Calendrier Jacob : février 2020


Anarchiste !

Jacob, malade, abandonne sa vocation maritime et finit d’être convaincu par le prosélytisme du fils d’un voisin. Nous sommes vers 1893, soit en pleine période des attentats qui frappent la France. L’effervescence séduit un jeune garçon qui, fort de son expérience au long cours, peut ainsi concrétiser ses colères et théoriser ses observations : « J’allais aux soirées familiales, aux conférences avec l’âme d’un croyant » écrit-il à Jean Maitron en 1948.

De public, Alexandre Jacob devient vite militant, fréquentant toutes sortes de réunions et intégrant le groupe La Jeunesse internationale. Le Libertaire publie même les papiers du jeune homme de 17 ans en 1896. Si, dans l’article « Engrenage autoritaire » paru dans le n° 32 de la feuille parisienne, ce dernier narre son expérience de mousse, il élargit dans trois autres (n° 47, 49 et 50) son champ de démonstration et, à n’en point douter, développe une réelle disposition à la dialectique. La lutte des classes selon Jacob a des relents individualistes. Un an plus tard, l’honnête gamin écrit, sous le pseudonyme de Pertuis, dans L’Agitateur, le journal que ses camarades et lui viennent de faire reparaître. Rien d’étonnant de la sorte à le voir repéré et manipulé par la police qui, après le vote des lois dites « scélérates » en 1893-1894, pratique une réelle chasse aux sorcières anarchistes.

Le 3 août 1897, la maréchaussée arrête sur dénonciation et pour fabrication d’explosifs les dénommés Babault, Rapallo… et Jacob. Elle trouve chez ce dernier L’Indicateur anarchiste. Le livre, imprimé à Londres en 1891 et diffusé clandestinement, donne de nombreuses recettes pour élaborer des bombes. Il est tombé dans les mains de Jacob par l’entremise d’un certain Lecca, désigné par Jacob lui-même à Alain Sergent en 1950 comme étant l’auteur de la délation. Celle-ci pourrait bien être ainsi un prétexte à l’occasion du voyage présidentiel de Félix Faure dans le Midi au même moment. Il y a donc tout lieu de penser à une provocation policière. Moyennant quoi un jeune homme de dix-sept ans se retrouve en prison  (la prison Chave à Marseille puis celle d’Aix-en-Provence) et sur la liste additive aux états d’anarchistes dressée par la préfecture des Bouches-du-Rhône le 15 novembre 1897. La porte est ouverte aux perquisitions et aux pressions de toutes sortes : « Tout cela m’aigrit et me révolta, et c’est ainsi que j’entrai en lutte ouverte contre l’Autorité » raconte Jacob à l’historien du mouvement libertaire français bien des années plus tard.

CIRA Marseille 2020 : calendrier Jacob

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