L’Agitateur


manchette de l\'AgitateurUne note de police rapportant la soirée anarchiste du 25 décembre 1896 à la brasserie Noailles fait état de la parution à Marseille d’un nouveau journal anarchiste. Lors de cette réunion : « Jules Cheylan déclare que le but du concert est de trouver des adhérents pour fonder un journal, L’Agitateur, dont le besoin s’impose et il engage l’assistance à acheter des brochures anarchistes et l’Almanach du Père Peinard en vente dans la salle ». Le nom de la feuille que font paraître les compagnons de La Jeunesse Internationale n’est pourtant pas inconnu. L’Agitateur connaît une première série de douze numéros en 1892, puis une seconde de six numéros en 1893. La troisième a une existence encore plus éphémère. Il faut dire que le journal parait sans aucun moyen financier mais, loin de constater un échec du mouvement libertaire à Marseille, nous pouvons y voir la vitalité d’un groupe cherchant à faire de la propagande et à assurer un rôle de liaison entre les camarades antiautoritaires. Il est aussi intéressant de remarquer comme le fait remarquer René Bianco dans La presse anarchiste dans les Bouches du Rhône : « on peut penser en tout cas que si L’Agitateur ne poussait pas sa publication, c’est que déjà il est question d’installer pour un temps à Marseille la rédaction et l’administration du Libertaire et que dans ces conditions il n’y a plus lieu de faire vivre un organe qui ferait double emploi ». C’est dans ce cadre qu’Alexandre Jacob forge son anarchisme, accroît son réseau de connaissances. Le jeune Jacob appartient à la Jeunesse Internationale dont les membres sont difficilement identifiables dans les colonnes de L’Agitateur. Les articles sont soit anonymes, soit signés avec des prénoms ou des pseudonymes, soit encore repris dans d’autres feuilles anarchistes (Malato, Antignac notamment). En 1897, Alexandre Jacob passe en fin de compte de la propagande par l’écrit à celle par le fait, l’agitateur a cédé le pas à l’apprenti chimiste.

 

 

Alexandre Jacob, Souvenirs rassis d’un demi siècle, 1948 :

C’est à l’issue de ces réunions entre libertaires que je connus Escartefigue alias Jouvarin, son beau-frère Romani, et Rapallo avec qui nous fîmes paraître un journal de propagande, L’Agitateur, dont la parution fut éphémère faute de fonds« .

 

L’Agitateur, n°1, 4 – 19 février 1897 :

Au lecteur

Croyant utile qu’un nouvel organe régional paraisse dans le Midi pour nous aider dans notre propagande individuelle, nous  avons décidé de faire reparaître L’Agitateur. L’Agitateur sera un journal essentiellement communiste anarchiste, ses colonnes seront ouvertes à tous ceux qui voudront exprimer leurs idées sur quelque sujet que ce soit pour battre en brèche toutes les causes de nos souffrances. Nous n’insérons ni bulletins financiers, ni réclame payée, ni annonce commerciale, n’espérant pour le faire vivre qu’en sa seule vente. Sans capitaux et sans avances, nous paraissons, comptant sur l’appui de nos lecteurs et de nos camarades« .

 

Articles :

         L’inquisition en Espagne, Charles Malato

         Anarchie, Adrien

         Un ennemi du sénat, Partuis

         C’est la liberté qui fait peur, François Guy

         Pourquoi je suis anarchiste, Emile Rinaldin

         Pantins !!!, anonyme

         Chansons, annonce

         Le travail, Antoine Antignac

         La faim, Joanny Bricaud

         L’agitateur dans la région, anonyme

         Incendie et sauvetage, Eugène

         Panama guesdiste, anonyme

         Convocations et communications (Marseille, Petite correspondance, journaux anarchistes), annonce

 

L’Agitateur, n°2, 18 février – 2 mars 1897 :

Avis

Nous faisons un pressant appel aux camarades qui croient que la propagande faite par le journal est utile ; nous avions annoncé que nous paraissions sans avances et nous comptons sur tous nos lecteurs pour nous soutenir, faute de quoi numéro ne serait assuré« .

 

Articles :

         Pour les jeunes, Adrien

         Femme de joie, Pertuis

         Autorité et liberté, Antoine Antignac

         Adam et Eve, François Guy

         Chansons éditées par l’Agitateur, annonce

         Coins de vie, A. J. Sartoris

         Un mouchard, anonyme

         L’Agitateur dans la région, anonyme

         Imbécillité administratives, anonyme

         Les sans travail, anonyme

         Convocations et communications (Marseille, Petite correspondance, journaux anarchistes)

 

René Bianco, 100 ans de presse anarchiste, fiche Agitateur 1897 :

Présentation : 32×45 cm, 4 p, 4 col., 5c le n°, bimensuel, reprise d’un titre publié à Marseille en 1892 et 1893, n°1 du  4 au 19 février 1897, n°2 du 18 février au 2 mars 1897

Responsables : resp. adm. 22 quai du Port Marseille (domicile du gérant), imp. Imprimerie Sépciale de l’Agitateur (en fait chez Seren, 28 A rue Sainte Marseille), Gérant Edouard Roch

Collaborateurs : La plupart des articles sont signés d’un simple prénom : Adrien, Eugène ou des noms qui sont en réalité des pseudonymes : Joanny Bricaud, Emile Rinaldin … On relève cependant les noms de : Antoine Antignac, François Guy, Charles Malaton et Augustin Sartoris

Observations : Cette troisième série du journal est due à l’initiative du groupe La Jeunesse Internationale qui lance le périodique « sans capitaux et sans avance » (cf n°1). Ce groupe est composé notamment de : Fernand Calazel, Jules Cheylan, Maurice Chaumel, Frédéric Gros, Escartefigue Marius dit Jouvarin (qui deviendra maire de Toulon), Victor Rappallo, Emile Rampal, et un jeune adolescent qui deviendra lui aussi célèbre Alexandre Jacob. Le n°1 déclare : « les colonnes seront ouvertes à tous ceux qui voudront exprimer leurs idées sur quelque sujet que ce soit pour battre en brèche toutes les causes de nos souffrances ».

 

Sources :

         Archives Départementales des Bouches du Rhône, M6/3347B, rapport du commissaire de police du 4e arrondissement de Marseille, le 26 décembre 1896.

         Bianco René, La presse anarchiste dans les Bouches du Rhône, mémoire de maîtrise, I.E.P. Aix en Provence, 1971, publication CIRA Marseille, 1972

         Bianco René, Le mouvement anarchiste à Marseille et dans les Bouches du Rhône, thèse de troisième cycle I.E.P. Aix en Provence 1977, publication CIRA Marseille, 1978

         Bianco René, Un siècle de presse anarchiste d’expression française 1880-1983, doctorat d’état, Université de Provence, 1988

         Goutalier Régine, Un journal anarchiste marseillais : L’Agitateur, CIRA Marseille, 1971

         Institut International d’Histoire Sociale d’Amsterdam, L’Agitateur, 3e série, 1897

Tags: , , , , , , , , , , , , , , , , ,

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles (2 votes, moyenne: 5,00 sur 5)
Loading...

Imprimer cet article Imprimer cet article

Envoyer par mail Envoyer par mail


Laisser un commentaire

  • Pour rester connecté

    Entrez votre adresse email

  • Étiquettes

  • Archives

  • Menus


  • Alexandre Jacob, l'honnête cambrioleur