Ne me libérez pas, je m’en charge


Michel Vaujour 2009Michel Vaujour 198626 mai 1986. Journal de 20 heures. Antenne 2. La France qui a peur regarde atterrée le présentateur, Bernard Rapp, annoncer les titres principaux de son JT : « Madame, Monsieur, bonsoir. Du cinéma à la Santé avec l’évasion spectaculaire d’un détenu qui purgeait une peine de dix-huit ans de réclusion criminelle. Du cinéma parce que tout y était : l’hélicoptère, le toit de la prison et même une femme qui semblait être au cœur de l’opération. C’était à 10h45 ce matin. C’était en plein Paris ».

Le commentaire du journaliste, Rolland Sicart, qui a réalisé le reportage, se permet alors de rajouter : « La Belle en hélicoptère. Le projet mythique de tout détenu ». Tremblez honnêtes gens ! Michel Vaujour vient de s’évader. Encore une fois. 1992 : le film de Maroun Bagdadi reprend le scénario de l’évènement sensationnel. Béatrice Dalle y incarne La fille de l’Air. Elle est Nadine, la femme de La Fille de l\'air, 1992Michel. Mais les belles histoires ont toujours une fin. Pour rassurer les honnêtes gens. Quatre mois après son évasion, Michel Vaujour braque une banque. L’opération tourne mal et le pruneau vient se loger dans sa tête. Hôpital. L’homme devient muet et paraplégique. Retour à la case prison. Il n’y a jamais eu de case départ. Faire payer l’irréductible, le « roi de la Belle ». Il retrouve la parole et les mouvements. Il porte désormais les stigmates de la répression. Malheur aux vaincus. Le Christ des enchristés tente en vain une septième évasion.

C’est légalement qu’il sort libre de prison en 2003. Après avoir livré ses souvenirs dans Ma plus belle évasion, ouvrage paru deux ans plus tard aux Presses de la renaissance, Michel Vaujour se confie à nouveau dans le documentaire de Fabienne Godet. Ne me libérez pas, je m’en charge ! sort le 8 avril. Le film condense plus de soixante heures d’interviews. Une ode à la liberté. Un réquisitoire contre cette vieille barbarie que sont les prisons françaises et qu’a subie en son temps l’honnête cambrioleur Alexandre Jacob.

Cinéma Apollo à Pontault Combault Le cinéma Apollo de Pontault Combault (62 avenue de la République, 77340, tel : 0160346688, apollo77340@gmail.com) orga-nise dans le cadre de ses Ciné rencontres, une projection du film de Fabienne Godet le 24 avril à 20h30. La séance sera suivie d’un débat avec la réalisatrice et Michel Vaujour. Elle débutera par la diffusion du documentaire Pourquoi j’ai cambriolé ? de Laurent Termignon et Thomas Turner. Vingt-six minutes d’une filiation qui nous a paru évidente. Michel Vaujour. Alexandre Jacob. Même refus de l’injustice. Même soif de vivre libre ou de mourir. Même combat. Dix-neuf ans d’enfer du bagne pour l’un, vingt-sept de Géhenne pour l’autre. Isolement, souffrance, enfermement dans les deux cas. Deux histoires de résistance payée au prix fort. Venez nombreux.

Ne me libérez pas, je m\'en chargesynopsis :

Ancien braqueur fiché au grand banditisme, Michel Vaujour a toujours préféré la fuite à la prison, l’aventure à la soumission, la liberté à la loi. En l’espace de 30 ans, il aura passé 27 ans en prison – dont 17 en cellule d’isolement – et sera parvenu à s’en échapper à cinq reprises avant d’obtenir une libération conditionnelle en 2003. Si cette vie trépidante l’a souvent exposé au pire, elle l’a aussi confronté à un incroyable face-à-face avec lui-même. Avec le temps, cette fuite en avant est devenue une ascension intérieure, une esquisse de philosophie où il lui a fallu vaincre une certaine idée de soi, de la vie et des autres. C’est à ce voyage initiatique que nous convie ce film.

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