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L’esprit libertaire du surréalisme
INFOSURR, n° 33, novembre - décembre 1999

L’Esprit libertaire du surréalisme

Loin de la poussive dialectique du colleur d’affiches, ce n’est pas le moindre des mérites de l’auteur que de se refuser à « faire coïncider le surréalisme avec un cadre idéologique préétabli auquel il ne peut que se dérober ». Si l’anarchisme, écrit Alix Large, ne fut guère regardé comme « une alternative politique dans laquelle le surréalisme aurait pu s’identifier », il n’en est pas moins resté l’un des « principes fondamentaux » vers lequel sans cesse il faut revenir, en un siècle qui connut les dégénérescences de l’ambition révolutionnaire initiale. De fait, dès l’origine, le surréalisme s’en prendra à ces valeurs pourries, le travail par exemple, qui feront florès dans le stalinisme et autres idéologies apparentées.
Si l’auteur relève l’absence de pensée unifiée de l’anarchisme (force et faiblesse), il saisit ce qui se met en jeu dans les positionnements idéologiques du surréalisme : brisant toute linéarité de l’histoire (et ce n’est certainement pas le moindre des malentendus avec les dites idéologies), le surréalisme a contribué sans relâche à réinvestir le passé (contrairement à l’approche marxiste « revue et corrigée » par le léninisme), à dissocier l’expérience de son interprétation pour désengager l’art et lui insuffler son propre devenir.
N’y a-t-il pas dès lors, après-guerre, dans le repositionnement (sans rupture) du surréalisme, sous l’impulsion de Charles Fourier en particulier, passage d’un versant déterminant, ontologique (qui caractérise peut-être essentiellement l’avant-garde) à un versant de la pensée du positif, du constructif qui, par les nouveaux enjeux dégagés, ne saurait que précéder le révolutionnaire tel qu’il s’agit ?
Ceci dit, on peut certes regretter certaines mises en regard peu fécondes : ainsi privilégier le vague Proudhon ou une approche humaniste du surréalisme (ceci expliquant sans doute cela) au détriment par exemple de Max Stirner qui, aussi facilement caricaturable soit-il, mérite définitivement plus grande attention. De même, que l’auteur « s’en tienne »à André Breton ou aux textes critiques de Benjamin Péret sur le marxisme et le trotskisme, sans se tourner plus franchement vers les générations suivantes qui, à la lumière de la flambée révolutionnaire des années 60, n’ont eu de cesse de se ressourcer à « l’esprit libertaire », serait-ce comme garde-fou.

(J. T.)

INFOSURR, n° 33, novembre – décembre 1999