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Parisquat
A Contretemps n° 32, octobre 2008
Ce livre d’entretiens — une dizaine — avec d’anciens participants au mouvement parisien des squats constitue une évocation vivante de cette aventure existentielle qui fonda une pratique politique radicale issue de l’après-68. La période évoquée — 1995-2000 — ne fut pas, il est vrai, la plus florissante en matière de squats, mais plutôt son chant du cygne. Il n’empêche, partant du principe que l’on ne parle bien que de ce que l’on a vécu, Jean Berthaut, qui fut un protagoniste impliqué de cette période, voulait en laisser trace collective. Ne serait-ce que parce qu’elle fut, écrit-il, l’une des « plus riches de [sa] vie ».
Cette « saga » épouse donc le témoignage de quelques-uns — garçons et filles — de ses participants. Au fil des mots, pointe, malgré les aigreurs et les déceptions, un certain bonheur d’avoir tenté, en une époque de triomphe incontesté du fric et de l’individualisme, de se réapproprier des espaces de vie libérés de la marchandise et de la domination. Bien sûr, derrière cette nostalgique évocation, affluent les critiques sur le fonctionnement même de ces zones temporairement autonomes, où les conflits de pouvoir et la violence quotidienne brisèrent quelques illusions.
Complétés, en préface, d’une « petite histoire des squats » à travers les âges et les continents et, en fin d’ouvrage, d’un précieux « glossaire », d’une recension de quelques squats parisiens ayant fleuri dans la période concernée et d’une chronologie des années 1990, ces témoignages, entrecoupés de nombreux documents d’époque et d’illustrations, offrent, en somme, un tableau assez complet et non complaisant de cette dérive en illégalisme contemporain.— Gilles Fortin.
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