L’amer, le tragique et l’honnête


Amer seconde déchargeL’Amer, zine de Lille, connaît une parution des plus aléatoires et cela rend le chti fanzine d’autant plus précieux qu’on finit comme l’Arlésienne par l’attendre. « Acrimonie, haine, amertume, colère, aigreur, mélancolie, atrabile, fiel … Amer est une revue finissante consacrée aux littératures finiséculaires et à ce qui s’y rapporte, de près ou de loin ». Dès la première page. Dès la première ligne. Dès les deux ou trois premiers mots. On sait qu’on va en redemander. Le goût du revenez-y. Amer. Pour faire de la bière à prostate un doux et suave breuvage. Amer. Pour rendre compte d’une Belle Epoque qui ne l’était pas. Amer. Pour remettre au goût du jour ces littérateurs, pas forcément nanars, mais sûrement tombés dans l’ennui élitiste des lecteurs de Télérama et des auditeurs de France Cul. Le numéro deux vient de sortir. Seconde décharge. Présentation soignée. Un truc qui ressemble à un pittbull sur la 1e et la 4e de couv. Une espèce de canin d’Hades qui annonce la couleur de ces feuilles monochromes que l’on va dévorer. Nietzsche, pas vraiment perdu de vue celui-là. Gourmont. Mirbeau. Jouy. Mac Nab. Amer verse aussi dans l’histoire sociale et politique.  A lire absolument cet entretien à trois avec Céline Beaudet et Anne Steiner. La première est l’auteur d’un excellent ouvrage sur les milieux libres et autres communautés anarchistes (éditions Libertaires, 2006). Les en-dehors, anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle EpoqueLa seconde,  sociologue, spécialiste également de la RAF et enseignante à Nanterre, vient d’écrire une autre histoire de la Bande à Bonnot : les en-dehors, anarchistes individualistes et illégalistes à la Belle Epoque (éditions L’Echappée, 2008). C’est justement de cela que nous traitons dans l’article Mort aux Bourgeois. Nous n’avons pas aimé le roman de Renaud Thomazo, dont est tiré notre article. Parce que c’est justement  un roman. Et dans un roman, on peut se permettre le travestissement de la réalité. Le livre d’Anne Steiner propose en revanche une approche originale des tragiques en auto. Même si nous pouvons lui reprocher d’avoir elle aussi quelque peu romancé son récit, fait des illégalistes des égarés jusqu’au-boutistes et donné en fin une chronologie d’ensemble quelque peu inappropriée, approcher par les yeux de Rirette Maitrejean l’individualisme de ces hommes et femmes, qui ont essayé de vivre en anarchiste dès l’instant présent constitue une excellente problématique d’ensemble. Et là, la sociologue se fait historienne. L’auteur pose en fin de compte la question cruciale de la place de la femme dans un univers où la masculinité l’emporte. Le browning ne tombe pas en quenouille ! On connaît la fin : « Bonnot, Callemin, Garnier ont fini dans leur raisiné ; la bonne France a couru, a valsé, dansé dans les rues ; mais craignez tas de charognes, tous planqués derrière vos cognes  que reviennent les années folles des bandits en bagnoles » (Parabellum). Amer annonce aussi la sortie de « l’honnête cambrioleur », autre individualiste, « cas témoin de l’illégalisme » (Jean Maitron). Elle nous a demandé à l’occasion de nous justifier sur le choix étrange (mais pas pour nous) d’un tel titre.

 

Pour commander Amer, prix libre / 5 euros librairie / plus en soutien. Envoyez 5 euros (gratuit pour les prisonniers-es)à l’adresse suivante Amer, 82 rue Colbert 59000 Lille. Chèques à l’ordre des « Ames d’Atala ». Pour réserver ou obtenir plus de précisions, notre contact mail : zamdatala@hotmail.com.
En vie, en guerre.
Mort, en paix »

Adresse : 82 rue colbert 59000 Lille

 

AMER

Revue finissante

Seconde décharge

Éditions Les Ames d’Atala
Lille, Mai 2008
192 pages
Sommaire:

Les deux morales par Nietzsche

L’esclave par Remy de Gourmont

Amour bestial par Peter Singer

Le Journal d’une femme de chambre par Rachilde

Fragments ancillaires

Artisses, philosophes et chiers d’encre par le Père Peinard

Le Chourinage et son abîme par Ian Geay

Fétichisme et domesticité par Emily S. Apter

Entretien avec Céline Beaudet et Anne Steiner

Les Foetus par Mac-Nab

Réponse d’un voyou par Jules Jouy

Pauvre Tom d’Octave Mirbeau

Leurs soirs de Jean Lorrain

Mademoiselle par Marie-Laure Dagoit

Méchante par Lolita M’Gouni

Simulacre par Mademoiselle Anonyme

Souvenirs d’enfance par Sacher Masoch

Le Lapin par Hugues Le Roux

Je n’ai aimé que toi par Marie-Laure Dagoit

Appel à contribution

La revue des revues

Le Bovarysme par Stéphane Beau

Mort aux bourgeois par Jean-Marc Delpech

Sang d’encre

Chapardage

Rien n ‘est vrai tout est possible par Ian Geay

Maisons amies

Illustrations de Ellenore Lemattre, Ulrike Uhlig, Mïrka Lugosi, Jean-Claude Claeys et Sébastien Fantini.

 

Alexandre Jacob l\'honnête cambrioleurp.109 : Nous évoquions le chapardage. Parlons chapardeurs ! Est sorti à l’Atelier de Création Libertaire Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur, de JEAN-­MARC DELPECH. Lorsque nous l’avons interrogé sur son drôle de titre, voilà ce qu’il nous a répondu : «Bien sur que l’utilisation de ce terme doit provoquer tout un questionnement pour le lecteur de par son caractère d’oxymore. Mais, dans cette optique, nous nous plaçons volontairement dans une réflexion qui a acquis les valeurs morales (pour ne pas dire libéra­les) sur l’iniquité du vol. Toute la problématique est alors centrée sur la jus­tification du vol politique et anarchiste. L’illégalisme de Jacob est érigé en théorie par lui-même lors de ses différents procès. «J’ai préfère être voleur que volé» affirme-t-il d’ailleurs ou encore «Certes, moi aussi je réprouve le fait par lequel un homme s’empare violemment du fruit et du labeur d’autrui. Mais c’est précisément pour cela que je fais la guerre aux riches, voleurs du bien des pauvres. Moi aussi, je voudrais vivre dans une société ou le vol serait banni. Je n’approuve et n’ai usé du vol que comme moyen de révolte propre à combattre le plus inique de tous les vols : la propriété individuelle.». Autrement dit, j’ai essayé de montrer que nous sommes en présence d’un homme qui est certainement plus qu’un simple militant. D’ou la fin de mon propos qui vise à casser la vision de l’aventurier que I’on peut avoir et le mythe lupinien qui nuisent grandement au sens que Jacob a donné à ses actes. Il fallait aussi replacer l’homme dans son contexte: celui de I’anarchie, de la fin du XIXe siècle, etc. A partir de là, toute la vie de Jacob est conforme à son idéal de départ. D’ou I’emploi du terme honnête et la 4e de couv que j’ai écrite. Le mot revient d’ailleurs constamment dans sa dialectique. Je crois que son utilisation énervait Jacob à cause de l’hypocrite contradiction qu’il sous-tend et qui fait d’un flic, par exemple, un être probe par définition tandis que lui, le bagnard, l’anarchiste, le voleur, ne pourrait pas constituer une référence dialectique. De plus tous les témoignages que j’ai pu recueillir, tant oraux qu’écrits, hormis peut-être celui de Jacob Law sur la période du bagne, révèlent cet homme au caractère trempé qui n’a jamais dérogé à SA morale anarchiste. C’est d’ailleurs ce qu’il écrivait à sa dernière compagne lorsqu’il affirmait, à 75 ans, préférer dans le cas d’une guerre sociale tuer un homme que d’égorger une poule parce que dans le cas d’une poule se serait faire office de bourreau. De là aussi mon agacement à lire le portrait qu’en dresse Jean Maitron, historien marxiste, et qui fait de Jacob l’exemple de l’échec des illégalistes ». Le blog de Jean-Marc est très instructif http://www.atelierdecreationlibertaire.comlalexandre-jacob/

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