Matha


MATHA Louis [MATHA Armand, Louis].

Né le 10 avril 1861 à Casteljaloux (Lot-et-Garonne) ; mort le 12 février 1930 à Draveil (Seine-et-Oise) ; garçon coiffeur ; publiciste ; propagandiste anarchiste.

C’est vers 1890 que Matha vint travailler à Paris où il devint gérant du journal L’En Dehors (5 mai 1891-19 février 1893) de Zo d’Axa, et fut condamné en tant que tel à deux ans de prison. Il se réfugia à Londres où il fréquenta avec Emile Henry les réunions du club Autonomie.

Il revint en France dans les premiers jours de février 1894. Il savait qu’Henry voulait commettre un attentat ; il essaya en vain de l’en dissuader. Après l’arrestation d’Émile Henry, Matha se rendit avec deux camarades (Ortiz et Millet, d’après un rapport de police du 9 mai 1894, PPo BA/141), rue des Envierges, au domicile de son ami, et ils enlevèrent tout le matériel destiné à la confection d’explosifs.

Le 4 avril 1894, une bombe détruisait en partie le restaurant Foyot. L’écrivain libertaire Laurent Tailhade qui se trouvait là par hasard, perd un oeil dans l’explosion. De graves soupçons pesèrent sur Matha, que l’on arrêta le 24 avril, mais sa culpabilité ne put être prouvée. Félix Fénéon aurait en fait, été l’auteur de cet attentat (qui ne sera jamais puni).

Cependant le gouvernement, désireux d’en finir avec l’anarchie, arrêta les principaux militants et, le 6 août, devant la cour d’assises de la Seine, s’ouvrit le Procès des Trente. Parmi les accusés figurait Matha, pour qui l’avocat général Bulot réclama un verdict sévère. Dans son livre Causes criminelles et mondaines de 1894, H. Bataille trace de Matha le portrait suivant : Voici Matha, l’ami d’Émile Henry, l’ancien coiffeur de Casteljaloux tout en cheveux avec une barbe égyptienne qui semble avoir été roulée au petit fer…  » — il avait d’ailleurs été surnommé  » le compagnon Belle-Barbe. Tous les accusés, sauf trois illégalistes (Ortiz, Chericotti, Bertani) se réclamant de l’anarchie, furent acquittés.

C’est avec l’aide de Matha et de Constant Martin que S. Faure lança l’hebdomadaire Le Libertaire (le 1er n° est daté 16-22 novembre 1895). Matha en fut un temps le gérant. C’est à ce titre et pour « apologie de crimes » que le 15 juillet 1896 il fut condamné à 20 jours de prison. En 1899, il administra Le Journal du Peuple, fondé par S. Faure au moment de l’Affaire Dreyfus. Matha, vieil ami de Sébastien Faure – ils avaient fait connaissance en 1887 – se révéla habile dans l’organisation des tournées de conférences du grand orateur anarchiste, conférences qui étaient d’un bon rapport et suscitèrent de ce fait certaines jalousies. Matha en fit parfois les frais et on l’appela le porte-sacoche de S. Faure.

Il administre la revue monographique Les Hommes de Révolution (Paris, 7 numéros de décembre 1899 à mai 1900) dont le rédacteur était Michel Zévaco et dont le n°2 était consacré à Sébastien Faure.

En 1901 il fut impliqué dans une affaire de « vol de titres » mais fut acquitté par la Cour de Montbrison. Dans Un anarchiste de la Belle Epoque (Le Seuil, 1950), Alain Sergent indique que c’est Matha qui recueille à Paris l’honnête cambrioleur en fuite après avoir manqué d’être arrêté à Orléans (28 février 1901) ; c’est encore lui qui aurait trouvé à Jacob une planque originale : acteur dans la pièce Quo Vadis où il aurait joué le rôle d’un sénateur ! Jacob indiquera aussi en 1950 à son premier biographe avoir financé par ses cambriolages l’achat du local du Libertaire, rue d’Orsel à Paris. Nous ne savons pas l’implication de Matha dans les travailleurs de la Nuit. Son nom n’apparait d’ailleurs pas dans les divers rapports de police et autres pièces d’archive compulsés sur cette affaire. Quoi qu’il en soit, les sympathies illégalistes de Matha ne semble pas impossibles.

Il fut une nouvelle fois le directeur du Libertaire en 1904, puis de 1908 à septembre 1910. En septembre 1907 il avait été arrêté sous l’inculpation de « complicité de fabrication de fausse monnaie » mais fut acquitté le 21 novembre suivant par la Cour d’Assises de Paris. Il fut également l’administrateur de l’imprimerie communiste L’espérance qui dans le 18è arrondissement employait une douzaine de compagnons.

Outre les titres dont il a été l’administrateur, Louis Matha avait également collaboré à La Bataille (Paris, 1915-1920) quotidien syndicaliste et à La Grève Générale (Londres, 3 numéros de mars à juin 1902) publié par Henry Cuisinier et Louis Depoilly.

Louis Matha se retira à la Cité Paris-Jardins de Draveil où il s’occupa activement de coopération, d’œuvres laïques, en particulier de la Caisse des Écoles ; il organisait des promenades et des jeux pour les enfants.

Il mourut le 12 février 1930 et fut incinéré au cimetière du Père-Lachaise. Plusieurs journaux lui consacrèrent un article nécrologique.

Mme Matha mourut à Draveil le 29 octobre 1946.

SOURCES : Arch. PPo. non versées. — J. Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste, op. cit. — La Voix libertaire, article de S. Faure, 1er mars 1930. — Le Semeur contre tous les tyrans, article d’Yvetot, 10 avril 1930. — L’Ordre, article de Victor Méric, 20 février 1930, Le Draveillois, mars 1930.

D’après :

–          Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français

–          Dictionnaire international des militants anarchistes

–          Alain Sergent, Alexandre Jacob un anarchiste de la Belle Epoque, Le seuil 1950

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