révolutionnaires russes, ne peut être que violente  … et porteuse d’espoir. Le ton se fait même messianique, l’auteur, un dénommé Souvarine, prophétisant en conclusion « une aurore nouvelle (…) où il n’y aura plus ni juges, ni volés, ni voleurs ».

Nous ne savons pas avec exactitude qui se cache derrière cette signature. Le pseudonyme est plus que probablement emprunté à Emile Zola. Dans le treizième opus de la série des Rougon Macquart, Germinal,  écrit en 1885, l’écrivain social démocrate présente l’anarchie sous les traits de Souvarine, exilé nihiliste russe, préférant l’attentat, la peur et la destruction à l’action collective pour secouer les masses. Malgré cette vision partisane de l’idée libertaire, le personnage marque les esprits et il n’en faut pas moins pour que l’on retrouve son nom un peu partout. Ici, deux possibilités s’offrent à nous.

Peut-être s’agit-il de cet ouvrier serrurier, Eugène Borda, né à Montaigu en Vendée le 23 octobre 1860. Un rapport de police en date du 21 novembre 1893 le qualifie d’ « anarchiste dangereux, capable de se livrer aux dernières extrémités ». Il est certes vrai qu’il faut relativiser le propos policier, toujours enclin à surestimer volontairement la capacité de nuisance des individus repérés comme anarchistes pour mieux réprimer le mouvement libertaire, surtout en pleine période de propagande par le fait. La condamnation de Borda à deux ans de prison pour excitation au crime de meurtre, le 18 mars de cette année, justifie néanmoins le rapport des forces de l’ordre. Il est vrai que le discours de Borda, prononcé à Trignac le 23 octobre 1892 et rapporté dans Le Progrès de Nantes en date du 13 novembre suivant, parait pour le moins explicite, justifiant de fait des poursuites judicaires :

« Mais poignardez donc le patron. Enfoncez-lui le couteau dans la gorge ! Retournez le fer pour jouir de son agonie ! Volez-le donc ! Pillez-le donc ! Est-ce que c’est un vol de piller et de voler le patron ? ».

Borda, surnommé Souvarine ou encore Beck, multiplie à cette époque les condamnations pour vols, vagabondage et filouterie d’aliments. Nous ignorons ce qu’il devient par la suite même s’il est possible que, une dizaine d’année plus tard, sa signature ait pu se retrouver dans le journal anarchiste d’Amiens pour soutenir Alexandre Jacob et ses camarades illégalistes. Nous devons toutefois nous étonner d’une aire géographique relativement limitée à la Vendée et à la Loire Atlantique ; celle-ci prenant à défaut l’hypothèse que Borda soit l’auteur de l’article Voleurs et volés. Le ton nettement plus modéré de ce papier, qui regrette malgré tout « d’avoir recours à des moyens d’intimidation tels que la bombe ou le revolver », nous oriente encore sur un autre possible auteur.

Le dictionnaire International des militants anarchistes, que l’on peut consulter sur le web, signale qu’Octave Jahn collabore en 1915 à la revue mexicaine Ariete sous le pseudonyme de Souvarine. L’homme, né à Cherbourg le 10 février 1869, est un militant propagandiste reconnu et surveillé. Il réside à Marseille une première fois en 1895 puis une seconde d’avril 1898 à mars 1899. A cette date, le jeune Alexandre Jacob, aidé de son « professeur de cambriolage » Arthur Roques mais aussi de son père Joseph et de l’anarchiste Morel, commet le fameux coup du Mont de Piété dans la cité phocéenne. Il est d’autant plus possible que Jahn et Jacob se soient fréquentés que le premier fait partie de l’équipe du Libertaire migrant de mars à juin 1898 dans le Midi et prenant la suite de l’éphémère Agitateur auquel a collaboré le second. Jahn est l’auteur, nous disent les travaux de René Bianco sur le mouvement anarchiste dans les Bouches du Rhône, de nombreuses conférences en 1897 et 1898 à Marseille.

Notons encore qu’en 1899 Jahn réside à Paris dans le quartier de la Goutte d’Or, soit le même que celui de l’hôtel de la Clef  où se retrouvaient certains des Travailleurs de la Nuit. En 1901 et 1902, il travaille comme commis à Angoulême. Au début de l’année suivante, Jacob, Ferré et Bour passent par cette ville, où ils dévalisent la demeure de M .Ripoteaux, après s’être rendu à Cholet, Niort et Rochefort où fut cambriolée la demeure de Pierre Loti. Les circonstances sont troublantes et, dans ces conditions, Jahn – Souvarine a très bien pu livrer au journal Germinal d’Amiens en 1905 cet article où il ferait sienne cette « haine [de Jacob] pour tous les jouisseurs qui écrasent les malheureux de leur morgue autoritaire ».

Germinal

N°11

Du 19 au 25 mars 1905

VOLEURS ET VOLES

A l’heure où les éternels volés de Russie sont en train de régler terriblement le compte des gros propriétaires voleurs et des grands-ducs assassins ; à l’heure où les dépêches nous apprennent que « des hordes de moujiks, des bandes affamées de plusieurs milliers de paysans, en pleine révolte parcourent le pays, saccagent les châteaux et les maisons des propriétaires terriens, brûlant et pillant, sans qu’aucune force puisse leur être opposée » ; à l’heure où les voleurs de la Mandchourie payent leur audace et leur barbarie par des ruisseaux de sang et des milliers de cadavres ; à cette même heure se joue au Palais d’Injustice d’Amiens une sinistre comédie, entre voleurs et volés, que l’on a mis près de deux ans à machiner.

Douze possédants vont juger 23 personnes accusées d’avoir dépossédé rentiers, magistrats, officiers, curés et autres parasites plus ou moins malfaisants.

Généralement, c’est un plaisir pour un bourgeois, de distribuer des dizaines d’années de prison ou de bagne aux malheureux qui viennent échouer sur les bancs de la Cour d’assises ; mais, il faut croire que la crainte est le commencement de la sagesse, car, cette fois, la composition du jury n’a pas été sans tiraillements.

Serait-il vrai, comme on le dit, que Jacob a encore des amis libres qui pointent soigneusement les faits et gestes des jurés et s’apprêtent à en tirer vengeance ?

Il est certainement regrettable d’avoir recours à des moyens d’intimidation tels que la bombe ou le revolver, mais si cette peur salutaire avait pour résultat de faire réfléchir les jurés, ils seraient forcés de se rendre l’évidence des faits. Ils verraient clairement le bateau pharamineux qu’on a monté et dont on veut les rendre complices. Ils se refuseraient à appliquer les lois scélérates que les jurés parisiens ont condamnées, il y a dix ans, lors du procès des Trente. Où sont les preuves de la fameuse association de malfaiteurs ? Qui est le chef ? Où sont ses lieutenants ? Jacob, anarchiste, ne peut être chef. Le roman soutenu par la presse vendue s’écroule. Les 20000 pièces de procédure sont un fatras d’immondes rapports de toutes les infâmes boites â police de France et de Navarre.

Il apparaît clairement aujourd’hui que la fameuse bande contient plus d’innocents que de coupables, juridiquement parlant.

Jacob, Ferrand, et tous ceux qui ont agi, ont le courage de revendiquer hautement leurs actes et même de s’en glorifier. Ce sont des hommes comme on n’en connaît plus parmi la bourgeoisie de la décadence ; des hommes dont la graine fera la grande liquidation finale quoi qu’en puissent dire les timorés de tous les partis. Mais tout cela est loin de prouver la culpabilité des Ader, Brunus, Sautarel et autres. Il est facile aux accusateurs de dire : « ils ont fait ceci, ils ont fait cela » mais les preuves ? Ils sont anarchistes, amis de Jacob, ils ont déjà été accusés, condamnés même, ils approuvent la théorie de Proudhon : « la Propriété c’est le vol ». Sont-ce là des preuves ? Mais, nous aussi, nous approuvons Proudhon et admirons le courage, l’intelligence et l’attitude de Jacob que nous considérons comme un des nôtres. Nous voudrions le mieux connaître pour l’aimer davantage, car, si son cœur déborde de haine pour les pires ennemis du Peuple, c’est qu’il est plein de la pitoyable bonté qui fait le fond de tout anarchiste conscient. Oui, vils bourgeois, plus on aime les déshérités de la vie, plus on ressent de haine pour tous les jouisseurs qui écrasent les malheureux de leur morgue autoritaire.

Et c’est cette haine sainte que nous semons partout contre vos turpitudes et vos crimes.

Assez longtemps vous avez trompé le Peuple ; assez longtemps vous avez réussi à lui faire croire que le volé était le voleur. La vérité éclate aujourd’hui aux yeux de tous, le prolétariat s’éveille, il lit, il écoute, il réfléchit, il voit clair. Il sait que la Propriété c’est le vol ; or, si la propriété c’est le vol, celui qui porte atteinte à la propriété ne porte atteinte qu’au vol, et comme conséquence les propriétaires sont les seuls voleurs.

Ils ont dépouillé le genre humain à leur profit exclusif. Qu’ont-ils à dire si on les dépouille à leur tour ? – Ah ! vous jouez la comédie de la Justice ; mais lâches hypocrites, vous savez bien qu’il n’y a rien de juste dans votre société pourrie. Vos savants, vos professeurs, vos journalistes sont obligés d’avouer à chaque occasion, que l’injustice, que tout ce qu’il peut y avoir de plus affreux dans le domaine moral et matériel, sont les règles de votre belle société d’avariés et d’invertis.

Et vous avez l’audace de jouer au juste.

Laissez-nous rire une minute de votre hermine souillée et de vos robes sanglantes.

La Révolte populaire exproprie vos confrères de Russie ; l’orient s’illumine des feux des représailles révolutionnaires.

Une aurore nouvelle enfin se lève où il n’y aura plus ni juges, ni volés, ni voleurs !

SOUVARINE

Octave Jahn dans

  • L’Ephéméride anarchiste:

Le 9 juin 1917, mort d’Octave JAHN à Mexico.
Militant et propagandiste anarchiste.
Il est naît le 10 février 1869 à Cherbourg. Télégraphiste à 15 ans, il participe à la première grève de ce secteur. Son père menaçant de la placer en maison de redressement, il s’enfuit, et trouve refuge chez Séverine. En 1886, il participe avec Tortelier et d’autres, à la création de la « Ligue des Anti-patriotes ». Mais à cause de la répression, il passe en Belgique, où il prend part à la grève de mai 1897 dans le bassin du Hainaut, il s’y distingue dans les meetings par un discours véhément et révolutionnaire. Arrêté, il est condamné à 2 ans et demi de prison. Par la suite, il devient un infatigable propagandiste anarchiste, se déplaçant beaucoup (malgré de nombreuses condamnations et plusieurs séjours en prison) à travers la France, l’Afrique du nord, mais aussi la Suisse, l’Angleterre et l’Espagne, pays où il réside jusqu’en 1909.
Il part ensuite pour le Mexique et participe à la révolution. En 1915, il est un des fondateurs, au Mexique, d’une école rationaliste sur le modèle Ferrer. En 1916, il est délégué en France par la « Casa del Obrero Mundial », auprès du syndicat des Terrassiers. Correspondant de la presse anarchiste, dont « CQFD » de Sébastien Faure (pour les articles sur la révolution mexicaine), il est aussi l’auteur de la chanson « Les pieds plats ».

  • Dictionnaire International des Militants Anarchistes:

JAHN, Octave « SOUVARINE »

Né le 10 février 1869 à Cherbourg (Manche) – mort le 9 juin 1917

Paris – Lyon (Rhône) – Marseille (Bouches-du-Rhône) – Valence (Levant) – Mexico

Octave Jahn qu’un rapport de police qualifiait d’être « un agitateur des plus actifs » allait tour à tour habiter et militer à Paris, Lyon, Grenoble et Marseille, parcourant la France en tous sens pour faire de la propagande et, souvent pour échapper aux nombreuses condamnations dont il fut l’objet, faisant de nombreux séjours à l’étranger

Dès l’âge de 15 ans, il organisa en 1884 à Paris une grève des télégraphistes.

A l’été 1886, avec les compagnons Tortelier, Marie Murjas, Tennevin, Niquet et Bidault il fonda à Paris la Ligue des Antipatriotes qui allait éditer plusieurs placards et organiser des conférences antimilitaristes. En 1887 il fut l’un des rédacteurs avec Tennevin, Murjas et Paillette du journal L’avant-garde Cosmopolite (Paris, 8 numéros du 28 mai au 23 juillet). Il fut également le fondateur du groupe « les pieds plats » spécialisé en déménagement « à la cloche de bois » et dont il composa la chanson. Le 5 mars 1887 il fut condamné par le tribunal de la Seine à 100f d’amende pour « contravention à la police des chemins de fer ». Le 6 juin il fut à nouveau condamné à 6 mois de prison pour « outrage à magistrat ».

Il s’était alors réfugié en Belgique où il était arrêté à la Louvière le 22 mai lors de grèves où il avait organisé trois meetings et où le 16 novembre la Cour d’assises du Hainault le condamnait à 2 ans et 6 de prison pour « excitation suivie d’effets, à la destruction de propriété ». Sa défense fut reproduite plus tard dans le journal L’Etoile Socialiste (Bruxelles) dans les numéros 14 (4 avril) à 16 (18 avril 1897). Il fut interné à la prison de Mons où en février 1888 il était malade.

Libéré au printemps 1889 il partait pour Barcelone, d’où, recherché par les autorités espagnoles, il revenait en France où son courrier était adressé au compagnon Henri Beaujardin, ouvrier maçon à Bouglon (Lot-et-Garonne). En juillet 1889 il fit une grande tournée de conférences dans le Var (Toulon, Hyères)n à Nîmes, Avignon et Lyon. En août 1889 il s’installait à Lyon où sous son impulsion les anarchistes entreprirent une campagne abstentionniste à l’occasion des élections de septembre. Il organisa à cette époque plusieurs conférences et meetings entre autres à Troyes (12 juin 1890), Firminy (22 septembre 1890). Le 30 juillet 1890 le tribunal de Lyon le condamnait à 1 mois de prison pour « outrage à un commissaire de police ». En août 1890 il travaillait comme typographe et fut l’un des organisateurs du groupe La Jeunesse cosmopolite spécialisé dans la lutte antimilitariste et l’aide aux déserteurs et insoumis. Ce groupe réunissait une vingtaine de membres et avait son siège au café « Marcellin », 105 avenue de Saxe. Les 16 et 17 août 1890 il avait participé comme délégué de Chambéry au congrès des groupes anarchistes de la région de Genève qui avait réuni dans cette ville une vingtaine de délégués français et suisses et où avait été fondée la Fédération internationale des revendications prolétariennes dont le secrétaire était Chomat.

Le 11 octobre 1890 il fit avec Paul Bernard et Claude Colas une conférence à Roanne à la suite de laquelle tous trois furent condamnés par défaut à un an de prison et 100f d’amende pour « appel au meutre ». Puis il participa avec Paul Bernard et Ernest Nahon à la préparation d’un congrès régional de la région de l’est qui devait décider de fonder une Fédération des ouvriers réunis, de la tactique de la grève générale et de l’entrée des anarchistes dans les syndicats. Ce congrès fut précédé d’un meeting public salle Rivière le 31 octobre où des propos violents furent tenu à propos de la Grève générale, du 1er mai et de la propagande par le fait. Le lendemain, 1er novembre, s’ouvrit au café Marcellin le congrès qui regroupa 150 délégués malgré le boycott de certains anarchistes qui s’étaient désolidarisés des positions violentes de Jahn. Le lendemain, la police arrêtait cinq des délégués, tandis que Jahn, poursuivi pour avoir refusé de constituer un bureau lors du meeting du 31 octobre, parvenait à s’enfuir et à passer en Suisse. Le 22 novembre il était condamné par défaut à 2 ans de prison et 100f d’amende pour « provocation au meurtre et au pillage ». Quelques jours plus tard, le 8 décembre, la Cour d’Assises de la Loire le condamnait à une nouvelle peine de un an de prison et 100f d’amende pour les mêmes raisons.

Octave Jahn se réfugiait alors une nouvelle fois en Espagne où il allait militer dans la région de Valence et fonder en juin 1893 le journal La Controversia (5 numéros). C’est sans doute d’Espagne qu’il collabora au journal Le Pot à Colle (Bagnolet, 1891-1892) publié par L. Guérineau.

En 1894, après un bref passage à Alger où il fut condamné en avril à un mois de prison, il revint en France où très vite il subit de nouvelles condamnations : 2 ans de prison pour « excitation non suivie d’effets au meurtre, pillage et incendie » (20 mai 1894, cour d’Assises du Rhône), 6 mois de prison (15 juin 1894, tribunal de Marseille), 1 an de prison pour « excitation au meurtre et pillage » (15 juin 1894, Cour d’Assises de la Loire). Jahn en mai 1894 s’était enfui de Lyon, avait gagné Marseille où il s’était embarqué pour l’Algérie. C’est là qu’il avait été arrêté et transféré à Marseille en juin 1894.

En août 1895, il résida à Marseille dans un garni (26 rue du Baignoir) et fut perquisitionné à deux reprises puis écroué après des propos tenus lors des réunions qu’il avait organisé les 24 et 29 août et qui lui valent une nouvelle condamnation le 17 octobre à 2 ans de prison et 500f d’amende.

Libéré en septembre 1897, il se rendit à Londres où il travailla comme plongeur dans un restaurant, puis à Jarnac (Charente) avant de revenir à Marseille en avril 1898. Il logea alors avec Salud Borras, compagne de Luis Mas fusillé à Barcelone en 1897 – et ses deux enfants dans un garni de la Belle-de-Mai, 11 rue Saint Régis, où il hébergea un moment Jean Marestan. Jusqu’en mars 1899 il participa à toutes les activités des groupes marseillais, chantant même des chansons anarchistes lors des fêtes familiales. Il fit alors partie de la rédaction du Libertaire quand ce journal se délocalisa à Marseille entre mars et juin 1898. Il collabora également à cette époque au journal Le Cri de révolte (Paris, 10 numéros du 20 août 1898 au 1er mars 1899) fondé par G. A. Bordes ainsi qu’au quotidien Le Journal du Peuple (Paris, 299 numéros du 6 février au 3 décembre 1899) fondé par Sébastien Faure. En 1899 il résida à Paris au quartier de la Goutte d’or (18è). En 1901 il résidait à Angoulème où il travaillait comme commis d’un fabricant de cognac, puis en 1902 il épousa Salud Borras dont le premier mari était mort en prison, et le second fusillé à Montjuich en 1897.

Au printemps 1908 il émigra au Mexique où, après divers séjours au Guatemala et à Cuba, sous le pseudonyme de Souvarine il collabora à la revue Ariete(Mexico, 1915) organe de la « Casa del Obrero Mundial » et participa à la révolution mexicaine. De janvier à septembre 1915 il fut le secrétaire d’un colonel de l’armée Zapatiste. Le 10 octobre 1915 il participa à l’inauguration de l’école rationaliste de Mexico et le mois suivant, avec entre autres Rafael Quintero, Agustin Aragon et L. Camacho escamilla, fonda l’Ateneo Ciencia-Luz y Verdad de Mexico.

En 1916 en tant que délégué de la « Casa del Obrero » de Mexico il fit une tournée de conférences en France sur la révolution mexicaine et écrivit plusieurs articles sur ce thême en particulier dans le journal Ce Qu’il Faut Dire de Sébastien Faure (cf. n° des 21 et 29 mai, 12 août et 16 septembre 1916). On pouvait alors le contacter au siège du journal Les Hommes du jour (19 rue J.J. Rousseau à Paris 4è) pour lequel il fut l’auteur du numéro consacré au président mexicain V. Carranza. Le 12 août 1916, au cimetière du Père Lachaise à Paris, il fut l’un des orateurs avec Sébastien Faure, Lepetit et Schneider lors de l’incinération de Pierre Martin. Le 21 septembre, lors d’une réunion organisée par le syndicat des terrassiers, il déclara : « Depuis la guerre on ne paie plus les loyers, mais il faudrait que cela continue et on pourrait profiter de l’occasion pour supprimer la propriété individuelle et établir la propriété communiste. Si la classe ouvrière le voulait, ce serait tôt fait, mais il faudrait qu’à la guerre bourgeoise succédât la guerre sociale, la guerre de classes ».

Octave Jahn retourna vers octobre 1916 au Mexique où il décéda le 9 juin 1917.

  • – Arch. Nat. F7/13657, rapport du 28 septembre 1916. – J. Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste en France (1880-1914), op. cit. – M.Massard, Histoire du Mouvement anarchiste à Lyon, 1880-1894, DES, Lyon 1954. – Note de J.-L. Pinol. = notice de J. Maitron in «Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier…», op. cit. // AD Marseille M6/3348, 3349,3350, 3388, 3397, 4693C, 6035 – AD Aix 14 U 95 quinto & 14 U 119 – J. Grave «Quarante ans….», op. cit. – M.Nettlau «Histoire de l’anarchie…», op. cit. = Notice de R. Bianco «Le Mouvement anarchiste…», op. cit. // CIRA Marseille (Dossier Jahn) // Documents communiqués par sa nièce Antonia Fontanillas // Notes D. Dupuy // Ce Qu’il faut Dire, année 1916 //

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