(De) ma Croix-Rousse alternative

Mes photos sont des mots
fortes ou douces
caressent le ciel, les drapeaux
et les idéaux
et puis vient le temps de se dire écolo
anarchiste et non-violent
pour semer des gouttes homéopathiques
de culture libertaire
et transmettre l’amour pour son quartier.
Et puis arrive le printemps
où la révolte gronde
et se mesure avec des cailloux
et des lacrymos
et des slogans par milliers
pas tous rigolos.
Ce printemps dans ma tête
devient un étrange printemps
que puis-je faire d’autre
que de vous inviter à vous élancer
dans la recherche de mots doux,
de mots d’amour,
de mots qui ne vont pas tout faire péter
mais nous montreront que demain
sera fait de ce que nous en ferons
avec la force de la non-violence
s’il en est.
Voici ce qui sort aujourd’hui
de mes photos…
des mots… vieillots…?

Femme, vie liberté, et des larmes, beaucoup de larmes contre les armes… depuis plus de cinquante ans, je défile sur les pavés et les déserts de ce monde trouble, féroce, où les armes continuent à tuer et les larmes a féconder notre terre, nos espoirs, nos désirs… Jamais je n’avais vu autant de douleur et de larmes sur le visage des manifestantes. Enfin, je me demande: mais pourquoi si peu de militant.es ce jour de novembre où l’on demande, avec toute l’énergie que nos corps gardent en réserve, le droit à être libre… certainement pour les femmes, et puis nous tous et toutes… où on demande qu’on arrête de tuer celles et ceux qui ne font que manifester pour que personne n’ait plus le pouvoir des armes, et de manipuler les lois meurtrières.

Et puis… Depuis des années on me dit que le premier arrondissement en particulier se boboïse, ça change, mais si le changement c’est de maintenir non seulement un tissu associatif et militant toujours très actif, et si les résultats aux élections nous donnent toujours des résultats aussi probants d’une réalité “alternative”, alors que vive ce changement !

Bref, j’aime la Croix-Rousse et ce qui s’y passe… et pourtant je n’arrive pas à comprendre comment il est possible que des militant·es, comment les appeler, révolutionnaires, antagonistes, radicaux ? se sont aventuré·es, non seulement à manifester pour “un tour de chauffe”, mais à s’en prendre à la mairie du premier, qui, depuis plus de vingt ans, a été et est toujours une passerelle entre les institutions et les pratiques et les objectifs relevant des alternatives sociales.

Ce qui s’est passé dimanche soir place Sathonay, au-delà de la dynamique des fait que je ne connais que par des comptes rendus, montre que, pour envisager de développer et élargir un mouvement promouvant un autre monde, plus de démocratie, de justice sociale, etc., il faudra être capable de mieux réfléchir sur les objectifs des initiatives, des idées, du processus à entreprendre pour y arriver.

En d’autre termes, oui, il faudra continuer à descendre dans la rue, mais en pas de danse…

Dimanche 6 mars. Une bonne partie du peuple alternatif de la Croix-Rousse s’est rendue au meeting du chef de file des Insoumis… certain·es par conviction, d’autres pour comprendre, et puis des jeunes et des moins jeunes militant·es, comme moi, sûrement par de l’intérêt et pour une dose homéopathique de curiosité.
Il y avait des milliers de personnes venues de Lyon et ses alentours, mais aussi des régions proches. Un vrai « meeting populaire », sans la bière et les saucisses. Un meeting dédiée à la paix.
Ma culture et mon engagement libertaire, qui ont toujours voyagé avec la gauche, de la plus modéré à la plus extrême, m’empêchent de faire un compte rendu exhaustif, il faudrait un essai tout entier… mais je vous livre une remarque. À la fin « du spectacle » accompagné par des « on va gagner ! on va gagner !, comme dans un stade de foot. Maître Mélenchon et ses conseiller·es en communication politique ont voulu caresser dans le sens du poil la sensibilité croix-roussienne, en entonnant quelques notes de C’est nous les canuts, quelque peu en sourdine, avant de lancer à fond la Marseillaise, saluée « comme il se doit » par les insoumis·es ayant dans une main le drapeau du parti et de l’autre celui tricolore…
À cet instant-là, mon cœur s’est rétréci. Je pense pas qu’il a été le seul. Une amie, engagée dans les batailles féministes et « révolutionnaires », en me voyant quelque peu perplexe, comme, je l’imagine, elle l’était elle-même, s’est approchée et m’a demandé : et l’Internationale, on l’a oubliée…