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Sous l’art, l’or
Note patabiographique

En 1924 à Milan naît le futur Docteur Hylosophique. Quatorze ans plus tard, il est sûr de devenir peintre, bien que ses parents soient sûrs qu’il deviendra architecte. C’est pour cela qu’il étudiera le droit et accomplira un passage éclair au barreau, dont il fuira bientôt les gidouilles. En 1951, fermement peintre, il lance le mouvement nucléaire, peint des œuvres spectrales et terrifiantes (il peindra plus tard avec l’acqua pesante), fait la connaissance de l’avant-garde picturale européenne, dont le danois Asger Jorn. En 1953, le Danois et le Milanais fondent le mouvement international pour un Bauhaus imaginiste, contre le formalisme géométrique et glacé du nouveau Bauhaus de Max Bill.

En 1954, toujours avec Jorn, il rencontre, entre autres, Guy Debord, aux Rencontres Internationales de la Céramique à Albisola. Si le courant ne passe pas avec le futur situationniste, Baj en retire en revanche ses premiers collages et se lance dans l’exploration de la matière. 1956 le lie avec Piero Manzoni dont la merda d’artista fera scandale et Yves Klein dont les femmes-pinceaux ne feront guère mieux. En 1957, il lance le manifeste « Contre le Style ». Montagnes et Ultra-corps apparaissent. L’acqua pesante est inventée en 1959, année pendant laquelle il crée ses Miroirs. Le profond goût de l’humain et des personnages de Baj explique peut-être le charme qu’exercent sur lui poètes et écrivains, qui le lui rendent avec intérêt. Le début des années 60 fait rencontrer à Baj André Breton, Marcel Duchamp et Raymond Queneau. Par Breton, il participera à de nombreuses expositions surréalistes, Duchamp sera photographié sous une Joconde qui, quoique n’ayant plus chaud [1], aura pris son sourire un peu carnassier, et Raymond Queneau lui fera découvrir la pataphysique. La science des solutions imaginaires séduira tant Baj qu’il fondera l’Institut de Pataphysique milanais, bien qu’il habite surtout Paris en ces temps-là. Il épouse, heureux homme, Roberta en 1964. Ses Généraux en particulier et son œuvre en général rencontrent un succès grandissant. En 1969, il expose sa version de Guernica, réussissant le stupéfiant exploit de faire sien un chef-d’œuvre de Picasso et d’en garder la force, sans plagiat ni soumission. Baj exécutera d’autres œuvres de très grand format, notamment les Funérailles de l’anarchiste Pinelli, l’Apocalypse, Berluskaiser et Nixon Parade. Seule l’Apocalypse ne semble pas attirer sur elle la fureur des machines à décerveler. Les peintres ont souvent la chance de voir leur puissance créative augmenter avec l’âge ainsi qu’en témoignent, par exemple, le Titien, Matisse, Goya ou Picasso. Baj, de même, continue à créer sans cesse. Nous connaissons les Généraux et les Dames, mais il faut leur ajouter les Meubles, les Mécanos (dont le théâtre d’Ubu-Roi), les Plastiques de 1968-1969, les peintures kitsch des années 89-90, puis les étourdissantes séries des Masques, des Totems, des Guermantes, qu’on ne sait où classer entre peinture, sculpture, fabliau et théâtre.
Baj est un artiste très sociable. Ses collaborations sont innombrables ; à des revues, Il Gesto, Phases , Boa, Edda, Directions, Bokubi, Marcatré, à des tableaux collectifs ou avec d’autres peintres, tels que Fontana, Jorn, Manzoni, Kostabi, Erro, Di Rosa, à des livres en compagnie de Breton , Duchamp, Queneau, Baudrillard, Eco, Calvino, sans parler des siens propres, Autodamé, Patafisica, Automitobiografia, Impariamo la pittura, Fantasia e Realtà, Ecologia dell’arte, Che cos’è la patafisica ? Scritti sull’arte, Manuale di sopravivenza (avec son fils Angelo), et le plus récent, Discorso sull’horrore dell’arte avec Paul Virilio, sans parler bien sûr des trois recueils, Cose, fatti e persone, Cose dell’altro mondo et Conversazioni con Enrico Baj dont est tirée la présente anthologie.


NOTES :

[1On sait que Marcel Duchamp commit une Joconde sous laquelle il inscrivit L.H.O.O.Q.