Lupinose non ! Figaro ? Non plus !


Si la sagesse vient  – comme le dit l’adage – avec l’écoulement de ses printemps, il est à peu près certain qu’elle ne frappe pas à toutes les portes. Ou encore que l’on peut aisément s’en passer quand on est nommé directeur de publication. Vu dans Le Figaro.fr, rubrique : Sélection. Ainsi dans La Bibliothèque de Jean, où les livres coûtent la pas très modique somme de 14€90,  peut-on retrouver « les chefs d’œuvre de la littérature française » que Jean a sélectionnés pour vous. Et parmi le fleuron littéraire hexagonal : les tribulations d’un gentleman cambrioleur.

Mais Jean est vieux et Jean est con. Jean est immortel et Jean croit dur comme fer, après avoir dévoré les biographies écrites par William Caruchet ou Bernard Thomas, que cet honnête voleur anarchiste ait pu être le vrai Arsène Lupin dont les extraordinaires et romanesques aventures ont bercé l’imaginaire de « ses jeunes années ». Jean ne sait pas qu’Alexandre Jacob dépasse largement et politiquement le cadre du simple aventurier dont il dresse le portrait en faisant quelques allusions suggestives dans le papier qui suit.

Mais Jean n’affirme cela que pour mieux vendre les bouquins de la collection qu’il dirige pour le compte de l’infect Figaro. Le souvenir proustien au service de la vente de quelque titres de Leblanc réunis en un volume (813, l’Aiguille Creuse et le Bouchon de cristal). Et l’honnête cambrioleur en toile de fonds. Où l’on retrouve Pierre Loti et des billets narguant les victimes bourgeoises de l’illégaliste. Seul problème : les billets apocryphes que l’on découvre chez le capitaine Viaud ou chez les autres visités par les Travailleurs de la Nuit n’existent pas.

On dit que la sagesse vient avec le temps.

C’est vieux. C’est con. C’est d’Ormesson.

Le Figaro.fr / La Sélection

Le Figaro présente : La Bibliothèque,

Une collection dirigée par Jean d’Ormesson

L’Aiguille creuse, Le Bouchon de cristal

Personne n’ira soutenir qu’Arsène Lupin est l’équivalent du Cid, de Gavroche, de Fabrice del Dongo, de Swan. Ni que Maurice Leblanc a sa place désignée dans la longue histoire de la littérature française. Dans nos jeunes années, pourtant, nous avons tous tant aimé Arsène Lupin avec son monocle, son écharpe blanche et son chapeau haut de forme qu’il est peut-être permis de réserver à Maurice Leblanc une niche un peu modeste dans notre galerie des grands écrivains. Leblanc s’est inspiré pour son Lupin d’Alexandre- Marius Jacob – un personnage étonnant, anarchiste et voleur, chef d’une bande qui s’intitulait « Les Travailleurs de la nuit », et laissant des billets aux victimes de ses incursions. Aux propriétaires d’un château imposant : « Je reviendrai lorsque les meubles seront authentiques… » À Julien Viaud, alias Pierre Loti : « Ayant pénétré chez vous par erreur, je ne saurais prendre à qui vit de sa plume. Tout travail mérite salaire ! » Et il joint dix francs, en dédommagement des dégâts. L’Aiguille creuse, 813 et Le Bouchon de cristal sont trois romans où les amateurs d’Arsène Lupin – et ils sont nombreux – retrouveront avec bonheur le gentleman cambrioleur de génie qui avait fi ni par se confondre avec son auteur et par dévorer Maurice Leblanc. On voit bien d’où vient le succès d’Arsène Lupin, en qui Sartre voyait un « Cyrano de la pègre » : il incarne à la fois et en bloc nos rêves souvent contradictoires de liberté, de justice, de transgression et d’ubiquité.

Jean d’Ormesson de l’Académie française

http://selection.lefigaro.fr/article-24-leblanc-0-1-405.html

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