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La Bourse du travail de Lyon
LE COMBAT SYNDICALISTE n°285, 3 juin 2004

Bourses du travail du début de l’autre siècle...
Un mythe ouvrier à l’épreuve de la réalité quotidienne lyonnaise
Les Bourses du travail, on en parle souvent sans savoir ce dont il retourne. Un peu comme les collectivités espagnoles - il a fallu, des décennies après leur anéantissement, le livre de Frank Mintz pour et avoir une idée qui sorte du mythe ou de la polémique. C’est dire que le travail de David Rarppe est de première utilité pour qui se réclame de cette tradition d’autonomie ouvrière. Les questions que pose David, militant libertaire enseignant d’histoire et animateur syndical dans la banlieue lyonnaise, sont des questions d’aujourd’hui adressées au passé ouvrier : qu’étaient donc ces Bourses du travail du début du siècle ? Comment s’y déroulait l’action syndicale ? Quelle était la place des syndicalistes révolutionnaires ? Quels rapports les Bourses entretenaient-elles avec les municipalités (ici, celle de Lyon) ?

Les réponses sont précises : on est dans le concret des cours professionnels, des services juridiques et médicaux, des fêtes ouvrières, et d’abord du placement - c’est l’idée de départ trouver un emploi par l’ intermédiaire d’une organisation « à soi », d’une organisation ouvrière. On voit ce qu’on fait dans ces Bourses, comment elles sont gérées, et d’où vient l’argent : la question du financement par la municipalité n’est pas sans conséquence, on s’en doute. David avance avec beaucoup de finesse : une activité de service n’est pas en soi ni « révolutionnaire », ni « une trahison ». Tout dépend dans quelle finalité elle s’inscrit. Un cours technique, aujourd’hui généralement une façon de « s’élever » socialement, peut alors être un moyen d’acquérir de l’assurance face au patron, et une préparation à la gestion ouvrière de l’atelier. Ce qui est le propre de « l’instrument Bourse » , c’est l’addition des pratiques de gestion collective, d’entraide et d’éducation, qui s’ajoutent aux luttes menées dans l’entreprise pour que les ouvriers progressent en conscience (par opposition à l’inculcation des « bonnes idées » venant du « parti-qui-a-toujours-raison »). Les ouvriers ? Pas tous, loin de là.
Les adhérents de la CGT syndicaliste révolutionnaire [1] ne représentent qu’un faible pourcentage du salariat d’alors. Les chiffres cités par David sont éloquents et donnent à réfléchir sur d’imprudentes nostalgies. Il n’y a jamais eu d’âge d’or, pas plus dans le mouvement ouvrier qu’ailleurs. Loin des grandes phrases, la rigueur de l’historien. Loin du pensum universitaire, un livre de militant sans jargon. Près d’un siècle après, il serait temps de connaître « n’autre histoire » !
Jean-Pierre


NOTES :

[1Une expression un peu rapide : l’évolution vers le réformisme est sensible bien avant la guerre de 14, l’historien qu’est David le montre et le date.