Le petit Jacob vu par …


Jacob bébéAlexandre Jacob est né le 28 septembre 1879 au n°29 de la rue Navarin à Marseille. Il est le fils de Joseph Léon Jacob et de Marie Berthou. La faiblesse des sources à caractère généalogique autorise nombre d’élucubrations. Bien pratique pour dresser le portrait d’un être fatalement influencé, écrasé par un vécu familial et social des plus lourds.

La geste jacobienne débute alors avec l’enfance. Ce n’est ni du Hugo ni du Zola. Bernard Thomas (BT), dans les deux biographies qu’il donne de Jacob (1970 et 1998), insiste sur l’alcoolisme paternel avec moult relents pagnolesques. William Caruchet (WC), quant à lui et dans son Marius Jacob (1993), fait la part belle à la misère des quartiers populaires de la cité phocéenne. Plus moche la vie en somme. Mais ce n’est qu’une réalité révisée qui, de facto, autorise la future guerre sociale du futur illlégaliste. Extraits ….

 

Marius Jacob par William CaruchetWC, p.25 : Ses parents sont d’origine alsacienne. Le grand-père fut curé de la paroisse de Lauterbourg à la frontière franco-allemande. Ils habitent un quartier misérable, derrière l’hôtel de ville, avec ses ruelles étroites, sombres et tortueuses, aux appellations moyenâgeuses.

BT, p39 : La famille de son père, venue d’Alsace, avait émigré dans le midi vers 1850. (…) Joseph Jacob avait débuté comme cuisinier aux Messageries Maritimes. Quand il avaiit commencé de fréquenter Marie Berthou, (…) il avait du jurer de ne plus remonter sur un bateau.  (…) Mais la nostalgie des mers du Sud, s’était mise à le tenailler dans le fournil tant et si  bien qu’il avait entrepris de la noyer dans l’alcool.

BT, p.40 : En réalité, Marie avait de l’argent. C’était elle qui héritait de ses parents. Non qu’ils fussent très riches. La location de leur terrain de La Crau, un bout de champs vers Plan de Cuques, un cheval pour retourner la terre sous le cagnard et porter les primeurs sur le marché avec les banastons : c’était tout ce qu’ils possédaient. Mais ils avaient toujours trimé dur en vivant chichement. On leur soupçonnait même iun bas de laine à l’ombre du Mazet.

WC, p.28 : Les familles manquent d’eau douce. Matin et soir, la mère d’Alexandre va remplir sa cruche à la fontaine publique.

WC, p. 30 : (Sa mère) est ouvrière dans une raffinerie de sucre. Elle fait des efforts épuisants pour obtenir un gain plus élevé. (…) Chargée de l’emplissage, elle transporte le sucre en fusion.

Bernard ThomasBT, p.43 : Hélas ! Joseph se piquait le nez de plus belle ! Une fois sur deux, les fournées étaient brûlées. Les clients se faisaient rares. L’argent encore plus.

WC, p.31 : Le père est ouvrier boulanger. Quand il n’est pas aux fourneaux, il traîne de café en café.

BT, p.40 : Elle le méprisa. Elle étouffait. Mariée à 18 ans, elle n’avait jamais connu d’autres horizons que le couvent, les légumes du marché le dimanche et, après ce 29 septembre 1879 où Alexandre était né, les langes du petit à changer.

WC,p.30-31 : Comme tous les Marseillais, croyant ou non, elle sacrifie chaque année, à Noël, à la tradition de la crèche. (…) Ces figurines sont confectionnées avec de la mie de pain. La maman est trop pauvre pour les acheter à la foire aux santons.

WC, p.32 : En 1891, Alexandre a douze ans. Les Jacob quittent les alentours du Vieux Port pour un minuscule deux-pièces, sans eau ni électricité, rue Jobin dans les quartiers périphériques de la Belle de Mai. Le logis a été construit à la hâte, dans un terrain vague. Les fenêtres ferment mal. Pour tout mobilier, une commode, trois paillasses, une table et quatre chaises. Un seul bibelot : un petit navire dans une bouteille. Et un vase de nuit en terre d’Aubagne. Notre logis – dira Jacob – était envahi par les cafards et les punaises. On les écartait en allumant du souffre. Mais le souffre était cher et il fallait le ménager.

BT, p.42 : Quand il surprenait son père au bistrot avec des amis, il aimait écouter leurs récits vantards (…). Depuis le jour où il avait vu son père frapper sa mère, il le détestait entre deux élans désespérés.

WC, p.32-33 : Pauvre, Jacob subit toutes les rigueurs de l’existence et grandit dans un décor sans gaieté. (…) Le climat social ne peut être que détestable.

WC, p.29 : Jacob écrira que ses souvenirs les plus lointains sont des souvenirs douloureux. Sa petite enfance n’est pas souriante. (…) Les premières années s’écoulent sans joie.

NB: Les pages de référence pour BT sont celles de son second ouvrage.

 Alexandre Jacob, Souvenirs rassis d’un demi siècle, 1948 : Ma prime enfance fut heureuse.

 

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