VOLS dans l’Eure 1903


Le Crapouillot septembre 1939L’entreprise de démolition, telle qu’Alexandre Jacob la définit lui-même, connaît donc une productivité élevée. Elle fonctionne sur le travail en équipe, en brigade et par tournée. Celles du début de l’année 1903 sont à bien des égards révélatrices. Si le premier larcin est l’œuvre de Joseph Ferrand et d’une tierce personne (peut-être Gabrielle Damiens), Bour, Pélissard et Jacob s’occupent de ceux qui suivent en février, Ferré et Augain de celui d’avril.

 

 

 

 

 coffre fort Le Crapouillot septembre 1939

 LE COURRIER DE L’EURE

3 JANVIER 1903

M. Ie commandant Vigogne, chez qui a été commis, pendant la nuit de dimanche à lundi, le vol dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, est revenu à Evreux pour vérifier ce qui lui avait été dérobé. Le vol est heureusement moins important que ce que l’on avait supposé tout d’abord. Cet officier supérieur n’a, en effet, constaté la disparition que d’une louche en argent, d’une miniature et d »un poignard arabe. Sur une table de la cuisine placée au dessous du soupirail qui a livré passage aux voleurs, on a relevé l’empreinte, assez nettement marquée dans la poussière d’un petit pied pa­raissant appartenir à une femme ou à un enfant. L’enquête continue mais i1 est peu probable que les recherches de la gendarmerie donnent quelques résultats, si le hasard vient à son aide.

 

coffre fort Le Crapouillot septembre 1939LE COURRIER DE L’EURE

24 FEVRIER 1903

La ville d’Evreux est devenue depuis quelques temps le champ d’opération d’une ban­de  de cambrioleurs qui s’attaque uniquement aux maisons inhabitées par suite de l’absence de leur propriétaire. Apres avoir débuté, il y a quelques semaines, chez M. Ie commandant Vigogne du 6e de dragon, ils ont pénétré l’avant-dernière nuit dans l’hôtel de M. Postel des Minières, 11 place du parvis Notre Dame.

Ils ne devaient pas ignorer que M. et Mme Postel des Minières sont depuis quelques temps à Langrunes (Calvados). Pour s’introduire chez eux, ils sont allés chercher dans le chantier de la cathédrale une échelle qu’ils ont dressée contre le balcon du premier étage. Il était alors environ deux heures du matin. Apres avoir soulevé les persiennes d’une des fenêtres, ils sont entrés sans effraction et ont fouillé toute la maison du haut en bas. Tous les meubles qui étaient fermés à clef ont été fracturés, sauf un placard où était le coffre-fort qu’i!s n’ont pu ouvrir. Les malfaiteurs ont emporté un assez grand nombre de bijoux, en laissant les écrins vides, et de bibelots précieux qui garnissaient une vitrine dans le salon. On nous cite notamment une montre ancienne d’un grand prix, en forme de croix, qui avait appartenu à une abbesse. Après s’être emparés de tous les objets en or et en argent qu’ils ont pu trouver, les voleurs ont dévissé pour sortir la serrure de la porte donnant sur la place. Il était alors environ quatre heures du matin : car Mme Tessier qui habite la maison voisine, a entendu des gens causer sur le trottoir.

Vers dix heures du matin, M. Tessier, voyant que de la fumée sortait de la maison de M. Postel des Minières, escalada le mur mitoyen qui sépare les deux propriétés, et constata que toute l’habitation était pleine de fumée. Etant monté dans une chambre du premier étage

où paraissait être Ie foyer de l’incendie, il vit que le lit et les rideaux étaient en feu. Il arracha

le baldaquin, qui commençait a brûler, et, suffoqué par la fumée, ouvrit les fenêtres pour donner de l’air.

Aussitôt le feu qui couvait dans les fauteuils éclata subitement. L’incendie menaçait de se propager, lorsque, heureusement, M. Lesage, lieutenant des pompiers est arrivé avec quelques-uns de ses hommes, et, grâce a leurs efforts réunis, Ie feu a été promptement maîtrisé.

Les dégâts n’en sont pas moins très importants. La chambre incendiée était garnie de meubles Louis XVI authentiques, qui sont pour la plupart mis hors d’usage. En outre un certain nombre de portraits de famille ont gravement souffert. Comment le feu s’est-il déclaré? On suppose que les cambrioleurs ont dû 1aisser près du lit une bougie allumée qui aura communiqué le feu aux rideaux.

M. Ie procureur de la République et M. le commissaire de police se sont rendus ce matin sur les lieux pour faire leur enquête. M. Postel des Minières, retenu par la maladie à Lan­grunes, n’a pu rentrer à Evreux, non plus que sa femme. Ils ont dû être avisés du vol par un membre de leur famille qui s’est rendu près d’eux pour leur apprendre la nouvelle avec tous les ménagements nécessaires.

Un autre vol a été commis, la même nuit et par les mêmes individus probablement au numéro 25 du boulevard de la Buffardiere chez Mme Vve Regnier, qui était allée voir son fils à Houdan. Les malfaiteurs ont fracturé la porte d’entrée et visité tous les meubles dont le contenu a été jeté pêle-mêle sur les parquets. Comme chez Ie commandant Vigogne, ils ont cassé deux couverts pour voir s’ils étaient en argent. On ne saura ce qu’ils ont volé qu’après le retour de Mme Regnier, qui est attendu ce soir.

Le parquet a fait arrêter cinq individus suspects qui vont être interrogés sur l’ emploi de leur temps durant la nuit de samedi à dimanche.

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COURRIER DE L’EURE

5 MARS 1903

Deux tentatives de vol, rappelant les cambriolages qui ont eu lieu depuis quelques temps à Evreux, ont été commises à Vernon pendant la nuit de samedi à dimanche.

Comme à Evreux, les malfaiteurs ont pénétré dans deux maisons habitées pendant la belle saison seulement, l’une par Mme veuve L’Huillier, l’autre par Mme veuve Pougny. Après avoir tout fracturé à  l’intérieur, ils se sont retirés sans avoir rien trouvé a voler dans la première, et en laissant dans la seconde des couverts et du linge qu’ils n’ont pas jugé à propos d’emporter.

Les procédés de ces cambrioleurs ressemblent exactement à ceux des malandrins qui ont opéré à Evreux, il n’y a plus de doute que les individus arrêtés dans cette ville à la suite du vol commis chez M. de Postel des Minières n’en sont pas les auteurs.

 

coffre fort Le Crapouillot septembre 1939

 COURRIER DE L’EURE

11 AVRIL 1903

Vernon

La bande de cambrioleurs dont on n’a pas oublié les récents exploits tant a Evreux qu’à Vernon, fait de .nouveau parler d’elle. Un vol audacieux rappelant par ses détails ceux qui furent commis à Vernon, il y a cinq semaines exactement, rue de Bizy et rue de Ricquier, a été opéré, pendant la nuit de lundi à mardi, dans la propriété de Mme Garnuchot, située à l’entrée du pont de pierre, à l‘angle de 1a rue d’Albufera et du quai Garnuchot, propriété inhabitée pendant l’hiver.

Les malfaiteurs ont d’abord forcé une petite porte dissimulée dans la grille peu élevée qui se trouve à l’angle de la propriété. Ils ont ensuite descellé le griI1age d’une des petites fenêtres du sous-sol, dans lequel ils ont pénétré après avoir brisé un carreau. Toutes les pièces de la maison ont été visitées ; tous les meubles ont été mis au pillage, les portes dont la clef avait été enlevée ont été défoncées.

Ayant découvert coffre-fort dissimulé dans un placard, ils l’ont découpé à l’aide d’une scie; puis, après l’avoir renversé sur un matelas qu’ils avaient apporté au préalable, ils l’ont éventré et débarrassé de ce qu’il contenait ; c’est ainsi qu’ils ont dû s’emparer d’un service à découper en argent, de couverts de prix, de valeurs diverses. Il est impossible, quant à présent, de se faire une idée de 1’importance du vol, la pro­priétaire résidant actuellement à Paris. M.Molle, gérant de la propriété, s’est rendu hier -auprès d’elle, pour la prévenir.

Les malfaiteurs ont abandonné dans la maison une scie à métaux, une égoïne, un ciseau à froid, des tenailles, une casquette, un gilet de travail, une paire de pantoufles en caou­tchouc, ces divers objets ont été saisis par la gendarmerie

 

COURRIER DE L’EURE

14 avril 1903

On connaît aujourd’hui l’importance du vol commis, pendant la nuit de lundi à mardi, dans la maison de Mme Garnuchot à Vernon. Le coffre-fort contenait, outre des titres de propriété et papiers de famille, un rouleau de 160 obligations nominatives des abattoirs de Vernon, valant 125 francs chacune. Il y avait aussi un service à découper et quatre couverts à hors-d’œuvre, six cuillères à café, deux couverts d’enfant et une louche en argent, plus douze fourchettes à huître à manche d’argent. Tous ces objets ont été volés par les cambrioleurs, ainsi que douze couteaux à dessert en argent, dans la salle à manger, et un manteau en drap gris quadrillé, une pèlerine en caoutchouc et des bottines de chasse en cuir fauve, qui se trouvaient dans une chambre à coucher. On évalue à 30450 francs le préjudice causé à Mme Garnuchot, y compris les dégâts matériels estimés à 200 francs. Les cambrioleurs devaient être trois ou quatre pour avoir pu déplacer le coffre-fort, qui pèse 500 kilos. Ce sont des professionnels venus de Paris probablement, et munis d’un outillage très perfectionné. L’enquête ouverte par la gendarmerie n’a donné jusqu’ici aucun résultat.

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