- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Vols à Copé-City

[1]Meaux n’a pas toujours été un haut lieu de la consommation (donc du racket) de pains au chocolat – ou chocolatine, c’est selon. Administrée depuis 1995 (avec un intermède de 2001 à 2005) par une des plus belles têtes à claques de la sphère médiatico-politique française, la petite commune de Seine et Marne se trouve à une quarantaine de kilomètre de Paris dont elle est reliée par train depuis 1849. La ligne de chemin de fer mène tout droit vers le Nord et la Picardie. La sous-préfecture est ainsi une cible privilégiée pour les Travailleurs de la Nuit qui y officient par trois fois en 1901 et 1902. Le butin semble conséquent pour Jacob, accompagné de Ferrand et de Ferré : un revolver, de l’argent, des actions, du linge et divers objets que l’on retrouvera dans les monts de piété de la capitale. Mais l’histoire ne dit pas si l’honnête cambrioleur, qui revendique hautement « la responsabilité de [ses] actes qui ne sont pas des crimes » lors du procès d’Amiens en 1905, est revenu de terre de Brie avec un paquet de chocolatines – ou de pains au chocolat, c’est selon – pour une non moins honnête et réparatrice collation.

[2]Archives de la Préfecture de Police de Paris

EA/89, dossier de presse « La bande sinistre et ses exploits »

2e audience, 9 mars 1905

Vol aux Saints-Pères

Dans la nuit du 9 juillet 1901, un vol avec effraction et escalade était commis à l’usine de M. Verdier, fabricant de bonneterie aux Saints-Pères, commune de Nanteuil-lès-Meaux.

Les voleurs avaient pénétré par une fenêtre donnant accès à la forge. Cette fenêtre n’avait pas de vitres. De là, les malfaiteurs avaient gagné les toits et pénétré dans l’usine, en fracturant une fenêtre.

Dans le bureau se trouvait un coffre-fort. Après l’avoir couché sur des vêtements, ils le défoncèrent. Le coffre-fort renfermait une somme de 4555 francs et cinq actions The London and Paris Chemiserie.

Jacob s’est reconnu l’un des auteurs de ce vol.

– C’est bien vous, Jacob, qui avez fait cela ? demande M. le président.

– Oh! Il n’y a pas de doute.

[3]4e audience, 11 mars 1905

Vol à Meaux

On aborde l’examen du premier vol. Mme Douay avait quitté son domicile, boulevard Victor-Hugo à Meaux, le 27 août 1902. Le lendemain, elle était avisée par un télégramme que son habitation avait été cambriolée. Les meubles avaient été fracturés. Les voleurs avaient emporté une soixantaine de francs en argent, un revolver, deux portefeuilles, etc.

Jacob s’est reconnu l’un des auteurs de ce vol. Sur ses indications on a retrouvé dans la Marne, où il avait été jeté, un coffret en fer. Ferrand a également passé des aveux. Et Jacob :

« Je reconnais en principe les faits, mais je revendique la responsabilité de mes actes qui ne sont pas des crimes. »

[1]4e audience, 11 mars 1905

Vol à Meaux

Le 9 novembre 1902, M. Leroy se rendant chez sa mère, rue de l’Hôtel-de-Ville à Meaux, s’aperçut qu’elle avait été victime d’un vol.

Au premier étage de la maison, dans une antichambre, les meubles se composant d’une armoire et d’un bureau avaient été fouillés, les tiroirs du bureau avaient été fracturés. Un coffre-fort, mesurant 1,20 mètre de hauteur et 0,60 mètre de largeur, avait été traîné dans une chambre voisine et couché sur un matelas où on l’avait éventré ; tous les autres meubles de cette chambre avaient été fouillés ; le tiroir d’une armoire à glace avait été fracturé.

Une pendule en bronze vert du poids de 50 kilos environ, deux flambeaux en bronze vert, 83 serviettes marquées au coton rouge E. L. G. avec au-dessous le numéro de la douzaine, 36 chemises de femme, un beau mouchoir brodé en dentelles, du galon en perles, une bourse en perles, un coupon de soie noire, 10 à 12 mètres de guipure noire, une certaine quantité de valenciennes blanche, de la dentelle ordinaire, un paquet d’assignats, un nécessaire à ouvrage en acier doré, une glace carrée de 0,25 mètre environ de côté, un coupon de 1,50 mètre de velours noir, 18 nappes de linge fin, des mouchoirs marqués E. L., un paquet de rideaux blancs en mousseline fine avaient été emportés de chez Mme Leroy.

Les auteurs de ce vol étaient Jacob, Ferré et Ferrand.

Ferrand et Jacob ont passé, en ce qui les concerne, des aveux complets. La culpabilité des trois accusés est établie par la découverte en leur possession d’une grande partie des objets provenant de chez Mme Leroy. Sur les indications de Ferrand on retrouva au mont-de-piété du boulevard de Port-Royal, où elle avait été engagée par lui, la pendule signalée comme ayant été soustraite. Des chemises et des chandeliers saisis à Marseille chez la mère de la femme Ferré furent reconnus par la bonne de Mme Leroy comme ayant été volés chez sa maîtresse.

Il en fut de même pour des mouchoirs et des serviettes trouvés au domicile de Jacob rue de Leibnitz.

Les témoins sont absents dans cette affaire.

Ferré persiste à nier et Jacob avoue.