Lupinose 51 au Monde


L’été est propice aux articles plus légers dans la presse nationale. Le Monde, le très sérieux Monde, l’austère Monde n’échappe pas à la règle. Le 05 août 2010, le torchon fondé par Hubert Beuve-Méry invite le courageux lecteur qui ose s’aventurer jusqu’au plus profond de ses pages intérieures à s’aventurer dans Marseille au rythme de la petite et grande histoire. Par le biais de son correspondant local, le quotidien promotionne la truculente et toute méridionale verve de Jean-Pierre Cassely, guide ou conteur ou les deux à la fois. L’homme semble connaître sa ville sur le bout des doigts ou plutôt jusqu’à la pointe de ses escarpins.

En quatre circuits, il emmènerait ses clients, les touristes ou les deux à la fois dans un Marseille insolite où, toutefois, il ne serait point question de tomber dans le cliché. Pas de sardine au menu ! Pas d’imaginaire quartier, non plus, servant de décor à une série télé hexagonale à succès ! Nous voilà prévenus. Mais cela n’empêche pas de drolatiques anecdotes lors des pérégrinations comme celle, par exemple, de la funeste interdiction, en 1941, du pastis par le régime de Vichy. Mais le petit jaune a doublement coloré notre sourire.

Le localier du Monde a suivi les pas enjoués de Jean-Pierre Cassely et a terminé sa course en dégustant quelques navettes, biscuits typiquement marseillais, devant le n°29 de la rue Navarin. Là naquit l’idole des anarchistes, inspirateur par ses nombreux, extraordinaires et néanmoins délictueux exploits du héros littéraire qui fit la fortune de Maurice Leblanc. Le guide-conteur, qui sait l’histoire de sa ville mais pas celle de la Somme, affirme même la présence de l’écrivain normand à Amiens en 1905. Et voili voilou notre touriste édifié, interpelé, conquis par le propos du conteur-guide. Mais, bien sûr, sans être tombé dans le cliché. Rappelons alors au journaliste qui a écrit le papier qui suit que les anarchistes sans dieu ni maître n’ont ni idole, ni chef, ni césar, ni tribun. Rappelons-lui aussi que l’abus de Ricard peut éventuellement nuire à son écriture. Sa santé, on s’en moque un peu.

Marseille au rythme de la grande et petite histoire

Le Monde

05 août 2010-08-08

Marseille

Correspondant

Si le Marseille insolite que propose Jean-Pierre Cassely est truffé d’anecdotes et accompagné parfois d’une dégustation de panisses et de rosé, pas question de tomber dans le cliché. « A chaque début de visite, j’avertis : ne me parlez pas de cette histoire de sardine qui a bouché le port de Marseille. » Le ton est donné. Deux heures de balades dans un quartier au rythme de la petite et grande histoire, avec humour mais sans galéjades.

En cinq ans le catalogue de ce « conteur de rues » s’est étoffé. Désormais, le visiteur peut choisir entre quatre circuits : « La Bourse ou le Panier », « After Chave », « Des divas de l’Opéra aux ténors du barreau » ou « les clés de saint Pierre, une visite sans concessions ». Le premier itinéraire, le plus demandé, conduit du siège de la chambre du commerce, le palais de la Bourse, jusqu’aux ruelles étroites du quartier du Panier, devenu carton pâte et rebaptisé « Mistral » dans le feuilleton à succès « Plus belle la vie ».

De cette fiction, pas un mot. Jean-Pierre Cassely préfère parler de la colère suscitée par l’allégorie de l’Océan et de la Méditerranée, un homme et une femme nus, sur la façade du palais de la Bourse. « Si on ne les habille pas, je ne viens pas à l’inauguration, avait menacé l’évêque. L’archiviste de la chambre lui répondit : le public marseillais trouve tout naturel que l’on montre des bourses au palais de la Bourse », raconte-t-il. Dans le grand hall, s’il s’arrête devant le médaillon de la Prusse c’est pour mieux évoquer les guerres et la funeste interdiction, en 1941, du pastis par le régime de Vichy.

Puis, direction le port, la mairie, où le conteur croise parfois Jean-Claude Gaudin – « Quand on le voit, je lui dis : « Monsieur le maire, ne vous fatiguez pas, il n’y en a pas un qui vote ici ! » » et le pittoresque quartier des Accoules. « C’est un point central où se trouvaient le palais de justice, l’Hôtel-Dieu et la paroisse. » Changement de ton, Jean-Pierre Cassely tirerait presque les larmes à son auditoire en évoquant le « traitement exemplaire des orphelins à Marseille. On les aidait à devenir capitaines de bateau ou chirurgiens ».

Quelques navettes, biscuits typiquement marseillais, et le circuit se termine dans la rue est né Alexandre Marius Jacob, « idole des anarchistes ». « Maurice Leblanc avait assisté à son procès et en fit son Arsène Lupin », précise M. Cassely qui, depuis peu, associe histoire et high-tech. Sur son i-pad s’affiche la lettre de suicide de Jacob.

Plus surprenant encore, ces images tournées en 1960 présentées au cours de la balade « After Chave ». On y voit Gaston Deferre et Nikita Khrouchtchev venus inaugurer une maternelle dans ce quartier, sur l’ancien emplacement, sur l’ancien emplacement d’une prison. Ironie du sort, le dernier condamné à mort exécuté là avait crié avant d’être guillotiné : « Vive la Russie ! ». – (Interim).

Jean-Pierre Cassely propose aussi des balades à Aix en Provence et à Toulon. Offices du tourisme : tel. : 06-07-32-10-31.

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