C’est la commission disciplinaire des îles du Salut, chargée de statuer sur les infractions aux règlements, qui permet à Paul Roussenq (1885-1949) d’acquérir la notoriété. Son dossier pèse 5,3 kilogrammes ! Plus de 4 000 jours passés entre quatre murs dans le quartier cellulaire de l’île Royale ou dans les sinistres cachots de l’île Saint-Joseph. À cela vient s’ajouter le temps gracieusement offert à la suite de six passages devant le TMS ; soit deux ans de prison pour refus de travail (1912) et outrage (1927), deux ans de travaux forcés pour tentative d’évasion (1915), et cinq ans de réclusion pour voie de fait sur la personne d’un médecin militaire (1917).
Le matricule 37664 n’était pas au programme de la visite des îles du Salut. Le commandant Masse a dû recevoir l’honorable reporter avec d’autant plus d’égards qu’il arrivait nanti d’une accréditation ministérielle. Il faut donc lui ouvrir toutes les portes. Londres vient voir Dieudonné et Marcheras ; il veut entrer dans une cellule de Saint-Joseph, il visite à l’occasion l’asile des fous mais, l’entretien qu’il a avec le commandant l’oriente vers la route de Roussenq dont il a pu compulser le dossier confirmant l’originalité du forçat. Il est certain qu’il a eu entre les mains une des trois lettres que Roussenq avait signées de son doigt maculé d’excrément[1]. Il n’en faut pas plus pour le convaincre d’un entretien avec l’homme enfermé. L’article parait dans Le Petit Parisien le 19 août 1923 :
Quand le poids d’un passé qu’on croyait révolu s’attache à nos pas les prisons s’ouvrent seules
Chacun de nous s’était assis à l’une d’elles, dans les deux vastes salles où se prenaient les repas. Les assiettes blanches à fleurs, les couverts récurés à neuf, le menu bien ordonné, tout cela nous fit la meilleure impression. De jeunes éducateurs choyaient ce petit monde.
Les dortoirs aux petits lits blancs, recevaient le soleil par de larges fenêtres, lorsque nous les visitâmes, de même que l’infirmerie où se trouvaient quelques petits malades – qui eurent leur part de nos largesses… Là aussi, il y avait cinéma, terrain de jeux, etc… Lire le reste de cet article »
S’il arrive parfois que des archives privées refassent surface[1] tels les cahiers et les photographies du Docteur Léon Colin en 2015[2] ou encore la correspondance du bagnard Arthur Roques en 2021[3], il est nettement plus rare d’exhumer et de redécouvrir de précieux documents dans les fonds d’archives publics. Cela n’est pourtant pas impossible et c’est une ultime version des souvenirs de l’ancien bagnard Paul Roussenq que l’archiviste guyanaise Vanessa Van de Walle[4] et les historiens Philippe Collin[5] et Jean-Marc Delpech[6] ont retrouvé en croisant les informations données par le dossier que les époux Beaumier avaient constitué dans les années 1980. Un peu moins d’un an et demi avant le suicide de Paul Roussenq à Bayonne, parait le dernier des trente-six articles de « Mes tombeaux – souvenirs du bagne » dans le quotidien grenoblois Les Allobroges le 11 mars 1948 : Lire le reste de cet article »
S’il ne peut que reconnaître les erreurs et les coquilles commises, force est de constater que, deux ans avant son premier Jacob, Bernard Thomas évite d’aborder les critiques de fond à l’occasion de la sortie chez Tchou de son livre, La bande à Bonnot en 1968. Force est aussi de constater que l’ouvrage n’est pas unanimement encensé dans la presse anarchiste. Le ton est même relativement acide dans le numéro 152 du mensuel Liberté de Louis Lecoin. Lire le reste de cet article »