Anars bagnards 13


Où il est enseigné que la parole peut convaincre le transporté de la pertinence de l’idée anarchiste ; où il est dit aussi que, libéré, le bagnard anar cherche à témoigner. 13e épisode.

B/ Les différentes formes de la propagande

A plusieurs reprises apparaissent dans les récits de Duval, Courtois et Law, des anecdotes liées à la propagande effectuée auprès de leurs codétenus. Bien que les conditions de vie et de traitement qui leur sont réservées n’en facilitent pas la diffusion, il semble que tout moment soit mis à profit pour parler et mettre en avant les théories anarchistes, sans compter les actes de résistance ou de solidarité déjà évoqués qui sont partie intégrante de l’expression des idéaux.

a/ Les discussions et les conversions

Liard-Courtois cite plusieurs cas de discussions menées dans le but d’exposer les théories anarchistes, et mentionne également des conversions réalisées par lui ou d’autres camarades.

Il rencontre par exemple un certain Mimault, inventeur de talent, qui tira plusieurs coups de revolver sur celui qui lui avait volé son invention. Selon Courtois, il deviendra déterministe suite aux discussions qu’ils eurent ensemble avec Dupré. Il rapporte cette conversion à travers ces propos :

 » De notre côté nous nous appliquions à lui faire partager nos théories libertaires et à lui faire entrevoir la société future telle que nous la rêvions.

– Mais, c’est très exact ce que vous préconisez, nous dit-il un jour en nous abordant. Si j’avais vécu dans un milieu où toutes les idées se serait fait jour librement, où toutes les conceptions auraient pu se développer et toutes les découvertes se mettre en pratique sans difficulté, sans tiraillement et sans basse envie, on ne m’aurait pas volé mon invention. Je le vois clairement votre rêve d’anarchistes : tout devenant la propriété de tous, chacun coopérant au bonheur commun, sans idée de lucre ou même de gloire. Le vol n’aurait plus alors de raison d’être et le crime lui-même, dont il est si souvent le mobile disparaissant à son tour. C’est très beau ; mais comme c’est loin !

Et vous qui luttez pour la réalisation de ces idées généreuses, vous ne la verrez pas. Mais c’est bon tout de même de voir avec vos yeux et, depuis que je vous connais, je fais un peu la part de toutes ces choses : celles du milieu, celles des circonstances, et celles de l’éducation. Et j’en arrive à tirer cette conclusion que tous les misérables que nous côtoyons ici journellement ne sont pas aussi coupables que la société nous les montre. »[1]

Il mentionne également le cas de Loiseau, condamné aux travaux forcés à perpétuité par le conseil de guerre d’Oran pour avoir crié aux juges devant lesquels il comparaissait :  » Vous êtes tous des bandits, on vous fera sauter ! Vive l’anarchie !  » :

« Cette profession de foi lui avait valu d’être classé parmi les anarchistes, bien que, à la vérité, il ignorât, les premiers principes de cette philosophie. […] Son séjour parmi les compagnons lui fut d’ailleurs profitable, car il ne tarda point à adopter leurs idées et elles ne contribuèrent pas peu à le prémunir contre la déplorable promiscuité du bagne. »[2]

Un autre transporté, Camusat, surnommé le « forçat poète » et disciple de Clément Duval qui l’a convaincu des idées anarchistes, est cité :

 » Je ne fus pas long à m’apercevoir que l’élève avait dépassé le maître, nous eûmes dès lors en dehors des heures de travail des conversations à n’en plus finir dont la philosophie anarchiste formait le fond. « [3]

Souvenirs du bagneLiard-Courtois travaille pendant un moment dans une corvée à la caserne. Il fera sa propagande sans trop de conviction comme il le dit lui-même, dans cette « institution totale » qu’il définit lui-même comme telle :

 » Dans ce milieu, j’éprouvais peu d’ardeur à tâcher de répandre les nobles idées pour lesquelles je souffrais. [..;] Jamais je n’entamais de discussion, à moins qu’on ne m’y provoquât, car mes opinions étaient connues. Du reste à beaucoup d’égards, cette caserne ne différait guère du bagne. Je ne réédite pas ici la comparaison qu’on a faite tant de fois entre les deux endroits où l’homme doit abdiquer toute liberté et toute volonté pour des besognes identiques à tant de points de vue. En cette caserne, on jaspinait le même argot, on y jouait les mêmes jeux, on s’y livrait aux mêmes pratiques pédérastiques. »[4]

Clément Duval restitue dans son manuscrit des bribes de quotidien sans pour autant privilégier des thèmes en particulier. Toutefois, son récit est riche en allusions diverses concernant les discussions sur l’idéologie. Ainsi, il fait mention d’une discussion avec Lepiez sur l’individualisme et le communisme anarchiste :

« […] J’eus avec Lepiez quelques discussions des plus courtoises sur ce sujet, cette nouvelle théorie que l’ignorais. Je ne fus pas long à m’apercevoir que c’était une étiquette inutile. Car, comme nous communistes anarchistes, il voulait la liberté la plus complète de l’individu, son droit à la satisfaction intégrale de tous ses besoins. Maximum de bien-être en l’échange du minimum d’efforts. C’est pour cela que luttent les communistes anarchistes. Et les individualistes pourquoi luttent-ils ? N’est-ce-pas pour obtenir les mêmes résultats ? Alors à quoi bon toutes ces étiquettes, qui jettent la confusion et sèment la discorde parmi les meilleurs camarades, les militants ? « [5]

Il parle également du transporté Hincelin que Courtois a converti définitivement aux théories libertaires.[6] Il semble que la perception des conversions réussites soit traduite par un rapport de professeur à élève de façon récurrente, où la dimension affective n’est pas absente.

Coupés du monde, les transportés sont toujours avides de nouvelles de la métropole concernant la propagande. L’arrivée de nouveaux compagnons et les correspondances sont fondamentales pour contourner l’isolation à laquelle ils sont soumis, alimentant des discussions sans fin. Mais l’accès à des informations régulières est impossible car toute lecture autre que les correspondances leur est interdite.

 » Aussi, c’est avec une extraordinaire avidité que les condamnés font la chasse au moindre bout de papier dans l’espoir d’y découvrir quelques lignes imprimées qui les mettront au courant des événements extérieurs. […] Le plus souvent ils trouvent Politique coloniale, journal auquel sont abonnés tous les gardes chiourmes. […] Bien des fois, dans l’espoir d’y lire quelques nouvelles de France, j’ai recueilli des chiffons de papier imprimé dont je lavais les souillures. C’est ainsi que j’eus connaissance de la presque totalité des événements politiques qui se déroulaient alors dans la métropole. Le temps où je pus lire le plus à mon aise fut celui que je passai comme ouvrier à la relégation des femmes. Les religieuses y recevaient La Croix, Le Pèlerin et quelques autres publications du même genre, dont la prose n’offre pas une bien friande nourriture à un cerveau que hante les idées anarchistes et athéistes, mais qui sont malgré tout, un régal pour le forçat régulièrement privé de lecture. »[7]

Tout comme celles apportées par la réception des correspondances, les nouvelles véhiculées par les journaux sont transmises aux compagnons.

« Un jour, bonne aubaine, on eut un journal relatant la défense d’Emile Henry, qui fut lue à haute voix pendant la sieste. Tous les hommes de la case écoutèrent, ainsi que deux surveillants à la fenêtre (qui ont dû en prendre de la graine !). On ne sut jamais leur opinion à ce sujet, seulement on les vit gesticuler en s’en allant, comme des hommes animés par la discussion. »[8]

Ainsi, l’importance et la fréquence des discussions autour des théories anarchistes apparaît très nettement dans le corpus que nous avons analysé.

b/ Le théâtre

Outre les discussions, une initiative reste unique et sans suite, celle de Courtois qui par le biais d’une pièce de théâtre développe les théories anarchistes devant les forçats et l’administration réunis. Voici le récit que fait Courtois dans ses mémoires de cet épisode marquant :

« Quelques transportés avaient soumis à M. Simon, directeur, une pétition couverte de nombreuses signatures, dans le but d’être autorisés à jouer la comédie le dimanche en matinée. La requête était basée sur des attendus et des considérants, disant en substance, que ce genre de récréation, tout en rendant le séjour du bagne moins pénible, pourrait être une source de salutaires enseignements, rendraient moins fréquentes les tentatives d’évasions et enrayerait dans des proportions notables la passion du jeu. […] La première pièce représentée fut la Tour de Nesle. Hincelin y fut superbe en Buridan. La petite fête se renouvela assez souvent et sans encombre jusqu’au jour où l’idée vint de monter Gigolette. […] Hincelin fit des pieds et des mains afin de me faire accepter de jouer le rôle de défenseur. Je fis d’abord quelques difficultés et ne consentis qu’à la condition de n’être pas astreint à prendre part aux répétitions.

Le jour de la répétition, les premières scènes marchèrent à souhait. Après le réquisitoire, l’acteur qui jouait « le président des assises », donna la parole à l’avocat. Observant le livret, je présentais d’abord la défense de l’accusé, puis me laissant aller à mon tempérament de conférencier-propagandiste, j’entrai dans des considérations philosophiques faisant le procès de la société…Je parlais, parlais toujours et tous ces gens qui avaient assassiné ou volé, écoutaient les larmes aux yeux, tandis que, dans la coulisse, le régisseur s’impatientait, certain que le temps manquerait pour mener Gigolette jusqu’à la fin. En effet, la matinée se termina sur la plaidoirie. je reçus les félicitations de la plus grande partie de mes auditeurs et, à nouveau, on me donna le surnom que mes compagnons de travail m’avaient donné vingt ans auparavant. je redevins « l’Avocat ». […]

Je fus appelé au service intérieur, où un surveillant m’admonesta un peu vertement.

– Vous profitez, me dit-il de la permission qui vous a été accordée de jouer la comédie, pour faire des conférences anarchistes et critiquer les actes de l’administration pénitentiaire. Vous vous êtes mis dans de jolis draps ! […]

Je n’encourus cependant aucune punition, mais le théâtre avait vécu, et l’occasion de renouveler des discours libertaires était à jamais perdue. »[9]

Cette expérience tentée par Courtois montre que le lien entre une situation fictive (la pièce de théâtre) et une autre réalité plus actuelle et plus concrète est utilisée pour la mise en avant de l’idéologie. Cette démarche est visiblement improvisée, mais les talents d’orateurs de ce militant pallient facilement au manque de préparation.

c/ Propagande auprès de la population libre

Nous n’avons trouvé qu’un seul exemple de perspective de propagande auprès de la population libre, envisagée lors de la relégation après la peine de travaux forcés, dans les sources que nous avons étudiées. Girier-Lorion explique cette motivation alors que des compagnons lui proposent de prendre part à leur évasion. Clément Duval restitue dans son ouvrage les propos qu’il tient à ce sujet.

« – Ce plan est très bien pour des camarades dans votre cas ; quant à moi je suis jeune et ai une petite peine relativement à vous, et si la maladie ne m’emporte pas, je me sens la force de faire ma peine, et quand je serais libéré je resterai dans la colonie, y ferai de la culture et démontrerai l’incurie de l’administration, et en profiterai pour faire une propagande active. Il y a de la besogne à faire ici comme ailleurs, et je m’y donnerai tout entier.

On sentait l’apôtre dans ces paroles ainsi que dans ses réponses aux objections que nous lui fîmes, sur les obstacles qu’il rencontrerait et leurs conséquences.

– J’ai pensé à tout cela, mais avec l’expérience que j’aurai acquise ici, on ne me démontera pas aussi facilement que vous le pensez. Etant libéré, je puis certainement avoir la chance de m’évader. Mais, étant à vie en Guyane, si je retourne en France, je ne pourrai rien faire, serai traqué comme une bête fauve pour rupture de ban ; à l’étranger, de quelle utilité serai-je à la propagande ? Tandis qu’ici il y a tant besoin qu’on y porte la bonne parole pour détruire le fétichisme, l’ignorance, etc. Et puis, je ne serai pas seul, notre bon camarade Lepiez et moi seront libérés à peu près ensemble, ensuite Paridaën et d’autres qui suivront, nous serons une force. Et vous, Duval si vous ne réussissez pas à vous évader, vous pourrez aller en concession à peu près à la même époque, même avant. Et si votre compagne vient vous rejoindre, comme elle le désire, nous serons un petit noyau qui saura se faire respecter et saurons-nous imposer comme vous l’avez fait, étant seul, puisant votre force dans la logique, la sincérité de vos convictions. Nous ferons de même et, croyez le, nos efforts ne seront pas vains, auront une répercussion jusque dans la métropole, où il y a des amis qui nous aideront à mener à bien notre propagande. Ah ! Je ne me le dissimule pas, la tâche est aride. Il faut retirer de tous ces cerveaux les préjugés, les erreurs, le fanatisme que les missionnaires ont incrusté chez ce peuple. Par notre conduite, nous saurons nous faire aimer de cette population qui viendra à nous, nous écoutera, et plus tard ils seront nos défenseurs contre nos adversaires, nos persécuteurs. Ce sera la lutte à mort, car nous irons jusqu’au bout, et si nous succombons ce sera par les balles, et non dans les cachots.[…)[10] « 

Girier mourra dans les cachots du bagne sans avoir pu mettre en oeuvre ce projet auprès de la population civile, étendu à priori, selon ses propres allusions, à la population autochtone.[11]

Toutefois à travers les questionnements de Girier sur « l’après bagne » se pose le problème de ceux qui survécurent à l’expérience concentrationnaire.

Libérés et astreints à résidence en Guyane, graciés ou évadés, ils sont très peu à avoir pu témoigner de leur séjour forcé dans les geôles guyanaises. Le retour en France a été pour certains un retour militant acharné, comme Gallo, ancien transporté en Nouvelle-Calédonie qui n’eut de cesse de témoigner par de multiples conférences de la situation faite aux transportés au bagne. Des campagnes pour la libération de compagnons suivirent, sans toutefois beaucoup d’effets. Il semble néanmoins qu’une solidarité réelle se soit exprimée pour réunir les fonds nécessaires au retour des quelques graciés. Puisque les frais du retour en France n’étaient pas pris en charge par l’état. Nous avons également pu retrouver des lettres de transportés anarchistes demandant aux compagnons d’aider leur famille démunies, nous n’avons pu vérifier si ces requêtes avaient été suivies d’effet.[12]

Il faut également évoquer les prises de position de certains journalistes, comme M. Leynet qui écrivit plusieurs articles dans L’Eclair en faveur de Girier. Joseph Reinach rédigea un rapport en 1899 pour la Ligue française pour la défense des droits de l’homme et du citoyen, sur la situation de cinq détenus aux îles du Salut, condamnés par les lois dites « scélérates ». Les cas soulevés sont ceux de François Monod, Théodore Lardaux, Arthur Vauthier, Régis Meunier, Girier Lorion[13] et Auguste Courtois. Il met en avant la violation de l’article X de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qu’implique l’application des lois scélérates incriminant l’opinion anarchiste :

« Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi. « 

Adoptée à l’unanimité, la proposition sera soumise sous cette forme :

« Nous demandons aux pouvoirs publics d’étudier à leur tour ces dossiers et d’y apporter l’esprit de la charte fondamentale de la nation française. »[14]

A la suite de cette initiative Monod et Courtois seront graciés. L’étude de la presse anarchiste a montré que les procès qui ont touché les propagandistes ont été commentés et mis en valeur. En ce qui concerne l’information sur la situation des compagnons au bagne La Révolte fera paraître une lettre de Gallo, condamné aux travaux forcés en Nouvelle-Calédonie[15] . Mais nous n’avons pas trouvé pour cet hebdomadaire d’articles important sur ce thème. Le Père Peinard quant à lui fera paraître de nombreux articles ou brèves sur le bagne, la situation des anarchistes et des autres transportés[16].

La déportation de Dreyfus à l’île du Diable ouvre de nouvelles perspectives de discussions politiques qui semblent avoir mis à l’ordre du jour la question du bagne. Emile Pouget, alors rédacteur du Père Peinard, s’étonne avec cynisme de la récente indignation de certains comme J. Reinach et ses amis[17], ou d’autres journalistes à propos de la condamnation de Dreyfus ou d’Emile Zola.

« […] Y’a eu, et y’a encore, bougrement de tapage – pour ou contre Dreyfus- mais c’est du bacchanal d’imprimerie qui aboutit à un simple noicissage de papier. Question de commerce ! Certes, les bourgeois font bien de s’emballer pour Dreyfus : le type est un de leur copains… à plus forte raison, la famille aurait tort de ne pas se tracasser.[…] Pour les innocents qui y moisissent, il faut faire campagne, mais n’ayez crainte, comme ce sont des prolos, on ne foutra pas les rotatives en branle pour eux ! […] »[18]

« […] Les copains m’excuseront : il m’était nécessaire de coller sous le blaire des bons bougres qui bouillonnent d’indignation à propos de la condamnation de Zola, une kyrielle de faits, prouvant que ce n’est pas d’hier seulement que les marchands d’injustice dédient des condamnations à faux froid. Et cela pour inciter les gars à ouvrir le débat. S’indigner et protester pour un unique condamné – si intéressant soit-il – est bien, mais s’indigner et protester en faveur de tous les pauvres gars que les chats-fourrés martyrisent depuis toujours est bougrement mieux […]. »

Seules les mémoires des anciens transportés Duval, Courtois, et Law permettent de reconstituer en partie pour notre échantillon cette expérience forcée.[19] Chacun d’entre-eux à sa façon à voulu témoigner.

Clément Duval privilégie la mémoire de ses compagnons et le souvenir de ses confrontations à l’administration à travers la restitution de nombreux dialogues et ne donne que peu de détails sur le quotidien, qui est malgré tout implicitement évoqué. Il semble qu’il a souhaité privilégier l’aspect social, à travers un récit très spontané, chronologique et parfois troublant, car l’ambiguïté de certains passages laissent perplexes.

Jacob Law dans un manuscrit très court et écrit peu de temps après son retour du bagne, s’exprime avec beaucoup d’amertume et de virulence. Il est clair que la fonction de cet ouvrage est d’expulser l’expression brimée pendant dix-huit ans. Son témoignage se veut très concis, les exemples sont choisis avec beaucoup de précision et sont multipliés. La souffrance morale subie par cet ancien transporté se déverse sur le papier comme une encre rouge.

Liard Courtois se distingue par un récit très construit, organisé en 55 chapitres qui sont autant de sujets précis qu’il développe des événements et du fonctionnement du bagne. Le recul transparaît à travers le style posé et une analyse permanente, car il visiblement souhaité restituer le maximum de détails sur la situation des transportés au bagne tout en y mêlant la situation particulière faite aux anarchistes.

Les témoignages d’anciens transportés sont nombreux. Motivés par la volonté de raconter l’impensable, de vanter le comportement exemplaire de leur camarades, de rendre héroïque leur survie dans cet enfer, de perdre le numéro qui les identifiait… Mais témoigner ! Témoigner au nom de tous, pour exorciser la douleur, le dénuement et le désespoir qui accompagna quotidiennement ces 70 000 hommes partis expier dans un enfer construit pour eux seuls les crimes qu’ils avaient commis.


[1] Ibid page 256.

[2] Ibid page 332.

[3] Ibid page 373.

[4] Ibid page 411.

[5] Op.cité Clément Duval/Marianne Enckell, page 179.

[6] Ibid page 185.

[7]Op.cité, Liard-Courtois, pages 385/386.

[8]Op.cité, Clément Duval/Marianne Enckell, page 209.

[9]Op.cité, Liard-Courtois, page 342/343.

[10]Op.cité, Clément Duval/Marianne Enckell, pages 138/ 139.

[11]La relégation implique un changement dans la classification des dossiers pour l’administration pénitentiaire. Nous avons poursuivi nos recherches dans plusieurs cas sur ces dossiers afin de rassembler avec plus de précision des éléments sur le comportement des forçats anarchistes en relégation. Cette démarche s’est révélée infructueuse devant la pauvreté du contenu des dossiers.

[12] Fonds Jean Grave (correspondances), [14 AS 184 (a) et (b)].

[13] Qui vient de mourrir en cellule.

[14] Joseph Reinach, Rapport sur le cas de cinq détenus des îles du Salut, Paris, 1899, page 39.

[15] La Révolte, semaine du 21 au 27 décembre 1889, N°15. [Centre Malher sans cote]

[16]Le Père Peinard [14 AS 122 (3)] et plus particulièrement les numéros suivants : 9/16 janvier 1898 ; 16/23 janvier 1898 ; 20/27 février 1898 ; 6/13 mars 1898 ; 11/18 décembre 1898 ; 18/25 décembre 1898 ; 26/05 mars 1898.

[17] Ibid 18/25 décembre 1898.

[18] Ibid 16/23 janvier 1898.

[19] Nous avons évincé de nos références l’ouvrage d’Eugène Dieudonné, La vie des forçats, car de nombreuses présomptions pèsent sur son véritable auteur. Il semblerait en effet, d’après des sources différentes, que ce soit Albert Londres qui ait co-rédigé ce manuscrit.

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