RIP Madeleine
Madeleine Briselance est morte. Elle est passée du côté des souvenirs le 03 décembre dernier. Mais son souvenir n’est pas prêt de s’effacer. Une petite bicoque dans Montreuil. Un café et un clope pour finir le repas. C’était un dimanche de février 2002 et la vieille avait prévenu. Ce sera à la bonne franquette. Pas de chichi, pas de flonflon. La porte de l’amitié ouverte ; on y rentre illico. C’est un dimanche d’hiver.
Il fait chaud dans cette maison remplie de livres. Et pendant le repas, elle parle de Jacob, de son enfance berrichonne avec son père Georges et son oncle Louis, tous deux forains et amis du premier. Une gouaille de titi parisienne, que l’on peut encore entendre dans le documentaire Pourquoi j’ai cambriolé ? de Laurent Termignon et Thomas Turner. Des yeux qui pétillent à l’évocation passée des marchés, du déballage de la marchandise et du rembour. Ce petit bout de femme sait mettre en scène ce qu’elle a vu et vécu. Et elle a bien bourlingué ! Elle raconte encore son militantisme au planning familial, à l’Union Pacifiste et chez « les copains d’AL » ou encore son soutien au peuple polynésien et ses années aux Auberges de jeunesse. C’est là d’ailleurs qu’en 1953 elle fait la connaissance d’Alain Sergent. Madeleine c’était tout ça et plein d’autres choses encore. Cette ancienne relieuse fut une de nos principales sources sur la vie d’un honnête forain, pas si reclus que cela dans son hameau de Bois Saint Denis et pourtant revenu de l’enfer du bagne, un vieux au regard percutant et qui lui racontait mille et une histoires guyanaises. Madeleine était encore venue à la fête que donnait toute l’équipe de l’Insomniaque pour la sortie de la réédition des écrits en 2004. Une vraie présence. Madeleine Briselance s’est éteinte à 88 ans. Une anarchiste est morte. Le numéro de janvier 2010 d’Alternative Libertaire lui rend hommage. On pourra encore relire dans ce blog l’entretien qu’elle nous a accordé. Salut la vieille ! Adieu l’Amie !
Janvier 2010
Nécrologie : Madeleine Briselance
Nous avons appris avec tristesse le décès le 3 décembre 2009 de notre ancienne camarade Madeleine Briselance. Née le 5 juin 1922, Madeleine avait grandi dans un milieu familial libertaire, puisque son père Louis était un ami d’Alexandre Jacob, le fameux cambrioleur anarchiste revenu du bagne.
Ouvrière dans une papeterie industrielle, puis brièvement relieuse d’art, elle fut ensuite employée dans un centre médical de la MGEN. Militante dans le mouvement des auberges de jeunesse, inscrite au PSU, elle fut engagée à fond dans tous les combats féministes, notamment en faveur de la légalisation de l’avortement.
Elle recentra ensuite son action sur l’antimilitarisme. Militante de l’Union pacifiste puis présidente de l’association SOS-Tahiti, Madeleine milita ardemment contre la série d’essais nucléaires en Polynésie décidée par Jacques Chirac en 1995. En 2003 encore, elle protestait contre la 2e guerre du Golfe.
Elle est donc décédée quelques jours avant que le Parlement adopte, le 22 décembre, le projet de loi sur la reconnaissance et l’indemnisation des victimes des essais nucléaires conduits par la France entre 1960 et 1996, un combat qu’elle avait mené pendant des années, et dont elle n’aura pu voir l’aboutissement.
Militante d’Alternative libertaire à Montreuil entre 1993 et 2001, Madeleine Briselance a laissé à ses camarades le souvenir ému d’une septuagénaire incroyablement énergique, petite par la taille, grande par la sincérité et le désintéressement de son engagement.
Guillaume Davranche (AL Paris-Sud).
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