Articles taggés avec ‘île Saint Joseph’

Mes tombeaux 28


samedi 27 août 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1301,

lundi 1 mars 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

XXVII

Fluet, la physionomie douce, un homme de cœur dévoile les scandales du Bagne: Albert LONDRES

ALBERT LONDRES AU BAGNE

Par un jour fatidique je me trouvais allongé sur le lit de camp de mon cachot, lorsque j’entendis le bruit du guichet que l’on ouvrait.

Le sympathique visage du Commandant Masse s’y encadrait. « Approchez, Roussenq ! » me dit-il. J’obtempérai.

Le Commandant reprit : « Nous avons ici un journaliste de Paris, venu pour faire une enquête sur la Guyane. Je lui ai dit que vous étiez le plus notoire des révoltés du Bagne. Il va venir vous entretenir sans témoin ; vous pourrez vous soulager le cœur à votre aise » Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 7


mercredi 15 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1280,

jeudi 5 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VII

Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1895 les forçats se révoltèrent à l’île St-Joseph à cause des lois scélérates

Dans l’espace vide entre les bas-flancs, dénommé « coursier », se promenaient ceux qui ne pouvaient rester en place. Au milieu du coursier, se trouvait une moitié de tonneau contenant de l’eau potable. Dans le fond, se trouvaient les lieux d’aisance, adossés à la case et y communiquant par une porte ménagée dans le mur.

On nous apporta de la soupe, – de l’eau chaude où nageaient des haricots qui avaient oublié de cuire. Nous eûmes recours à nos vivres de réserve. Les anciens étaient consignés dans leurs cases. Pas tous, quelques-uns vaquant à des corvées indispensables. L’un d’eux s’approcha d’une fenêtre. « Avez-vous du chocolat, des biscuits, du linge de corps ? » s’informa-t-il. Oui, on en avait. Alors, on pouvait faire des échanges avec des paquets de tabac. Ce que l’on fit. On allait donc pouvoir fumer tout à son aise. Lire le reste de cet article »

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Mes tombeaux 6


samedi 11 juin 2022 par JMD

Les Allobroges

7ème année, n° 1279,

mercredi 4 février 1948, p. 2.

Mes tombeaux

souvenirs du bagne

par Paul Roussenq, L’Inco d’Albert Londres

VI

TROIS JEUN ES PARISIENS DE 17 ANS ALLAIENT FINIR LEUR VIE EN GUYANE POUR AVOIR DÉPOUILLIÉ UN IVROGNE

Pauvres types ; ils y seraient bientôt à la Guyane… La plupart d’entre eux y laisseraient leurs os, en même temps que leurs illusions perdues. Je considérai mes compagnons, in petto, sous l’angle humain du psychologue averti. Et je pouvais me rendre compte que beaucoup d’entre eux, irrémédiablement voués à l’abime, auraient pu être sauvés si, au lieu de les châtier sans merci, la société les avait préservés ou secourus. A cette époque, la responsabilité pénale jouait à partir de l’âge de seize ans (depuis, elle a été élevée à dix-huit ans). Lire le reste de cet article »

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L’enfer du Bagne 3e version ?


samedi 23 mai 2020 par JMD

Sisteron, juin 1942. Les écrits de Roussenq (1885-1949) ressemblent à cette vie houleuse et souffrante que le réfractaire a pu endurer. Mais là où on aurait pu le croire, fini, cassé, brisé, il n’en fut rien. Celui qui n’était plus un homme mais un bagne, comme il a pu le dire à Albert Londres en 1923, a su rebondir, retrouver vitalité et énergie ; il a repris une plume que le glorieux parti des travailleurs lui avait confisquée en le faisant revenir de Guyane en décembre 1932. C’est donc à la citadelle de Sisteron que l’Inco, une nouvelle fois prisonnier, donne une autre version de son enfer carcéral et colonial. Lire le reste de cet article »

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Calendrier Jacob : juillet 2020


samedi 2 mai 2020 par JMD

Dix-neuf ans aux îles du Salut

Interné B depuis la tentative avortée de mariage blanc orchestré en métropole par Charles Malato en 1908 et qui aurait pu donner lieu à une évasion à partir du continent sud-américain, Alexandre Jacob ne peut espérer recouvrer la liberté, ni même sortir un jour des îles.

Il ne voit pratiquement qu’elles (l’île Royale et, de 1909 à 1912, les cachots de la réclusion sur l’île Saint-Joseph), effectuant 7 passages à Saint-Laurent-du-Maroni, entre 1910 et 1919, où se tient le tribunal maritime spécial chargé de punir les crimes perpétrés par les forçats. Lire le reste de cet article »

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Calendrier Jacob : juin 2020


vendredi 1 mai 2020 par JMD

Les anarchistes au bagne

Le bagne, créé 1854, est un système éliminatoire. Pour plus de 100 000 hommes jusqu’en 1938. Élimination par l’éloignement : la Guyane à plus de 7 000 km de la métropole, la Nouvelle Calédonie – entre 1867 et 1893 – à plus de 12 000. Élimination par le travail, la faim, l’épuisement, les maladies et les coups.

Jacob pose le pied sur l’île Royale en janvier 1906. La statistique ne donne qu’à peine 5 ans de vie au transporté débarquant en Guyane. Être anarchiste peut vous raccourcir ce délai. Les révoltés de l’île Saint-Joseph ont été tirés comme des lapins les 21 et 22 octobre 1894. 16 morts dont 14 forçats et, parmi eux, 5 anarchistes. Le matricule 34777, classé aux internés A  – comme anarchiste, est pourtant resté 19 ans aux îles du Salut ! Être anarchiste peut rallonger votre espérance de vie ! Lire le reste de cet article »

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Comme des lapins


dimanche 23 février 2020 par JMD

En juin 1895, le Tribunal Maritime Spécial de Saint-Laurent-du-Maroni acquitte les transportés Lepiez, Foret, Hincelin, Bonacorsi, Bérard et Flamens et condamne deux autres prévenus à la peine capitale. Mais Bernard Mamert meurt avant l’exécution de sa peine le 11 octobre tandis que Jean-Baptiste Girier voit sa condamnation commuée en cinq années de réclusion en février 1896. L’innocent ne survit pas à plus de trente deux mois de ce régime. Les huit bagnards étaient accusés d’avoir peu ou prou participé quelques mois plus tôt à la tentative de soulèvement de l’île Saint Joseph qui fit grand bruit à l’époque et qui, depuis, marque l’histoire des bagnes guyanais d’une empreinte sanglante. Seize morts dont deux chaouchs, lardés de coups de couteau et deux porte-clés. Une répression d’une extrême violence qui révèle que la peur des anarchistes s’est largement véhiculée à plus de 7 000 km de la métropole. Lire le reste de cet article »

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« Vous aurez ma graisse, pas ma peau », Clément Duval


mardi 26 novembre 2019 par JMD

« Donc camarades, si vous agissez, faîtes-vous tuer, couper la tête. Mais n’allez jamais au bagne »

Ainsi se concluent les mémoires de Clément Duval et cette phrase, lancée comme un avertissement, justifie à elle seule l’importance du témoignage de l’enfermé à ciel ouvert que fut cet anarchiste. Espérance de vie du transporté à l’arrivée en Guyane ? À peine cinq ans ! Duval y est resté presque quinze ! C’est dire combien résonne lourdement cette conclusion et combien elle illustre à merveille ce système éliminatoire, cette véritable extermination programmée depuis le décret-loi impérial du 30 mai 1854 et renforcée par la sinistre loi républicaine de 1885 instituant la relégation. Aux condamnés aux travaux forcés à temps ou à perpétuité viennent ainsi s’ajouter – époque hygiéniste et climat médiatique d’insécurité obligent – les multirécidivistes de la petite et moyenne délinquance que l’on expurge à plus de 7000 km de la métropole. Le robinet d’eau sale coule à flot et le bagne a vécu presque centenaire. De sa création jusqu’à l’arrêt de la transportation en 1938, ce furent près de 75000 « vaincus de guerre sociale », comme les appelait l’honnête bagnard Jacob en 1914, qui ont fini leur vie dans le ventre d’un requin ou bien enfouis anonymes dans les limbes de la tourbe amazonienne. Et, comme il est écrit sur la quatrième de couverture du livre que les éditions Nada viennent fort à propos de rééditer : « rares sont ceux qui ont survécu à l’enfer du bagne, plus rares encore ceux qui ont pu le raconter ». Lire le reste de cet article »

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Libérez Jacob !


mercredi 1 août 2018 par JMD

Marie Jacob n’a jamais baissé les bras. Elle « a la foi en gomme (…) ; à terre d’un bond, elle rebondit d’un autre, toujours vivace » comme le lui écrit son bagnard de fils le 4 juin 1923 alors qu’elle tentait une démarche auprès du Grand Orient de France, établi au 16 de la rue Cadet dans le 9e arrondissement de Paris. Le « prisonnier de guerre sociale » doute pourtant au début des années 1920 de l’efficace dynamisme de sa mère aimante. Il se leurre. Secondée par André Aron, avocat et ami du sénateur-maire de Cahors Anatole de Monzie issu de la Gauche Démocrate, la vieille couturière parvient à toucher et à convaincre autour d’elle. Si l’époque est à la critique généralisée du bagne depuis les articles d’Albert Londres, la victoire électorale du cartel des gauches en 1924 ouvre une heureuse et nouvelle perspective en autorisant le relais d’une campagne de presse dans les milieux gouvernementaux. En 1925, la ténacité de Marie Jacob finit par émouvoir deux journalistes : Francis Million du Peuple et Louis Roubaud du Quotidien. L’horizon chimérique de la libération du matricule 34777 commence à s’éclaircir. Lire le reste de cet article »

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Deux hommes sur une île


mardi 2 janvier 2018 par JMD

Jacob 1903Révolutionnaire anarchiste, Alexandre Jacob a fait sa révolution par l’éventrement des coffres-forts au début du siècle dernier. Il s’est retrouvé, « vaincu de guerre sociale », aux îles du Salut en janvier 1906[1]. Louis Rousseau a prêté le serment d’Hippocrate en 1902 et n’a cessé de bourlinguer depuis sur cet empire français où le soleil ne se couchait jamais. Il s’est retrouvé médecin aux îles du Salut quatorze ans après Jacob. Deux hommes a priori différents, deux destins qui se croisent pourtant et une indéfectible amitié qui s’ensuit. Nous sommes allés à leur recherche ; nous avons suivi leurs pas ; nous avons reconstitué la scène de leur rencontre. Lire le reste de cet article »

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Un Médecin au bagne chapitre 11


samedi 28 janvier 2017 par JMD

Rénovation pénitentiaire ? Parce qu’il est le dernier maillon d’une longue chaîne répressive qui a pour but l’éloignement, l’éviction ou plutôt l’élimination du criminel, le bagne ne pouvait aboutir qu’à un échec patent. Et si, dès sa création en 1854, il a su résister aux nombreuses critiques, c’est bien qu’il correspond parfaitement aux principes de préservation sociale et d’exemplarité qui fondent le système pénal français. Louis Rousseau s’attache alors à montrer dans le dernier chapitre de son ouvrage une organisation d’ensemble régie par la loi du talion. Le délinquant doit alors souffrir et faire repentance. Lire le reste de cet article »

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Premier semestre 1913 aux îles du Salut : blues


samedi 17 décembre 2016 par JMD

Cela fait six mois, un peu plus même, que le matricule 34777 est sorti vivant des cachots de l’île Saint Joseph. Les trois tentatives d’évasion au cours du second semestre 1912 révèlent presque intacte sa volonté de résistance. Pour autant, ces trois échecs ainsi que les conséquences physiques de presque quatre années de claustration, mettent son moral à rude épreuve. « Je suis complètement schopenhaurisé » déclare-t-il le 11 mars 1913. Une période d’harassement et de faiblesse mentale commence. Lire le reste de cet article »

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Deuxième semestre 1912 aux îles du Salut : mais alors apparait la Belle


samedi 12 novembre 2016 par JMD

Nous pourrions croire Alexandre Jacob moins entreprenant une fois sa peine de réclusion purgée. Quarante-quatre mois d’encellulement ont de quoi épuiser l’homme qui, il y a peu, ne pesait plus que 39 kg avec ses chaussettes ! Nous pourrions le croire déprimé par la claustration, vaincu, brisé malgré une santé physique en nette amélioration. La multiplication des codes dans sa correspondance révèle qu’il n’en est rien. Les péripéties de la famille imaginaire de Barrabas montrent tout le contraire. Auguste le frère de Marie va se faire opérer ; il réclame à sa sœur trois ouvrages de la bibliothèque d’Elisabeth dont un sur la coutellerie ; mais, par la suite et du fait des vilénies d’Octave, Myra (contrepet de Marie) ne doit rien lui envoyer. Tous les forçats rêvent d’évasion ; le matricule 34777 tente d’embrasser la Belle par trois fois. Mais par trois fois, la gourgandine se dérobe. Lire le reste de cet article »

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Premier semestre 1912 sur l’île Saint Joseph : sortir du trou


samedi 15 octobre 2016 par JMD

La santé de Marie, la sienne qui s’améliore malgré un début de prolapsus rectal et une printanière grippe, des annonces de réceptions de colis et de salvatrices missives, des demandes d’envoi de linge, de livres ou encore de produits pharmaceutiques, la correspondance du bagnard 34777 révèle pour le 1er trimestre 1912 que la vie s’écoule lentement, très lentement dans les sinistres locaux de la réclusion de l’île Saint Joseph. Jacob espère vainement pouvoir encore passer devant le TMS alors que le 12 novembre de l’année précédente il était définitivement disculpé de l’accusation de dénonciation calomnieuse dans l’affaire du meurtre du forçat Vinci par le surveillant Bonal. Un voyage à Saint Laurent du Maroni lui aurait permis de prendre l’air et de briser l’ennui de l’enfermement. « C’est si monotone la vie sur ce rocher qu’un peu de changement d’horizon ne nuit pas. ».  Alors Jacob lit et rend compte de ses lectures à sa génitrice. Il se rappelle encore quelques souvenirs de cambriolages et de navigation. Mais la sortie du trou est proche et il n’a de cesse d’organiser sa résistance. La famille imaginaire de Barrabas entre en scène et la multiplication de passages codés signale au lecteur que Jacob active des réseaux de transmission du courrier clandestin, envisage des projets d’évasion malgré la censure de l’Administration Pénitentiaire et la surveillance que peut exercer la police parisienne sur sa mère et ses amis. Ainsi apprenons-nous l’extrême jalousie de la femme de Julien, les vilénies d’Octave, peut-être renseigné par Paulin et de mèche avec Elise, le « manque de flair » d’Augustin confiant ce pauvre Félicien à un « saligaud ». Est-ce Jacques ? Est-ce Lorand ? Nous n’en savons rien. Toujours est-il que le 17 juin 1912 le bagnard retrouve « l’air libre » des îles du Salut après avoir purgé 44 mois de réclusion cellulaire. Une nouvelle phase commence pour Jacob. Lire le reste de cet article »

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Un médecin au bagne chapitre 5


samedi 28 mai 2016 par JMD

Avec ce chapitre sur la répression qu’il place après celui sur les maladies, le médecin au bagne boucle le cycle des violences et des souffrances endurées institutionnellement par les hommes punis. Louis Rousseau finit ainsi de décrire une organisation systémique totalitaire où le condamné doit forcément s’adapter aux divers processus de normation. Le fagot est un rouage et l’arbitraire administratif permet de corriger – au sens propre comme au figuré – tout récalcitrant. L’arsenal répressif exposé, des chantiers forestiers (dont celui de Charvein) aux sinistres cachots de l’île Saint Joseph en passant par la détention préventive et la mise aux fers révèle en fin de compte que « le régime disciplinaire n’a pas en vue l’amélioration, le redressement du criminel mais tout au contraire son abrutissement. » Lire le reste de cet article »

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