Le réveil des illégalismes


 Réfractions

N°22

Le réveil des illégalismes

12€

« … la crevaison pour le monde qui va.

C’est la vraie marche. En avant, route ! »

Arthur Rimbaud

Le capitalisme tangue. Les dominants s’affolent. La répression s’étend. Les lois d’exception reviennent. Le fichage de la population se veut exhaustif. Le Régime craque, qu’il crève !

La destruction d’un régime inique qui accapare les richesses et distribue la misère est une nécessité pour toute volonté créatrice.

Réfractions, qui veut à sa mesure participer à l’édification d’une société autre de libres et d’égaux, propose avec ces pages de réfléchir sur notre réalité. Ou plutôt de penser au sein de ce couple contrarié que forment nos désirs et notre réalité.

Trois moments s’articulent : la crise du capitalisme, la montée des illégalismes, la nécessité du changement radical de la société.

Nous partons de la description des mécanismes financiers déclencheurs de la dernière crise du capital et qui agissent en conséquence sur la dégradation de l’économie réelle frappant de plein fouet les couches les plus vulnérables de la population.

Le capitalisme est obligé de se réformer. Pour éviter d’importants mouvements sociaux, ou bien même « l’explosion sociale » tellement redoutée par les gouvernements et par les syndicats réformistes, la seule solution qui lui reste serait de remettre à plat le partage de la plus-value, ce que les possédants refuseront toujours. Et comme dans le concert actuel des économistes et des politiciens, autant de gauche que de droite, occupants du pouvoir ou aspirant à l’occuper, personne ne veut mettre en question les dogmes du libre-échange et de la loi du marché, personne ne serait alors tenté d’imaginer une autre façon d’organiser la production, et la distribution du produit du travail.

La réponse à la crise va donc être recherchée, en désespoir de cause, du côté de l’État, comme appui financier par les uns, comme régulateur par les autres. Ce qu’on trouve assurément est la réponse « sécuritaire » : l’appel à l’ordre et à l’autorité, la soumission à la loi. Les lois répressives se renforcent. La criminalisation des comportements sociaux non conformes aux normes conduit à la construction policière d’une nouvelle catégorie d’ennemis de l’ordre public et à l’application quasi illimitée des lois d’exception. Toutes les portes vers une sortie émancipatrice et anti-autoritaire se ferment.

Dans la période ascendante du néolibéralisme dans les pays dits développés, l’idée même de révolution avait été mise en sourdine, et avec elle les illégalismes contestataires. Voici qu’aujourd’hui ils relèvent la tête, attentifs au son du tocsin de la révolte.

« Un tabou a été levé – se plaint un flic -, de plus en plus, dans les cités ils sortent les armes [1]. » Grève générale prolongée en Guadeloupe et en Martinique. Sabotages de voies ferrées. Occupations ou blocages d’usines, d’administrations, d’universités. Séquestrations de patrons. La colère monte.

Contre les lois qui obligent à la délation, contre les enfreintes aux libertés individuelles et collectives, la pratique de la désobéissance civile s’étend ; elle devient une exigence éthique. Contre les appareils, l’action directe reprend sa place dans les luttes. À l’époque de la Première Internationale, James Guillaume l’avait déjà définie clairement : « Au lieu d’avoir recours à l’État, qui n’a de force que celle que les ouvriers lui donnent, les ouvriers règlent directement l’affaire avec la bourgeoisie, lui posent leurs conditions et, par la force de leur organisation, la contraignent de les accepter [2]. » Les appels à la grève générale, au sabotage, à la résistance, s’ils sont encore dans le registre du rêve général, trouvent aujourd’hui un écho dans la réalité des opprimés. Le dossier de ce numéro rappelle cette tradition anarchiste et syndicaliste révolutionnaire.

« Il n’y a pas neuf personnes à sauver mais un ordre à faire tomber », disent fièrement les inculpés de Tarnac. Avec eux, nous gardons les yeux grands ouverts sur l’horizon des insurrections qui ouvrent la voie de la révolution, tout à la fois moment de rupture de l’imaginaire établi et long processus de transformation sociale radicale.

[1] Un agent des SDIG, ex-Renseignements généraux. Le Monde, 17 mars 2009.

[2] Bulletin de la Fédération jurassienne 44, 1er novembre 1874, cité par Jean Maitron dans le Mouvement anarchiste en France, Paris 1983, vol. 1, p. 282

 

Sommaire

Présentation

Qu’il crève, le régime !

Les mécanismes de la crise, Pierrick

La crise ? Une soirée à Strasbourg

Qui succédera au capitalisme ? Pierre Sommermeyer

L’heure des illégalismes

Salut à l’action directe, Marianne Enckell

Illégaliste, parfaitement ! Jean-Marc Delpech, David Doillon

Grève générale ! Bernard Hennequin

En porte-à-faux : réfugiés et sans papiers face à l’illégalité, Christophe Tafelmacher

Une révolte grecque, Jean-Pierre Duteuil

Syndicalisme d’action directe et illégalité, Irène Pereira

Désobéir à la loi ? André Bernard

Table ronde sur les avaries ferroviaires

L’horizon de l’insurrection

Une action illégale parmi d’autres : La Révolution, Eduardo Colombo

Transversales

Jaurès : de l’éducation, Hugues Lenoir

En Kanaky on n’est pas verni, Momo de Nouméa

Pour continuer le débat

La révolution, un concept soluble dans la postmodernité, Eduardo Colombo

Les livres, les revues, etc.

 

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