Tomalu


Tom a la banane. Un déferlement de saines et haineuses critiques quand il maudit les livres qu’il lit, quand il conchie cette impression de perte de temps. Tom la banane est un indicateur. Tom a lu. Tom la banane est un partageux. Tom la banane partage ses impressions de lecture. Tom la banane conseille ou plutôt ne conseille surtout pas…

Là où d’aucuns s’amuseraient à décerner des anti-prix littéraires ; là où d’autres, encore, joueraient les benêts consuméristes devant le dernier Goncourt, le dernier Fémina  ou celui que les auditeurs d’une radio publique de grande écoute ont pu choisir grâce aux conseils fort précieux du choisi de l’année précédente ; Tom la banane ne conseille pas.

Bien au contraire. Il s’est amusé à lire quelques pages, puis a remisé les bouquins au fond de son grenier parce qu’ils n’ont même pas leur place dans le tri sélectif à l’heure de l’éco-citoyennisme dégoulinant en Scandinavie.

Tom la banane constate

Tom la Banane ne s’est pas laissé berner par les sirènes commerciales d’une très curieuse floraison littéraire sur l’anarchisme dont on a déjà dit quelques mots dans le Jacoblog. Systématiquement, l’ouvrage, qu’il ne faut donc pas acheter, aborde le mouvement libertaire sous l’angle du fait divers, de l’émotion et du sensationnel et quand, il prétend l’analyser, nous pouvons ainsi tomber dans la très fallacieuse théorie du complot, des réseaux obscurs et agissants et autres dégénérés de l’idéal anarchiste.

Tom a piqué une crise en feuilletant Hors la Loi et les Grandes affaires Criminelles de la Somme.

La propagande par le fait et l’illégalisme sont à la mode … de chez eux. Eux ? Les grosses boites éditoriales ont flairés le coup facile à l’approche des festivités de fin d’année. L’honnête cambrioleur Jacob donne alors lieu à des morceaux de choix. Lupinose à tous les étages. Ainsi en est-il dans la série des Grandes Affaires Criminelles consacrée ici au département de la Somme ou encore dans ce livre qui depuis peu envahit les fenêtres des web-libraires : Hors-la-loi. Belle première couverture. Belle iconographie. Un catalogue de bandits de grands et petits chemins pour s’amuser devant la cheminée, bien au chaud, sous l’œil attendri et éclairé de grand Papa qui se souvient fort probablement de la terrible geste de Pierrot le fou.  Pas d’analyse en profondeur en revanche. Ce livre ne sert visiblement pas la science historique. Et pour ceux qui aiment bien frémir dans le genre local, la Somme offre encore son lot de sordide et de lupinose.  Seul intérêt de cette fadasserie qui n’en présente guère d’autres d’ailleurs, la reconnaissance par son auteur, Magali Rigaut, de la disparition du dossier d’instruction en vue du procès de la « bande sinistre ».  Sur certaines histoires, c’est même écrit à la première personne !!! C’est pour faire vrai,  affirme-t-la plumitive dans une interview donnée au Courrier Picard le jeudi 15 octobre dernier. Pour forcer l’empathie. Et pour que le lecteur ne se lasse pas. Tom la banane s’est vite lassé.

Tom la banane a failli s’étouffer avec les plumes de Vivien, Thierry et Renaud

Passe encore (parce que l’on n’est pas dupe d’une intention politique sous couvert de la science historique) que Vivien Bouhey mette en avant le voleur vosgien Charles Bernard pour montrer une internationale noire de la pince monseigneur sans analyser les motivations profondes de ceux et celles que l’on rencontre dans le dossier d’archives consacré à ce criminel lorrain. Vivien Bouhey instruit à charge. On finit par être habitué à ce genre de problématique dénaturant non seulement l’acte anarchiste mais aussi la recherche historique. Le livre de Thierry Levy met lui en évidence au mieux une idée mal comprise, au pire des déviants incultes dans son histoire des anarchistes face à la loi. Plutôt la mort que l’injustice s’attache à révéler, par exemple, les rapports douteux entre Bakounine et Netchaïev. Anarchisme, nihilisme, bombe, violence, crime, malheur. CQFD. Ravachol, Vaillant, Henry, Casério et les  seconds couteaux du crime anarchiste peuvent alors s’exprimer pour le plus grand et le plus malsain des plaisirs littéraires. Amalgame quand tu nous tiens …

Reste au final une belle bande de tragiques. Tel est le sens de la réédition du …, de la … commise par Renaud Tomaso sur Jules Bonnot et consort. Du sang, de la sueur et des larmes à mettre sous le sapin ? L’histoire comme un roman c’est le titre de la collection de chez Larousse. Un roman où le héros est un criminel ? Certes mais il est écrit que force doit rester à la loi et à la morale. Mort aux Bourgeois se termine finalement assez bien. Cramé le Jules ! Cramés les autres aussi ! Dormez tranquille bonnes gens ! Ne dépensez pas votre oseille inutilement.

Nous ne lirons pas les ouvrages suivants.

Et sans feu de joie parce que ça pète du CO2 partout sur la terre qui a bobo. Sans feu de joie non plus parce que ce genre de pratique reste dévolue aux lecteurs du Figaro, de La gerbe, de National Hebdo et de Je suis partout.

Merci Tominou pour ses judicieuses recommandations et cet avis brûlant, éclairé, chaleureux et lumineux.

A ne surtout pas lire donc :

  • – Renaud Thomazo, Mort aux Bourgeois, coll. L’Histoire comme un roman, Larousse, réédition 2009.
  • – Vivien Bouhey, Les Anarchistes contre la République, contribution à l’histoire des réseaux sous la Troisième République (1880-1914), Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2008
  • – Magali Rigaut, Les grandes affaires criminelles de la Somme, coll. Les grandes affaires criminelles, édtions De Borée, 2009
  • – Laurent Maréchaux, Hors la loi, Arthaud, 2009
  • – Thierry Lévy, Plutôt la mort que l’injustice, Odile Jacob, 2009

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