La Marianne


La Marianne

Paroles d’Olivier Souêtre, musique de Léon Trafiers. Publiée sans non d’auteur par F. Brunel dans sa série de chansons « à cinq centimes » sans musique, Paris, impr. Brunel, [1893].

in Gaetano Manfredonia, Libres ! Toujours …, Atelier de Création Libertaire, 2011, p.70

REFRAIN

Va, va, Marianne,

Pour en finir avec les ennemis,

Sonne, sonne la diane

Aux endormis ! (bis)

I

Mon nom, à moi, c’est Marianne,

Un nom connu dans l’univers,

Car, j’aime à porter, d’un air crâne,

Mon bonnet rouge, de travers ;

Et, du peuple, robuste fille,

Au jour des fiers enivrements,

Je veux, au grand soleil qui brille,

Avoir des mâles pour amants !

II

Dur forgeron, batteur sublime,

Noir mineur, du jour exilé,

Marin, qui passes sur l’abîme,

Vieux laboureur, père du blé,

Des dirigeants la caste avide

Vous répète : – Croyez au ciel –

Dérision ! leur ciel est vide,

Et votre enfer seul est réel !

III

Quand le vieillard que l’on rebute,

Seul, pour mourir, se couche, au soir ;

Quand vos filles, de chute en chute,

Roulent aux hontes du trottoir ;

Quand le spectre errant de la Grève

Sort en haillons de ses taudis,

Là, de pitié, mon coeur en crève,

Et les heureux, je les maudis !

IV

Nom de nom ! faut-il que je voie,

Me faisant encore sa cour,

Ce chauve au bec d’oiseau de proie,

Monsieur Vautour, monsieur Vautour ?

Ah ! par le dégoût, soulevée,

Pour écraser sous mes talons

L’oiseau rapace et sa couvée,

Je marcherais sur les canons !

V

Je hais les guerres de conquêtes,

Je hais les rois et les césars ;

En triomphateurs, sur nos têtes,

N’ont-ils pas fait rouler leurs chars ? …

Des massacreurs qu’on glorifie,

Ma main châtiera les forfaits

J’ai mis la marque d’infamie

Sur l’épaule des Galliffets !

VI

Mais, si la Faim à face blême,

Devant les repus, se dressant,

Leur pose en armes son problème,

Sur nos pavés tachés de sang.

Je sais bien que, pour le résoudre,

L’éloquence ne suffit pas :

C’est en faisant parler la poudre,

Qu’on fait taire les avocats !

VII

Ma république, ô prolétaire,

Éternel vaincu du destin,

C’est à la table égalitaire,

Ton couvert mis, dés le matin ;

Et, devant l’homme, j’y réclame,

Pour mon sexe, la liberté :

Il faut relever dans la femme

L’aïeule de l’humanité !

VIII

Tombez, tombez, vieilles barrières,

Au jour nouveau de la raison ;

Tombez, préjugés et frontières,

Avec la dernière prison ;

Puis, ce sera la délivrance,

OEuvre si lente à s’accomplir :

La Bastille de l’ignorance,

C’est la plus dure à démolir !

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