Illégalistes 2 : le spectacle et la tribune


caricature parue dans l\'Assiette au BeurreLe spectacle et la tribune

Procès de Lyon. 1883. Soixante-six compagnons sont jugés pour appartenance à l’A.I.T.. Cet événement, qui constitue le premier face à face entre le jeune « parti » anarchiste et la justice bourgeoisie, détermine le type de stratégies et d’attitudes que vont adopter les prévenus au cours des 30 années suivantes.

Dès ce procès, les anarchistes y voient un autre moyen de propagande par le fait. Ils savent que les débats seront retranscrits dans la presse, leur permettant d’atteindre un vaste public. Les inculpés souhaitent donc profiter de la tribune qui leur est offerte. C’est pourquoi, au lendemain du premier jour des audiences, ils font parvenir au président du tribunal une protestation. Ils s’y plaignent du nombre de policiers, tellement élevé qu’il empêche au public d’entendre correctement les interrogatoires. Et d’ajouter : « Quand un pouvoir se décide à poursuivre tant d’inculpés à la fois, il faut au moins qu’il s’arrange de façon à ce que l’aménagement du local n’enlève pas à la défense la plus nécessaire de ses garanties : l’absolue publicité des débats ». A chaque affaire, les chroniqueurs, toujours plus nombreux, se pressent aux portes des palais de justice. Au procès  des Travailleurs de la Nuit, à Amiens, trente journalistes et deux agences, Havas et Fournier, couvrent l’événement.

La médiatisation du procès est donc clairement recherchée. Mais les anarchistes ne souhaitent pas laisser à la presse bourgeoise le monopole de l’information. Le risque est grand de voir le fait déformé, interprété. Ainsi, des compagnons se chargent de diffuser eux-mêmes le récit des événements. Des dizaines de brochures ou d’ouvrages, retranscrivant les débats ou les déclarations des prévenus, sont publiés. Outre le fait qu’elles peuvent constituer un bon outil de propagande, elles permettent d’alimenter les campagnes de soutien et de récolter des fonds. Certaines, telle la déclaration de Clément Duval, tirée à 50 000 exemplaires, sont de véritables « succès d’édition ». Suivront celles de Pini, d’Etiévant, de Jacob…

Des deux côtés, on remarque une volonté partagée de défrayer la chronique. La presse bourgeoise a pour objectif de mettre à l’index les anarchistes, de les discréditer auprès de l’opinion publique, de les présenter comme « le parti du crime »[1], composé de monstres assoiffés de sang, voulant détruire l’Etat, la société, la famille et semer le chaos. Comme souvent, les anarchistes vont rebondir sur les accusations qui leurs sont faites et en accentuer le côté négatif[2]. Alain Pessin l’avait noté : « C’est une des constantes de l’esprit libertaire que de prendre les devants sur les flétrissures, d’exagérer la caricature de soi-même. C’est toujours manière de dire à ses adversaires : en nous accablant plus que de raison, vous ne croyez pas si bien dire ; en effet, nous serons pour vous encore moins fréquentable que prévu – ajoutant, dans un satanisme de bon aloi : « nous ferons de notre pire ».[3] Nombreux sont ceux qui vont s’y employer.

Alerté, le pouvoir prend des mesures. La loi du 28 juillet 1894, une des trois « lois scélérates », prévoit, dans son article 5, que dans tous les cas « où le fait incriminé a un caractère anarchiste, les cours et tribunaux pourront interdire, en tout ou partie, la reproduction des débats, en tant que cette reproduction pourrait présenter un danger pour l’ordre public »[4]. La déclaration de Caserio, les interrogatoires de Sébastien Faure et Jean Grave lors du procès des Trente, passent à la trappe.

Mais qu’importe ! L’occasion est trop belle pour se taire. Au cours des procès, les accusés adoptent des comportements dont le but est d’attirer, dans un premier temps, l’attention du public. Sympathie ? Effroi ? Ils ne laissent en tous cas pas indifférents les spectateurs ou les futurs lecteurs. 

Malgré les peines encourues, les inculpés prennent un malin plaisir à ridiculiser leurs juges et accusateurs. Ainsi lorsque on demande à Faugoux s’il est allé rejoindre Ravachol, il rétorque : « Eh ! allez demander à Ravachol (explosions de rire). Maintenant qu’il est guillotiné… ». Ils tournent en dérision les faits qu’on leur reproche. Jacob, accusé d’avoir dérobé des mouchoirs à Mme de Melun, réplique : « C’était pour pleurer sur la misère de cette pauvre femme ». Les accusés font souvent preuve d’un grand sens de l’humour. Le même Faugoux, à qui l’on reproche de fréquenter le cabaret : « Ça vaut mieux, dit-il, que d’aller à la messe ». Mais aussi de cynisme. Quand le président du tribunal interroge Emile Henry sur son domicile, il répond : « A la conciergerie »[5]. Certains manient avec une grande habileté l’art du contre-pied. On demande à Toussaint Bordat s’il est partisan de l’abolition de la propriété privée : « Non, puisque je veux au contraire l’agrandir et que je suis partisan de son universalisation ». La répartie de Jacob est brillante :

 « Les agents voulaient m’arrêter et je n’ai pas voulu qu’ils attentent à ma liberté.

Président. – C’est un euphémisme.

Jacob. – Non c’est une thèse. »

Du rire, somme toute assez bon enfant, les accusés passent à la provocation et au défi. Interrogatoire de Michel Sala. Le juge l’accuse d’avoir, après des démêlés avec la police, depuis lors « couché sous un faux nom. Pourquoi cela ? Parce que cela m’a fait plaisir », répond-il. Ravachol n’est pas en reste :

« D. Le dimanche 13 mars, il y a un incident à relever, dit M. Guès. Ce jour-là, vous avez passé la journée avec Simon. A quoi faire ?

R. Je ne me rappelle pas. Ah ! si : nous avons fait de la nitroglycérine ».

Le juge d’instruction l’interroge : « Enfin qu’obteniez-vous ?… vous faisiez sauter M. Benoit, M. Bulot…Et après ? ». Et Ravachol de répondre : « Après ? Mais après, c’était votre tour… »[6]. Quand on demande à Jacob sa profession, il réplique avec appoint : « entrepreneur de démolition ».

Procès d\'Amiens : transfert de la \Ces répliques cocasses, dignes d’Audiard, font rire et emportent l’adhésion, souvent malgré elle, de l’assistance. Au procès d’Amiens, l’envoyé du Petit Journal rapporte : « Décidément, on pourrait se croire au Palais Royal et non au palais de justice. Le public et messieurs les jurés eux-mêmes, malgré la gravité de leur fonction semblent s’amuser énormément ».[7] Par leur comportement, les inculpés ont transformé le tribunal en théâtre. Jacob, d’ailleurs, le revendique. Au premier jour du procès d’Amiens, il écrit : « Quelques instants après, le rideau se lève. La recette promet. La salle est comble »[8]. Acteur malgré lui d’une « pièce, drame et comédie sociale »[9], l’accusé met toute son énergie dans ce qui sera, souvent, son unique représentation : « Je me suis fait « boulet de canon » […]. J’ai employé la périphrase, la litote, l’euphémisme [..]. Je ne te dirai pas toutes les boutades, tous les coups de cravache que je leur ai offerts. Ce serait trop long »[10]. Ce que confirme un journaliste : « Il raille, il bafoue ses victimes. […] Il ironise, parfois pas sottement, cynique, jamais à court de répartie »[11].

L’insolence et le manque de respect envers le tribunal, les jurés et les magistrats, sont donc fréquents au cours des interrogatoires. Interrogatoire de Tressaud à Lyon : 

« D. Vous avez, à Marseille, organisé divers groupes anarchistes ?

R. Oui, monsieur, c’était mon droit.

D. – Je ne vous le demande pas.

R. – Je vous le dis ».

Etiévant, accusé de vol de dynamite :

« D. Etiévant, levez-vous.

R. Levez-vous vous même, répond l’accusé sans bouger de sa place. Pourquoi ne vous levez-vous pas, vous ?

D. Parce que je suis un magistrat et que je dois rester assis pour vous parler.

R. Eh bien moi, je suis un accusé et je ne me lève pas (bruit).

Henri Varennes note que, à chaque procès, les inculpés ont « devant le jury la même attitude gouailleuse, hautaine et violente »[12]. Car les prévenus ne souhaitent pas seulement distraire. Ils veulent également « épater le bourgeois »[13], l’effrayer et créer le scandale. Le juge à Emile Henry :

« Eh bien, Henry, vous avez le mépris de la vie d’autrui…

R. Non, rectifie Henry – de celle des bourgeois seulement.

D. Mais vous aviez tout calculé pour sauver la votre ?

R. Naturellement, pour pouvoir attenter à la vie d’autres bourgeois ».

Caserio relate le moment où il assassiné le président Carnot :

« R. Il m’a regardé en face, je me suis retiré en criant : « Vive l’anarchie » […].

D. Ce regard ne vous a pas arrêté, vous l’avez soutenu sans émotion ?

R. Non, je n’ai pas eu d’émotion.

D. Où vouliez-vous frapper ?

R. Au cœur ».

Assiette au beurre, 14 novembre 1903, dessin de SteinlenUne fois le public capté, acquis à sa cause ou au contraire terrorisé, l’inculpé opère un retournement de situation. Emile Henry déclare : « On m’avait dit que les institutions sociales étaient basées sur la justice et l’égalité, et je ne constatais autour de moi que mensonges et fourberies. Chaque jour m’enlevait une illusion. […] Je ne tardai pas à comprendre que les grands mots qu’on m’avait appris à vénérer : Honneur, Dévouement, Devoir, n’étaient qu’un masque voilant les plus honteuses turpitudes. L’usinier qui édifiait une fortune colossale sur le travail de ses ouvriers, qui, eux, manquaient de tout, était un monsieur honnête. Le député, le ministre dont les mains étaient toujours ouvertes aux pots-de-vin, étaient dévoués au bien public. L’officier qui expérimentait le fusil nouveau modèle sur des enfants de sept ans avait bien fait son devoir ». Si la société fonctionne en tous points à l’envers, l’accusé ne serait-il pas alors plutôt la victime[14] d’une société injuste ? « Non ! je ne suis pas voleur mais volé », confie Clément Duval.

L’accusé se fait alors accusateur. Encore Duval : « Quoique ne vous reconnaissant pas le droit de me poser les questions et les demandes que vous m’avez faites, je vous ai répondu comme accusé. Maintenant, c’est comme accusateur ». Chacun y va alors de sa verve. « Ce n’est pas aux assassins qui ont fait la semaine sanglante et Fourmies de traiter les autres d’assassins » clame Emile Henry. « Je ne rougis pas de vos accusations et j’éprouve un doux plaisir par être appelé voleur par vous », lance Vitorio Pini. « On nous présente comme une véritable association de malfaiteurs. Il n’y en a qu’une qui puisse être ainsi désignée, c’est la police ! », s’exclame Alexandre Jacob. L’ordre social vient de s’inverser. Le coupable, le véritable responsable du fait que l’on juge, l’assassin, le voleur, le criminel n’est plus celui qu’on croit. Il ne situe plus sur le banc des accusés mais, au contraire, face à lui. Juges, magistrats, mais aussi bourgeois, industriels, commerçants, militaires, policiers, curés sont désignés. L’inculpé devient alors justicier. Etiévant déclare au président du tribunal : « Je suis l’ennemi de tous ceux qui font des esclaves ; c’est pour cela que je suis le votre ». Les vrais coupables étant démasqués, le procès de la société peut alors commencer. Et les prévenus de s’expliquer sur les raisons qui les ont poussés à agir.

Assiette au beurre 12 octobre 1901, dessin de JossotLa première est la misère dont ils sont victimes. Pour Ravachol, c’est la faim et le chômage qui ont motivé ses actes. A propos de l’assassinat de l’ermite de Chambles, et du vol de ses biens, il affirme : « J’aurais bien voulu faire un autre travail ; je n’en avais pas ». De même, Auguste Vaillant évoque son sort, à son retour d’Amérique : « Je croyais pouvoir vivre largement. Mon patron, profitant de ma situation, n’a pas voulu me donner plus de 20 francs par semaine. C’était de quoi mourir de faim pour moi, ma compagne et mes enfants. J’ai été le dire à mon patron ; il m’a répondu : « Je me f… de votre femme. C’est vous que j’ai embauché ». Faugoux, quant à lui, dénonce la différence de traitement, et de salaire, dont il fut l’objet aux chantiers de la Loire, entre les ouvriers et les ingénieurs et actionnaires.

Les accusés dénoncent les terribles conditions sociales du prolétariat et le sort réservé aux travailleurs, victimes de la rapacité de la bourgeoisie. Vaillant déplore « les millions de malheureux qui meurent dans les ateliers, dans les mines, partout où le capital pressure ». Selon Clément Duval, « tout est accaparé par une poignée d’oisifs qui crèvent d’indigestion tandis que les travailleurs sont continuellement à la recherche d’une bouchée de pain ». Les travailleurs ne sont pas les seules victimes de l’ordre social. Duval rappelle que « l’exploitation de l’homme par l’homme n’est rien comparativement à celle de la femme » ; et Vaillant de souligner que « la prostitution […] s’étale à chaque coin de rue ». Emile Henry reproche le sort réservé à ces « vieillards dont vous avez fait des machines à produire toute leur vie, et que vous jetez à la voirie et à l’hôpital quand leurs forces sont exténués ».

Les accusés s’en prennent aussi à toutes les institutions qui participent au maintien de l’ordre bourgeois, en premier lieu l’armée. La conscription obligatoire est critiquée : « Il y a des victimes innocentes partout. Les soldats que le gouvernement envoie au Tonkin souffrent aussi et plus que n’ont souffert les blessés de la Chambre », affirme Vaillant. L’emploi de la troupe, pour réprimer les mouvements de contestation populaire, comme à Fourmies où elle s’est rendue responsable d’un véritable massacre[15], est vivement dénoncé. La presse bourgeoise, « esclave vile de la force », selon Emile Henry, est vilipendée. Curés et prélats, favorisant la soumission des masses, sont pris à partie pour leur hypocrisie. La Justice, qui frappe sans pitié ceux qui s’écartent du « droit chemin »[16] ou contestent l’ordre social, n’est pas épargnée. Emile Henry signale les persécutions endurées par les compagnons : « Je fus témoin des mesures draconiennes prises par le gouvernement contre les anarchistes. De tous côtés on espionnait, on perquisitionnait, on arrêtait. […] L’anarchiste n’était plus un homme, c’était une bête fauve que l’on traquait de toutes parts ». Haro encore sur les méthodes policières et les irrégularités commises à leur encontre : violences, provocations, accusations mensongères, fabrication de fausses preuves, subtilisations d’objets, violations de la propriété privée[17]. Les prévenus démontrent comment les autorités, pour parvenir à leurs fins, violent les lois qu’elles ont elles-mêmes édicté.

la justiceSi capitalistes et bourgeois, « vampires à griffes crochues » pour Emile Henry, sont désignés comme les principaux responsables de cette situation[18], c’est plus généralement la société, « maudite », « infâme », selon les termes de Vaillant, qui, dans son ensemble, est condamnée. Elle est accusée de favoriser les inégalités et de ne pas agir en faveur de ses membres les plus démunis. C’est pourquoi, lorsque le juge lui demande ce que la société peut attendre de lui, Ravachol rétorque : « Il est fâcheux aussi que la société ne puisse pas subvenir aux besoins de ses membres. Si l’on employait l’argent que coûte la condamnation d’un homme à aider les malheureux, ces choses-là n’arriveraient pas. […] Je regrette l’état social actuel. Elle pourrait être autre, la société, si on voulait ».

La société ne leur laissant d’autre choix que celui de la révolte, les inculpés y trouvent donc une légitimité pour revendiquer leurs actes et justifier leurs moyens. C’est en ce sens que s’adresse Emile Henry à la cour : « Il faut que la bourgeoisie comprenne bien que ceux qui ont souffert sont enfin las de leurs souffrances : ils montrent les dents et frappent d’autant plus brutalement qu’on a été brutal avec eux. Ils n’ont aucun respect de la vie humaine, parce que les bourgeois eux-mêmes n’en ont aucun souci. Ayez au moins le courage de vos crimes, messieurs les bourgeois, et convenez que nos représailles sont grandement légitimes ».

 A suivre.


[1] Le président du tribunal à Caserio, in Henri VARENNES, De Ravachol à Caserio, op. cit., p. 255.

[2] Rappelons que le terme anarchiste fut d’abord utilisé par les détracteurs du courant anti-autoritaire, avant d’être repris, et fièrement assumé par ses partisans.

[3] Alain PESSIN, La rêverie anarchiste 1848-1914, Paris, Librairie des Méridiens, 1982, p. 41.

[4] La loi prévoit que « Toute infraction à cette défense […] sera punie d’un emprisonnement de six jours à un mois et d’une amende de 1000 à 10000 francs ». Henri VARENNES, op. cit., p. 356.

[5] C’est-à-dire à la prison.

[6] Cité par Flor O’SQUAR, Les coulisses de l’Anarchie, Paris, Les nuits rouges, 2000, p. 158.

[7] Jean-Marc DELPECH, op. cit., p. 255.

[8] Idem, p. 262.

[9] « Lettre à Marie Jacob », 25 juillet 1905.

[10] « Lettre à Marie Jacob », 26 juillet 1905.

[11] Jean-Marc DELPECH, op. cit., p. 263.

[12] Henri VARENNES, op. cit., p. 76.

[13] Idem, p. 217.

[14] « Dans ma conscience […] je me compare aux victimes » affirme Vaillant.

[15] Emile Henry, in Henri VARENNES, op. cit., p. 219

[16] Il n’est alors pas rare d’être condamné à de la prison ferme pour de simples propos tenus ou de menus larcins. Simon, dit Biscuit, par exemple, avait déjà été condamné à deux mois de prison, pour avoir dérobé une feuille de zinc dans l’usine où il était apprenti. Henri VARENNES, op. cit., p. 19.

[17] Voir les interrogatoires de Toussaint Bordat et Bernard qui dénoncent, entre autres, la saisie de leur courrier à la poste. Le procès des anarchistes…, op. cit., p. 5-9.

[18] Emile Henry au tribunal : « …s’il y a quelqu’un de responsable, c’est vous et votre parti ».

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