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Le pouvoir ne se partage pas !
Le blog Médiapart de Clément Riot

Approche originale de la guerre civile espagnole

un livre de plus sur le sujet diront, à juste titre, beaucoup. Certes mais celui-ci est bref, synthétique, concis... va bien au-delà de son sujet immédiat, ici presque simple paradigme de toutes les situations et dilemmes où il faut choisir son camps... De l’analyse et de l’émotion : une lecture facile… pour temps difficiles, en à peine 90p

Voilà un court essai qui tombe hélas à contretemps de l’actualité éditoriale : pandémie, écologie… Dommage car sur son sujet, il fait œuvre originale et mériterait un certain écho, dans les gauches au sens large et aussi en tout un chacun soucieux d’éthique et, en cette « basse époque », s’interrogeant sur l’attitude à tenir, au sens tenir une position pour filer la métaphore martiale.

Mais détaillons : un livre de plus sur le sujet diront, à juste titre, beaucoup. Certes mais celui-ci est bref, synthétique, concis et ne se perd pas dans les polémiques, justifications, relectures ou réécritures de l’histoire qui sont le lot de bien des essais et récits historico – patrimoniaux. Alain Pécunia marque honnêtement sa différence : au fil d’une transmission mémorielle orale, familiale, militante et de lectures il l’avoue « [son] sentiment tragique de ce conflit s’est accentué au point de [s’en] sentir saturé jusqu’à la nausée »  ; c’est ce tragique qu’il va s’attacher à faire ressortir en assumant d’abord « la prétention d’extraire de la façon la plus concise et précise qui soit, la quintessence de ce conflit ».

D’abord un rappel bref des faits  : au départ un simple « pronunciamiento » de militaires rebelles se soulevant « non pas pour rétablir la monarchie abolie en 1931 ou instaurer le fascisme – et encore moins le franquisme inexistant alors par définition – mais au nom de la République et pour rétablir l’ordre républicain » (rappelons nous Thiers et la Commune de Paris)… les nombreuses erreurs et fautes politiques ou tactiques ayant permis, dès le début l’installation de la rébellion, un tableau quantitatif précis des forces en présence d’un point de vue matériel, un état de la situation européenne, l’inconséquence, les erreurs militaires et les divisions fatales du camp républicain…

Après une brève chronologie interne replacée dans le contexte européen : non intervention des démocraties, interventions de Mussolinienne et Hitlérienne, rôle de sape de l’URSS,… jusqu’à l’abandon de la Tchécoslovaquie, seule démocratie d’Europe centrale, en 1938… tout cela étant connu est résumé à grands traits, à marche forcée même, sans s’embarrasser de détails inutiles, appuyant juste sur les points clés et essentiels, là où ça fait mal.

Puis un constat douloureux et lucide : la messe était dite dès les premières semaines et même plus, « le sort de la république s’est joué entre le 20 et le 25 juillet 1936 sur peu de chose : le non respect d’un accord passé entre deux gouvernement légaux, de plus tous deux de Front populaire. » Bref : « la guerre était militairement perdue dès septembre »… le reste ne fut qu’une longue descente aux enfers.

À partir de cette analyse, l’auteur considère sagement que toutes les polémiques postérieures, de l’époque à hier, furent vaines.
Dans une très belle et concise conclusion, il souligne l’essentiel pour lui : la spécificité de ces évènements, où une « éthique fut incarnée dans une organisation de masse ouvrière et paysanne » libertaire où les maîtres mots étaient « conscience » et « culture ».

Puis une émouvante postface souligne le tragique, au sens vraiment grec, que l’on peut ici synthétiser en trois assertions liées : si, déjà à l’époque, certains surent entrevoir que « la guerre civile espagnole [était] la chronique d’une défaite républicaine annoncée », si en tant que militant il est logique de « croire à l’action et à la puissance de la volonté humaine », l’auteur après avoir admis que cette constatation malmène sa croyance, dit préférer quand même la lucidité à la foi… mais pose alors la question tragique : alors que faire ? Réponse claire « Si l’on connaît son côté de la barricade, le rejoindre et faire son devoir, quoi qu’il en coûte. Par fidélité à soi-même et aux siens » où, comme le lui formulèrent des militants espagnols : « Par devoir et par principe ! ».
Ce que le refrain de ralliement des gilets jaunes dit à sa façon :

« Pour l’honneur des travailleurs,

pour un monde meilleur,

nous on est là, on est là ».

De l’analyse et de l’émotion : une lecture facile… pour temps difficiles, en à peine 90p et pour 7€.

Clément Riot

https://blogs.mediapart.fr/985000/blog/040221/approche-originale-de-la-guerre-civile-espagnole