Les Pieds plats


Les Pieds plats

Air : L’Enterrement.

Auteur inconnu. Nous reproduisons ici le texte publié par F. Brunel dans sa série « à cinq centimes » sans musique, Paris, imp. Brunel [1892 ?].

In Gaetano Manfredonia, Libres ! Toujours …, Atelier de Création Libertaire, 2011, p.99

I

C’est aujourd’hui qu’il faut quitter

L’bistrot qui donne à croustiller.

Depuis hier, pour la tribu,

Non, non, de crédit y n’veut plus ;

Pourtant personn’ ne s’en plaignait :

L’vin était bon, l’pain était frais,

Il avait d’excellents gigots !

Moi, j’gobais bien ses jambonneaux.

REFRAIN

Y’n’veut plus rien savoir du tout,

Trou la laï tou trou la laï tou,

Y’n’veut mêm’ pas qu’nous lui causions,

Et zon zon zon ;

En v’la z’encor un d’empilé,

Gai gai gai lariradondé,

Qui s’souviendra des Pieds-Plats,

Larifla fla fla.

II

Depuis six s’main’s qu’on y bouffait,

Comm’ chez Gamet on rigolait,

Après avoir bu le café

On se mettait à discuter ;

(Quand on discute on boit beaucoup,)

On f’sait v’nir des litr’ coup sur coup,

Mais l’bistrot n’voyant pas d’argent,

Se dit : C’est tout d’même épatant :

REFRAIN

Je n’y ai pas d’bénéfic’ du tout,

Trou la laï tou trou la laï tou,

Ils aval’raient bien la maison,

Et zon zon zon ;

Je crois que j’me fais empiler,

Gai gai gai lariradondé,

Qué crapul’s que ces Pieds-Plats !

Larifla fla fla.

III

Enfin, il faut s’en consoler,

Ça n’pouvait pas toujours durer,

Nous l’avons fait sauter d’mill’francs,

Ben, ma foi, c’est toujours autant

Si les ceuss’ qui n’ont pas d’turbin

Faisaient comm’ nous, tout irait bien,

Et les bourgeois et les bistrots

N’f’raient plus crever d’faim l’Populo.

REFRAIN

Quand y’aura des Pieds-Plats partout,

Trou la laï tou trou la laï tou,

Ce jour-là la Révolution,

Et zon zon zon,

Supprimant la Propriété,

Gai gai gai lariradondé,

Glorifi’ra les Pieds-Plats,

Larifla fla fla.

VARIANTE

Air : C’est nous qu’est les Dos.

I

Les peuples du nouveau monde

S’divis’nt par tribus :

Y’a la tribu des têt’s rondes,

Cell’ des pieds tordus ;

Il en existe une en France

Dont on parlera,

Elle est pleine d’espérance.

C’est cell’ des Pieds-Plats. (bis)

II

Les Pieds-Plats ont leur histoire,

Pour leur premier trait :

Ils empiler’nt, c’est notoire,

Un grand mastroquet ;

L’bistrot avait l’air bonnasse,

On le régala ;

D’café il buvait des tasses

Su’ l’compt’ des Pieds-Plats.

III

Mais l’ plus drôl’ de l’aventure,

C’est qu’on le mena

À l’Hôtel d’ville en voiture

Puis on l’présenta

Au Conseil municipal

Qui d’suit’ lui vota

Un r’merci’ment général

Au nom des Pieds-Plats.

IV

Les Pieds-Plats n’gonfl’ pas la poche

De leurs proprios ;

Ils déménag’ à la cloche

Leurs meubl’s sur le dos ;

Et si la pip’let’ rechigne,

De suite on l’assoit.

Gare aux parias de la guigne :

C’est nous les Pieds-Plats.

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