- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

Impartial ou … presque

[1]Pas  vraiment content le Jean-François. Septembre 2013, nous ne sommes pas à Nantes mais en plein pays de mangeurs de caillette dont on sait la finesse et l’excellence gustative. A Romans, comme dans tous les jolis petits villages de France et de Navarre, le  gens du cru se piquent souvent hélas de cette péniblement pointilleuse histoire locale qui met en avant le moulin qui a servi à faire le pain que mangea Louis XV un beau matin de mars 1732 à 12h32 précise, la colline cotée 157 où eurent lieu de terribles combats entre le 12 février 1915 à 12 heures et le 14 février de la même année à 8 heures … Lieux de petite mémoire mais aussi personnages de second ou de troisième ordre que l’on va forcément chercher à valoriser. Marcel Du Genou a été l’écuyer du seigneur qui guerroya avec le Comte de Toulouse pendant la croisade des Albigeois ; Marceline Du Genou – une des multiples descendantes de l’illustre inconnu précédemment cité – fut ouvrière dans les usines Renault  qui, en février 1915, ne fabriquaient toujours pas de tank à l’occasion des terribles combats de la côte 157. L’histoire locale tourne en boucle et la réaction courroucée de notre bon ami Jean-François se justifie après la lecture d’une chronique de la Société d’Etudes Historiques de Romans – Bourg de Péage parue dans le journal pas très à gauche L’Impartial un peu plus d’un mois plus tôt  sur Jeanne Humbert. Jeanne Humbert est native de Romans et Laurent Jacquot dresse un portrait qu’il est allé « innocemment » piocher dans la biographie de Roger-Henri Guerrand et Francis Ronsin. La pompe était trop belle pour qu’il n’y ait pas un énorme couac … et notre historien local se prend May Picqueray dans la face et les pieds dans le tapis. C’est ce que fait remarquer Jean-François qui n’est pas de Nantes et qui oublie de mentionner que ce n’est pas Arsène Lupin que Jeanne Humbert rencontre enfant alors qu’elle se trouve à Tours avec sa mère. La lupinose s’insinue partout, même dans les canards les plus impartiaux.

[2]L’IMPARTIAL

1er et 8 AOÛT 2013

www.limpartial.fr

CHRONIQUE DE LA SOCIÉTÉ D’ÉTUDES HISTORIQUES DE ROMANS-BOURG DE PÉAGE

Jeanne Humbert, le féminisme fut son combat

En complément aux conférences et visites proposées la semaine der­nière sur le thème « Femmes de Romans », voici la notice biographi­que de l’une d’entre elles, Jeanne Humbert.

Jeanne Humbert, est une de ces femmes remarquables qui a apporté, tout au long du XXe siècle, une contribution déterminante au mouvement anarchiste et à l’éman­cipation féminine.

Jeanne voit le jour le 24 janvier 1890 à Romans, au n° 6 côte Sainte- Ursule. Ses parents, Frédéric Rigaudin et Blanche-Marie Blanc, mariés en 1882, forment un couple mal assorti Les ascendants de sa mère appartiennent à la bourgeoi­sie locale, son grand-père maternel est meunier, et il installe les jeunes mariés à la tête d’une boulangerie. Blanche-Marie ne se satisfait pas de sa situation et quitte la boutique pour partir à Marseille. En 1889, elle revient enceinte et donne nais­sance à Jeanne que Frédéric ne considérera jamais comme sa fille.

La boulangerie est fermée, Frédéric entre alors dans une distillerie d’ab­sinthe et sombre rapidement dans les pièces de la « fée verte ». Jeanne dira n’avoir gardé de lui que l’image « d’un ivrogne somnolant dans un fauteuil ». Blanche-Marie commence alors à fréquenter la « maison du peuple » de Romans, au 6-8 rue du Mouton pour y écouter les orateurs anarchistes et socialistes de passage. C’est ainsi qu’elle rencontre Auguste Délalé, un ouvrier-cordon­nier, agitateur anarchiste et syndica­liste qu’elle suit à Tours en 1901. Elle emmène sa fille Jeanne et aban­donne ses deux autres enfants à son mari dont elle divorcera par la suite. Jeanne a toujours voulu croire qu’elle était la fille de Delalé et non d’un Rigaudin, « petit bourgeois alcoolique ».

A Tours. Jeanne accompagnant sa mère, fait la connaissance des gran­des figures de l’anarchie invitées par Delalé comme Jean Marestan, ami de Louise Michel ou le célè­bre cambrioleur Alexandre-Marius Jacob qui inspira à Maurice Leblanc le personnage d’Arsène Lupin. Jeanne suit alors des cours de sténo­graphie et de dactylographie En 1903, la tribu Delalé est contrainte à l’exil, ses activités anar­chistes ayant causé, à Tours, trop de scandales. Elle se réfugie à Paris où Marestan lui a trouvé un apparte­ment. Grâce à ses connaissances en sténographie et en dactylographie. Jeanne est embauchée dans l’une des premières maisons vendant des appareils de projections de films. Elle devient la marraine laïque du fils de l’un des amis de ses « pa­rents », un enfant qui deviendra le cinéaste Jean Vigo.

L’année 1909 marque un tournant majeur dans la vie privée et de mili­tante anarchiste : sa rencontre avec Eugène Humbert est déterminante pour son action future en faveur de la libre maternité et de l’émancipa­tion féminine. En 1908, Eugène avait lancé le journal néo-malthusien, « Génération consciente ». Jeanne en devient une active colla­boratrice. Mais la propagande néo­malthusienne se heurte à la répression, et Eugène effectue plu­sieurs séjours en prison. Lorsque la guerre éclate en 1914, il se réfugie à Barcelone. Jeanne l’y rejoint Après leur retour en France en 1919, Eugène est arrêté et condamné à 5 ans de prison.

Le 5 novembre 1921, en vertu des nouvelles lois, votées l’année précé­dentes, pour réprimer la propa­gande antinataliste, Jeanne et Eugène sont condamnés chacun à deux ans de prison et à 3.000 francs d’amende. Incarcérée à la prison de St-Lazare, Jeanne est libérée le 30 juillet 1922, Eugène ne le sera qu’en février 1924. Ils se marient à ce moment-là et poursuivent alors leurs actions pour la libre maternité mais aussi dans le mouvement natu­riste, dont Jeanne s’inspire pour écrire en 1928, le roman « En pleine vie ».

En 1932, elle adhère à la « Ligue Internationale des Combattants de la Paix ». Deux ans plus tard, elle est à nouveau condamnée à trois mois de prison pour propagande néo-malthusienne, mais elle est graciée, suite à la mobilisation d’amis écri­vains et intellectuels. L’acharne­ment judiciaire et la guerre lui enlèvent Eugène qui meurt en 1944.

Elle n’en poursuit pas moins, après la Libération, son militantisme pour la libre maternité, se heurtant à la fois aux préceptes de l’Eglise catho­lique et à la politique du parti com­muniste ainsi résumée : « contre le néo-malthusianisme réactionnaire, nous luttons pour le droit à la ma­ternité ».

Jeanne Humbert se fixe à Paris en 1958 et gagne sa vie comme correc­trice, suivant de manière critique la création du « Mouvement pour le planning familial » en 1956 et l’éla­boration de la loi Newirth en 1967. Dans les années 1970, à plus de 80 ans, elle est aux côtés de milliers de jeunes antimilitaristes à la fête de « l’ennemi intérieur » de Morlaix, en 1974 ; sur le Larzac pour résister au projet d’extension du camp mili­taire en 1973, ou participe à la grande marche antinucléaire de Creys-Malville en 1977 : elle est à chaque manif, chaque meeting, son paquet de la revue libertaire « Le Réfractaire » sous le bras.

Jeanne Humbert est l’auteur de plu­sieurs biographies, dont celle d’Eugène Humbert (1947), et de son filleul laïque, Jean Vigo. Jeanne Humbert disparait le 1er août 1986 à Paris. Cinq ans auparavant, le réali­sateur Bernard Baissai lui avait consacré un film au terme de son parcours idéologique : « Ecoutez Jeanne Humbert ».

Laurent Jacquot

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[3]L’Impartial

19 septembre 2013

Courrier des lecteurs

Attention à la rigueur !

Même s’il est acquis que l’histoire n’est pas une science exacte, il convient d’éviter le plus possible les erreurs, de vérifier plutôt deux fois qu’une ce que l’on affirme, écrit, publie, quand on se dit historien, à fortiori quand on est professeur d’histoire.

Dans son article, « Jeanne Humbert, le féminisme fut son combat », publié dans L’Impartial des 1er et 8 août dernier, Laurent Jacquot recopie de longs passages de Roger-Henri Guerrand et Francis Ronsin qu »il oublie de citer. « Jeanne Humbert et la lutte pour le contrôle des naissances », Spartacus, Paris, 2001.

A ce niveau d’emprunt et quand la source n’est pas citée, on peut parler de plagiat.

Plus grave peut-être, l’avant-dernier paragraphe lui aussi recopié dans ce même livre, évoque non plus Jeanne Humbert, mais sa copine May Picqueray. Le professeur d’histoire a oublié de vérifier de qui il parlait.

Ça fait beaucoup d’oublis et ce comportement pour le moins désinvolte nous incite à relire avec circonspection tous les articles précédents  et à venir.

Jean-François Amary