Glou-glou la romaine


Nichée au pied d’un promontoire, Vaison la romaine est une petite cité tranquille. Une carte postale qui doit sa renommée à son patrimoine et où l’on pratique aussi un sinistre tourisme de mémoire. Glauque. Des vaches au bide gonflé et les quatre pieds tournés vers le haut, des cercueils qui flottent. La crue de 1992 y fut mortelle et on vient désormais de loin pour y visiter les stigmates de la catastrophe. Mais la ville du Haut Vaucluse, sous la lointaine protection du Mont Ventoux, cultive et multiplie surtout d’agréables et comestibles stéréotypes provençaux. Sur les étals du marché du mardi matin, les paquets de lavande côtoient la bouteille de rosé et de rouge des côtes du Rhône ou d’autres micro-terroirs, la cigale en plâtre peinte par de petites mains chinoises qui chante en faisant « ksé-ksé-ksé » quand le quidam passe devant le détecteur de mouvement intégré. Sans oublier bien sûr le savon de Marseille, le pastis local ou la nappe qui va bien pour l’apéro de 10h, pour celui de 11h, pour celui de 12h, de 17h, de 18h, de 19 h … avec les liquides précédemment cités. On ne s’ennuie pas à Vaison la Romaine : on y chante et on y danse. On fredonne, par exemple, Brassens le  libertaire à la fin du mois d’avril. On y lit aussi d’étranges et honnêtes histoires de voleur anarchiste pour qui la vie ne fut pas vraiment un long fleuve tranquille.

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