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Ballast - Cartouches (22) juin 2017 - revue en ligne

« Veuillez excuser le dérangement, ceci est une révolution », lança au premier jour de l’année 1994 un homme encagoulé à un guide accompagnant quelques touristes. Le mouvement zapatiste était lancé et le monde allait découvrir cette armée de femmes et d’hommes masqués, représentés par un certain sous-commandant Marcos — disparu en 2014 afin de devenir Galeano —, en lutte pour la dignité des populations indigènes du Mexique et contre ce qu’il nommait « la Quatrième Guerre mondiale » : le néolibéralisme. Dans les gravats du « modèle » soviétique et des schémas marxistes-léninistes et face aux phares de la dérégulation triomphante, les zapatistes dégageaient soudain l’horizon contestataire — non plus les cadres rigides du socialisme scientifique mais un combat qui s’aiguise en chemin ; non plus l’État à conquérir mais l’autonomie, par la base, à construire sans toucher au pouvoir central ; non plus l’avant-garde des insurgés professionnels mais la gente común, le tout un chacun qui relève la tête ; non plus la seule opposition entre la bourgeoisie et le prolétariat mais l’interconnexion des résistances (au racisme, au sexisme, à l’imaginaire colonial, à l’homophobie) et une ligne de fracture, irréconciliable, affirmée entre l’en haut et l’en bas. Deux décennies plus tard, la journaliste italienne Orsetta Bellani séjourna au Chiapas et livra cet ouvrage, à mi-chemin entre l’essai et le carnet de route, traduit et publié en mai 2017 par les éditions lyonnaises Atelier de création libertaire. Un reportage à la première personne du singulier, une immersion dans ce qui, les coups d’éclats passés et les caméras parties, donne corps et sens à tout processus, sinon révolutionnaire, émancipateur : le quotidien. Gestion des opposants zapatistes au sein des communautés, fonctionnement des mandats (pas de rétribution, rotation, révocation possible), rapports avec les paramilitaires et le mauvais gouvernement, poids des traditions machistes en dépit du féminisme revendiqué, rigueur de l’organisation communaliste (alcool interdit, taxe à payer en cas de départ pour la ville ou l’étranger et obligation de retour sous cinq ans)… Si Marcos/Galeano n’eut de cesse de répéter que le zapatisme n’est pas un modèle à exporter, clé en main, l’auteure estime toutefois qu’il nous aide à penser un « nouveau monde post-capitaliste ». [M.L.]

https://www.revue-ballast.fr/cartouches-22/