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Marie Huot
Le Monde libertaire n° 1855 - novembre 2023

La Dame du Silence

Très lettrée, d’origine plutôt aisée, la néomalthusienne Marie Huot (1846-1930) fut une libertaire originale par sa volonté de vouloir faire converger toutes les luttes, associant la souffrance et l’exploitation des prolétaires à celles des femmes, des enfants et des animaux. Pour combattre la vivisection, elle créa une Ligue populaire et n’hésita pas à se manifester à plusieurs reprises, brisant son parapluie sur la tête d’un médecin qui opérait sur un jeune singe ; également en participant à une protestation contre les courses de taureaux où un de ses compagnons blessa un toréador avec une arme à feu.

C’est dans « Maternités », un article publié en 1892 dans l’hebdomadaire dirigé par Zo d’Axa, L’Endehors, que l’on trouve pour la première fois l’expression « grève des ventres ». La Grève des femmes, chanson d’Eugène Pottier, datait déjà de 1867. De même, Marie Huot abordera de front la question de la sexualité et de l’avortement (un pis-aller pour elle), ce dernier étant la conséquence du défaut d’informations et du manque de moyens contraceptifs.

« Bêtes de somme, bêtes de boucherie, bêtes de luxe et de luxure, croissez et multipliez !... Videz vos reins, pondez des gosses qui se mangeront le nez comme vous et, comme vous, se vidangeront l’âme par le bas-ventre ! »

Antimilitariste, elle dénoncera la politique nataliste de production de futures chairs à canon, mais n’empêchera pas la loi du 31 juillet 1920 réprimant la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle ; elle défendra toujours, de son côté, une maternité libre et consciente

Génération consciente fut d’ailleurs la publication éditée de 1908 à 1914 par Eugène Humbert (1870-1944), continuateur de Paul Robin (1837-1912) avec qui travailla Marie Huot.

Cette biographie de Sylvain Wagnon se présente aussi comme un retour sur l’histoire et ses personnages du moment en regard avec une actualité très présente.

Marie Huot ira très loin dans ses idées, pratiques et déclarations, justifiant une position nihiliste d’extinction de la « race humaine », cette destruCtrice ; cela afin de permettre la survie de la planète. No Future !

Si Marie Huot fut également théosophe, c’est au carrefour des courants de l’époque : révolutionnaires socialistes, spiritualisme et ésotérisme ; c’est aux confins de l’anarchisme du XIXe siècle. Liée, d’ailleurs, avec Louise Michel, c’est elle qui prit soin de sa mère malade et de ses chats quand Louise était en prison.

La Dame du Silence est un tableau à l’huile de 1894 réalisé par le peintre suédois Olof Sager-Nelson (1868-1896) et représentant Marie Huot.

André Bernard

Cercle Libertaire Jean Barrué