- Alexandre Jacob, l’honnête cambrioleur - http://www.atelierdecreationlibertaire.com/alexandre-jacob -

La bande pas que pour les mioches

Tomalu a cédé sa place à Fred [1] qui prouve de la sorte qu’elle manie aussi bien la plume pleine d’encre que celle pleine de peinture à la huile [1]. Tomalu [2]déteste les livres qu’il nous présente ;  Fredalu c’est le contraire et a de toute évidence bien aimé La bande à Bonnot contre les Brigades du Tigre. Un ouvrage à glisser sous le sapin … ou ailleurs, parce qu’il est fortement recommandé aussi pour ceux qui ne portent plus de culotte courte et parce que c’est pas encore Noël.

[3]La Bande à Bonnot contre les Brigades du Tigre

Lambert, Descornes, Truong

Oskar jeunesse, 2006

45 p, 7€95

Roman jeunesse

Casimir Terrisse a treize ans lorsqu’il assiste à l’arrestation de Jules Bonnot, l’ennemi public n°1. On est en 1912. Le garçon est à quelques dizaines de mètres de la baraque où s’est réfugié le bandit, perché sur les branches d’un arbre ! C’est un formidable poste d’observation, mais pas seulement. Casimir n’est pas seul : il se retrouve entre deux journalistes qui couvrent l’évènement : Jean Delacourt et Gaston Forge. Si le premier représente la pensée commune qui espère voir « ce voleur, cet assassin » s’agiter au bout d’une corde, le deuxième permet de retracer l’histoire de Jules Bonnot, de l’humaniser et de rappeler un principe fondamental que même le plus scélérat a droit à un procès. Emporté par cet argumentaire contradictoire, Casimir va se forger sa propre opinion sur l’homme. Ce que ne manquera pas de faire également le lecteur même si on se doute que son cœur penchera très rapidement pour celui qui est traqué par les Brigades du Tigre. Le verdict tombe en même temps que le corps criblé de balles de Jules Bonnot et les policiers offriront un beau spectacle aux curieux venus assister à la curée.

Vous vous souvenez de ce que dit Victor Hugo de Claude Gueux dans le roman du même nom? « Claude gueux, honnête ouvrier naguère, voleur désormais, était une figure digne et grave. Il avait le front haut, déjà ridé quoique jeune encore (…) C’était une belle tête. On va voir ce que la société en a fait. » La société est coupable de produire ses propres monstres quand elle néglige le peuple et l’oublie dans sa misère. C’est la conclusion du journaliste Gaston Forge à la fin de son article sur la mort de Bonnot : « Tant que notre société refusera à certains le droit de mener une existence décente des hommes comme Bonnot surgiront et voudront prendre de force cette vie qu’on leur a volée. Et ces nouveaux « bandits tragiques » seront nos propres enfants, peut-être. »

Cette expérience aura fait naître une vocation chez Casimir : devenir journaliste…un journaliste comme Gaston Forge qui s’interdit de se faire le porte-parole des préjugés et des idées préconçues sur le bien et le mal, le juste et l’injuste. Tiens! un journaliste comme on les aimerait plus nombreux : critique, incisif et intègre.

Un roman pour les petits, oui, mais aussi pour les grands.

Frédérique Creusot Bouther

02 octobre 2011