- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Calendrier Jacob : avril 2020

Alexandre Jacob et les Travailleurs de la nuit

Depuis Clément Duval en 1886, le vol est l’objet de tous les débats dans les milieux anarchistes. Pour certains, comme Jean Grave, le voleur ne serait qu’un parasite, vivant comme le bourgeois sur le dos du travailleur. Jacob dans ses Souvenirs d’un révolté (1905) renvoie le « Pape de la rue Mouffetard » à ses études théoriques : « Le bourgeois est un parasite conservateur ; tous ses soins, ses désirs, ses aspirations tendent à un même but : la conservation de l’édifice social qui le fait vivre ; alors que le cambrioleur est un parasite démolisseur. Il ne s’adapte pas à la société ; il vit sur son balcon et ne descend dans son sein que pour y livrer des assauts ».

Arrestation à Toulon le 29 juin 1899 après un périple de trois mois passant par l’Espagne et l’Italie. Jacob simule la folie pour éviter cinq années de réclusion (condamnation par contumace prononcée le 9 juin). Le 19 avril 1900, il s’évade avec la complicité d’un infirmier de l’asile d’Aix-en-Provence. C’est à Sète que Jacob se réfugie. Chez Ernest Saurel, il met au point une bande de cambrioleurs agissant au nom de la cause. Ils seront une quarantaine à venir prêter main forte à « l’entreprise de démolition ». Le sang ne doit pas couler. Sauf pour défendre sa liberté. Ravachol, Vaillant, Henry s’étaient attaqués à des symboles. Les Travailleurs de la nuit, pendant trois ans, visitent manoirs, églises et châteaux. Il s’agit de financer le mouvement avec l’argent de l’ennemi. Une partie des recettes doit être reversée aux organisations anarchistes, aux compagnons dans le besoin. Matha, le gérant du Libertaire, peut ainsi acheter un terrain rue d’Orsel à Paris pour y installer les locaux du journal. Mais le principe du pourcentage est bien vite discuté, remis en cause par certains membres de la bande. Centralisation oblige, Jacob et ses travailleurs se fixent à Paris mais volent en province grâce au chemin de fer. Les quelques 150 cambriolages que la police leur attribue défraient d’autant plus la chronique que Jacob allie l’ingéniosité à la raillerie. Se moquer des victimes, rentiers, militaires et curés qui, des fois, retrouvent un billet signé Attila : « Dieu des voleurs, recherche les voleurs de ceux qui en ont volé d’autres », Rouen, église Saint-Sever, nuit du 13 au 14 février 1901. 9 juin : cambriolage de la résidence de M. Hulot au Mans : « Au juge de paix nous faisons la guerre ».

Rue Quincampoix, Paris, octobre 1901, le bijoutier Bourdin rentre chez lui et découvre un appartement vide. Les Travailleurs sont passés par l’appartement du dessus ; un trou dans le plancher, un parapluie dans le trou pour récupérer les gravats et éviter le bruit de leur chute. Un butin estimé à 120 000 francs. En 1955, Jules Dassin reprend la scène dans son film Du rififi chez les hommes.

Le vol à l’état industriel pendant environ trois ans : des groupes de trois ou de quatre personnes. La réussite dépend d’un outillage perfectionné et de la rapidité. Un travailleur part en avant-garde et recense les demeures intéressantes. Les deux autres arrivent après avoir été avertis par télégramme de l’opération à effectuer. Ni vus, ni connus et repartis aussitôt par le train. Quelques accrocs tout de même. Le 27 février 1901 à Orléans, Jacob manque de se faire prendre et tire sur un agent de police. Mais la bande peut reprendre ses activités délictueuses. Les biens mal acquis sont écoulés à Londres et Amsterdam ou encore chez le fondeur Brunus, établi au 15 de la rue Michel-Le-Comte dans la capitale

CIRA Marseille 2020 : calendrier Jacob [1]