L’Agitateur d’élus


Président du Conseil, ministre de l’Agriculture du 29 avril 1896 au 27 juin 1898, le Vosgien Jules Méline initie le protectionnisme français, après les années de libre-échangisme du Second Empire. Mention est faite en 1897 dans les colonnes de L’Agitateur de la loi sur le sucre, favorisant selon la feuille anarchiste marseillaise une inflation nuisible aux milieux les plus pauvres. L’article qui suit prend ainsi prétexte d’un fait politique d’actualité pour appuyer son propos anarchiste et antiparlementaire. Les députés de l’Aquarium, qu’ils soient socialistes ou non, sont ici qualifiés de pantins. Ils deviennent dans ce papier non signé  les zélés serviteurs législatifs d’un exécutif autoritaire. L’édile qui nous parle ment et, s’il trahit la charge que lui a confiée le peuple citoyen, l’illusion démocratique n’en apparaît que de manière plus évidente.

 

L’Agitateur

N°1

Du 4 au 19 février 1897

Pantins !!

Vraiment, quoique cela ait été prouvé maintes fois, les preuves démontrant que les bouffe-galette ne sont que de vulgaires pantins abondent, ce qu’ils voient en noir aujourd’hui est blanc le lendemain, selon la prime offerte par leurs adversaires pour les acheter.

Voyez la discussion sur les sucres.

Le lundi, sans savoir pourquoi, ils votèrent une diminution d’impôt, et le lendemain mardi, Méline (père La Famine) monta à la tribune et fit comprendre à ses mamelouks qu’en diminuant le sucre leur pourboire ne serait pas du tout sucré ; comprenant leur boulette de la veille, ils se déjugèrent complètement et votèrent une augmentation d’impôt.

Qu’en dîtes-vous votards imbéciles qui croyez toujours les sornettes de votre député, vous qui le chargez de défendre vos intérêts, ayez un peu de logique et constatez avec nous que le soi-disant intérêt que votre porte-parole défend est véritablement le sien, puisqu’ils vous impose pour avoir les pots-de-vin achetant son vote.

Et tous ces faits ne sont pas isolés, car le parlementarisme n’a de raison d’être qu’à écraser de plus en plus le populo par des impôts de toute sorte.

Voyez également ces socialistes politicards qui vous bernent avec leurs réformes ; voyez celle qui a trait au sucre, ces « messieurs » demandent que l’Etat en prenne le monopole pour la fabrication, comme si les exemples de fabriques d’allumettes, des manufactures de tabac qui appartiennent à l’Etat ne leur démontraient pas l’absurdité de leur réforme.

Par exemple : les allumettes suédoises que nous achetons en France nous coûtent 10 centimes ; en Angleterre, on en a une douzaine pour le même prix, l’Etat patron n’ayant pas de concurrents, (puisqu’il s’arroge le monopole), fait payer ce qu’il lui plait.

La seule réforme qu’il y faudrait serait de supprimer l’Etat et la vermine qui vit à ses trousses.

Et cette réforme faite, nous serions en pleine anarchie.

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