Des fleurs pour … Jean-Yves


Non, Jean-Yves tu n’es pas le seul à éprouver une certaine empathie envers cet illégaliste qui défraya la chronique judiciaire en 1905 et qui repose au cimetière de Reuilly dans l’Indre. Lorsqu’il cambriolait, il se prénommait Alexandre. Ce n’est qu’à partir des années 1930 que, revenu de l’enfer carcéral guyanais et devenu marchand forain, il se fit appeler Marius. Le détail a son importance. Tu fais bien d’ailleurs de remarquer dans ton blog – le Lignel – que la renommée a été oublieuse à son endroit. La mémoire des vaincus – pour paraphraser Ragon – cède hélas souvent la place à une bienveillante et facile légende. Ou plutôt, la légende s’arrange le plus souvent avec la réalité historique. Dans cet isolat géographique berrichon, tu trouveras même un musée consacré à Alexandre Jacob. Un musée ? C’est un peu exagéré … une salle avec des photocopies et des chapeaux, melons et hauts de forme, évoquant bien évidemment la Belle Epoque … et le mythe lupinien ! Le chroniqueur judiciaire que tu es aurait pu toutefois trouver d’autres références que celle produite par un chroniqueur mondain, journaliste au Canard Enchaîné, dont on sait ici les dérives historiographiques et le jeu pas très clair organisé entre le réel et l’imaginaire. Mais tu as raison de souligner que Jacob fut beaucoup plus fort encore que le bel Arsène. Beaucoup plus politisé aussi. Un anarchiste dont un de tes confrères de La Provence a mentionné il y a peu l’anniversaire de la mort … un bien joli papier estival, pas si bien documenté que cela, marqué du sceau de la lupinose et dont nous allons nous  faire très très prochainement une recension. A Reuilly la tombe d’Alexandre Marius Jacob était fleurie … comme tous les ans d’ailleurs à cette date. Espérons que ce ne fût pas un bouquet de lupins.

Lelignel.fr

Le blog de Jean-Yves Lignel

A Reuilly, la tombe de Marius Jacob était fleurie…

A Reuilly, la tombe de Marius Jacob était fleurie…

4 septembre 2013

Les vacances se terminent.

Je suis passé à Reuilly dans l’Indre, à 250 km d’Angers : 2000 habitants autour d’un petit mais fameux vignoble : un des rares de Loire à conjuguer le pinot noir. C’est un vin qui sent la terre et l’esprit, l’audace et la tradition bien charpentée, la cerise et le sous-bois, le rouge et le noir…

Tout ça pour dire qu’en passant, je me suis arrêté au cimetière.

C’est là que se trouve la tombe de Marius Jacob (1879-1954) : anarchiste, illégaliste, cambrioleur de génie, bagnard, grand cœur… Un vrai, un dur, un pur…

La légende suggère qu’il fut un des modèles de Maurice Leblanc pour inventer le personnage d’Arsène Lupin. Mais Jacob fut bien plus fort encore que le bel Arsène. Son audace cambrioleuse, son imagination, sa rage de vivre et sa ferveur révolutionnaire en font un des personnages les plus impressionnants de l’histoire politique et délinquante française.

Je dis ça très sérieusement, même si la renommée a été très oublieuse à son endroit et la République en son temps impitoyable.

A Reuilly, j’ai été bien surpris de voir que la tombe était fleurie cette année. Quelqu’un avait même mis un petit billet sur la tombe, citant Marius Jacob : « Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ».

L’admirateur anonyme a ajouté un « Merci, M. Jacob ».

Ça alors ! J’ai donc quelque part un frère en admiration…

La phrase ne m’a pas quitté depuis : « Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend ».

C’est beau, c’est fort, c’est imparable et d’une inconcevable actualité.

C’est fou ce que mon époque me paraît minable en cette rentrée…

Merci, Monsieur Jacob.

J’ai lu, il y a longtemps, la biographie qu’en avait faite Bernard Thomas, journaliste au Canard enchaîné, chez Tchou dans les années soixante-dix. Fascinant…

à propos

Bonjour, je suis Jean-Yves Lignel,
Journaliste et chroniqueur judiciaire à Angers depuis 2008.
D’un naturel taiseux,
Sauf devant un clavier,
Quand il s’agit d’exercer mon métier.
En fait, je n’aime pas le bruit,
Ni les bavardages,
Mais j’aime les mots solitaires
Ceux qu’on pose après les avoir mûris
Et qu’on lit dans le silence de la nuit.

Mon travail fait de moi le témoin de bien des misères.
Comme des vagues qui n’en finissent pas.
De quoi devenir dépressif, barbu ou extrêmiste.
Moi, j’ai choisi le persiflage.
J’ai le ton moqueur et la verve narquoise
C’est ma façon de me protéger.
Et de croire encore en l’Homme,
Et j’y crois.

Tiens, on reparle de Marius Jacob…

29 août 2014

Un merci et un bravo à mes confrères de la Provence qui se sont souvenus que c’était la soixantième anniversaire de la mort de l’anarchiste Marius Jacob dont j’avais parlé ici l’an dernier.
L’article (bien documenté) de Rémi Baldi est ici.

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